Petits secrets de fleurs... [MAJ du 06 Avril]

Démarré par Roland RIPOLL, 29 Juin 2022, 10:27:14

« précédent - suivant »

0 Membres et 1 Invité sur ce sujet

gjacobs

Excellent ; tout particulièrement la graine en tire-bouchon de l'erodium!

Gauthier

tomsawyer


Baussant

Bjr,
Stupéfiant, bluffant  les particularités de certaines plantes  :shock:
))))
L' émotion nait de l' attente

Nanou2

J 'y gagne dit le renard,  à cause de la couleur des blés

Roland RIPOLL

Avec beaucoup, beaucoup de retard, merci !

Crépis de Nîmes: l'étonnante adaptation d'une fleur sauvage en milieu urbain...

Le Crépis de Nîmes (Crepis sancta) est une fleur qui a la particularité de produire deux sortes de graines: une majorité de graines plumeuses, légères, qui sont dispersées par le vent et d'autres graines sans aigrette, plus grosses, plus tourdes qui tombent à son pied.

Graine avec pappus


Graine lourde


Mais on observe que, chaque année, les crépis de Nîmes qui fleurissent en ville produisent de plus en plus de graines lourdes, plus aptes à germer dans un milieu urbain. Comme si la plante avait compris que le seul endroit pour sécuriser sa descendance, l'endroit le plus sûr, c'est à ses pieds.



En produisant ainsi davantage de grosses graines, elle a donc privilégié la proximité plutôt que la dissémination. Bel exemple d'adaptation  d'une plante aux modifications de son environnement pour assurer sa survie...



"être simple pour être vrai"

jojo59

Bonsoir Roland,

Très instructif ! comme quoi, dame nature est parfaite !

Belle soirée
José

Baussant

Hé oui même les plantes s'adaptent à leur milieu pour survivre, bluffant !
L' émotion nait de l' attente

gjacobs

Intéressant! J'ai vu un documentaire où on montrait que l'évolution d'une espèce pouvait être beaucoup plus rapide qu'on le pensait.

Gauthier

den7


Roland RIPOLL

#59
Merci !

Le cyclamen De Naples et la fourmi... gagnant-gagnante

Pour disperser ses graines, le cyclamen de Naples a une stratégie bien particulière: la myrmécochorie (myrmeco = fourmi et chorie =se mouvoir).



Ses graines sont en effet disséminées par les fourmis, très friandes du mucilage sucré qui les entoure. C'est ce qu'on appelle l'élaïosome (excroissance charnue riche en substances nutritives) qui sert de récompense à certaines fourmis dans un bel exemple de mutualisme: transport contre "friandise". La plante et la fourmi se sont donc adaptées parallèlement pour tirer au mieux profit l'une de l'autre.



Les fourmis transportent donc les graines  jusqu'à l'entrée de la fourmilière.  Mais l'élaïosome est parfois  difficilement détachable par une seule ouvrière qui la rapporte donc au nid. La graine (que les fourmis ne consomment pas) sera alors rejetée du nid une fois l'élaïosome détaché par plusieurs fourmis. Elle pourra ainsi germer loin du pied-mère.





Mais auparavant, il s'est produit un phénomène assez surprenant: après la fécondation de la fleur par les butineurs, il se forme un fruit porté, dans un premier temps, au sommet d'un long pédoncule. Mais ce pédoncule va, petit à petit, s'enrouler sur lui-même comme un tire-bouchon et finir par toucher le sol. Le fruit désormais mûr s'ouvre et peut offrir les graines aux fourmis...





D'autres plantes, comme la violette sauvage, le perce-neige,  la chélidoine, l'ajonc nain, l'euphorbe épurge utilisent la même stratégie de dissémination.
"être simple pour être vrai"

jojo59

Bonsoir Roland !

Extra et drôle à la fois, comme quoi, pas besoin de jardinier pour cette belle fleur  :grin:

Belle soirée
José

fouchois

L'explication est passionnante, et l'illustration très belle. Tu peux continuer ;)

Gilles

gjacobs


Roland RIPOLL

Merci !

Le cornouiller sanguin, Le Laurier-tin: plus de fleurs que de fruits...

On observe chez le Cornouiller sanguin (Cornus sanguinea), mais également chez d'autres plantes et arbustes comme le Laurier-tin, qu'il y a toujours un grand décalage entre la profusion de fleurs et le peu de fruits qui arrivent à maturité. La plante semble donc produire plus de fleurs que nécessaire... Quel intérêt et pourquoi donc ?

Laurier-tin




Vers la mi-août, après la floraison et après la fécondation, des petits fruits ronds et charnus apparaissent. De couleur verte, ils deviennent peu à peu d'un beau noir bleuté. Ces fruits, qui persistent parfois jusqu'en hiver, font le régal des petits passereaux. Mais si on regarde de près, on s'aperçoit qu'il y a toujours peu de fruits par rapport au nombre de fleurs qu'il y avait au départ.

Cornouiller sanguin




Laurier-tin




Une étude menée pendant 5 ans en Espagne sur le Cornouiller sanguin a confirmé ce fait. Elle a montré que la production de fruits reste toujours inférieure de 25% par rapport au nombre initial de fleurs. En moyenne, si une inflorescence porte 50 fleurs elle  ne produit au final que 10 fruits. Soit près de 80% de fleurs qui ne servent à rien. Mais sont-elles vraiment inutiles ?

Cornouiller sanguin




L'hypothèse avancée par les chercheurs est celle de la "réserve d'ovaires". La plante produirait toujours beaucoup plus de fleurs que nécessaire avant la fécondation, prévoyant le cas où elle subirait des dommages (dus aux insectes ou à la météo). Sur le grand nombre de fleurs, et quelque soient les dégâts, il en resterait toujours assez  pour assurer la fructification.



Après la fécondation par les insectes, la plante, économisant ses dépenses énergétiques, ne transformerait  alors  qu'une petite partie des fleurs en fruits,  suffisant à la perpétuation de l'espèce...
"être simple pour être vrai"

den7

La nature est très bien organisée, je découvre ces explications  uy8

Jolie suite.

gjacobs

En plus il se disperse par les racines, je pense.

Gauthier

Roland RIPOLL

Merci !

Citation de: gjacobs le 07 Février 2024, 11:01:57
En plus il se disperse par les racines, je pense.

Oui Gauthier. Il  se propage également par drageons (stolon souterrain) et, donc, division des nouveaux plants.
"être simple pour être vrai"

jojo59

Bonjour Roland,

Et bien dis-donc ! c'est clair et net comme explication ! un vrai régal à lire et à regarder évidemment !

Belle journée
José

Roland RIPOLL

Merci !

Déminage végétal ?

Des chercheurs américains ont intégré dans le génome de l'Arabette des dames (Arabidopsis thaliana) un gène qui change la pigmentation des feuilles. Celles-ci passant du vert au rouge-violet mais uniquement et seulement en présence de dioxyde d'azote, un gaz dégagé par les mines sous terre. Les plantes changent donc de couleur lorsqu'elles se trouvent en présent ou à proximité des explosifs.





Grâce à des canons particuliers projetant les graines de cette plante, il est possible d'ensemencer un terrain, suspecté d'être un champ de mines et de pouvoir détecter, grâce à la couleur des plantes, s'il y a ou non des engins explosifs. Le temps plutôt court de germination de la plante, la grande quantité de graines semées et l'importante superficie de terrain traité sont prometteurs. Surtout quand on sait que, à l'heure actuelle et avec les moyens dont on dispose, on ne peut traiter que 2 m2 par jour et par personne...

"Le Pouvoir des plantes" Valentin Hammoudi


"être simple pour être vrai"

jojo59

Bonjour Roland,

Impensable le pouvoir des fleurs ! c'est fabuleux et impensable à la fois ! merci de toutes ces explications très instructives.

Belle journée
José

den7

C'est assez incroyable, merci pour ces explications.

jbfft

Salut Roland

Surprenant et passionnant!

Jacques

gjacobs


Nanou2

Commentaires toujours intéressants ! coté photo j'aime beaucoup le cyclamen.
J 'y gagne dit le renard,  à cause de la couleur des blés

Roland RIPOLL

C'est un merci tardif à vous tous mais sincère !

L'Orobanche du lierre, voleuse de sève...

Les Orobanches se caractérisent toutes par l'absence totale de chlorophylle, ce qui les rend obligatoirement dépendantes d'une hôte qu'elles parasitent au niveau de ses racines afin d'assurer leur alimentation en eau et en matières carbonées. On les appelle des plantes "holoparasites" (du grec "holo" pour entièrement).

Pour prélever la nourriture chez la plante hôte, toutes les plantes parasites possèdent un organe spécifique qu'on appelle l'haustorium (du latin haustos "puiser"). Cet organe permet d'abord la fixation puis la pénétration et ensuite l'invasion de l'hôte vers son système vasculaire où circulent les sèves.



L'Orobanche du lierre ne fait pas exception à la règle. Ses graines sont très petites et ne disposent donc que de très peu de réserves. Si la graine commence à germer, elle doit très vite trouver un hôte à parasiter. Comment fait-elle ? La graine a en fait la particularité de pouvoir détecter les substances chimiques émises par les racines de la plante hôte et de réagir à leur présence.



Cette réaction se manifeste par l'allongement de la radicule (première racine élaborée par l'embryon au début de la germination). Mais cet allongement est infime (pas plus de 5 mm) d'où la nécessité de savoir à coup sûr qu'une racine hôte est très proche.



Dès que le contact est établi entre les deux racines, la radicule se transforme en haustorium (des cellules sécrètent alors des sucres collants qui facilitent l'adhésion). L'haustorium développe peu à peu des cellules intrusives qui envahissent l'intérieur de la racine hôte et  sécrète des enzymes pour dissoudre les cellules du lierre. Les cellules de l'Orobanche s'insinuent donc en force jusqu'à atteindre les vaisseaux conducteurs de sèves...



D'après mes observations (qui n'ont rien de scientifiques) le lierre n'a pas l'air de souffrir de ce parasitisme assez violent...
"être simple pour être vrai"