Concours montier 2012 !

Démarré par Julie P., 20 Mai 2012, 17:30:15

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0 Membres et 3 Invités sur ce sujet

DavidG

Attention à mes propos : que des catégories spéciales "Ceux qui en chient" existent, tant mieux, les photographes "qui en chient" le méritent amplement et cela fait l'originalité de certains concours. Donc tant mieux !
Mais vouloir en faire la norme de la photo de nature, ce serait complètement aberrant et en dehors de toute réalité.

David
"In Wildness is the Preservation of the World"
Henry D. Thoreau


Rémi

CitationMontier est au même niveau que GDT :

Montier : 11.100 photos, 1216 photographes, 24 nationalités
GDT : 12.500 photos, 900 photographes, 27 nationalités

mais loin derrière Veolia Wildlife Photographer of the Year : 48.000 photos, 98 nationalités

Quelqu'un connaît il les chiffres concernant d'autres concours internationaux de photo nature ?

Jérôme


Oui, mais les chiffres ne veulent pas dire grand chose ici car tout dépend de qui participe. Il y a forcément moins de participants pour un concours
où il faut payer pour participer (comme le GDT ou Asferico) que pour un coucours gratuit (je ne dis pas que c'est mieux de payer, bien au contraire...).
Le nombre n'est pas forcément un gage de qualité. Ceci dit, inutile de se battre. Montier fait incontestablement partie des grands concours photos internationaux
et les photos primées se doivent d'être exceptionnelles. Sur ce point, vous étiez à peu près tous d'accord que la sélection était réussie. Mais pour vous quelle photo
mériterait le plus de gagner selon vos critères ? (pour une fois, au lieu de critiquer, prenez le risque de défendre votre coup de coeur, comme si faisiez partie de ce jury,
lui aussi si souvent critiqué).
Ps : c'est mon dernier essai pour vous faire répondre à cette question qui m'intéresse, après je jette l'éponge  :)
La magie des eaux douces
http://www.remimasson.com

bouguy

  :idea: Le concours de Montier est simplement la cerise sur le gâteau que se partage tous les amoureux de la Nature au travers des rencontres et expositions, entre amateurs et professionnels. L'Humanité naturaliste ne doit pas être négligée.
Le moment solennel des récompenses du concours est bien sûr le point d'orgue où tous les participants ont les yeux qui brillent de plaisir ..ou d'envie..la bouche pleine de critiques ( positives ou négatives ).. ou de petits fours !  :grin:
Amicales salutations naturalistes, Guy.

kramer

Citation de: ojeff le 26 Septembre 2012, 11:20:27
Montier est au même niveau que GDT :

Montier : 11.100 photos, 1216 photographes, 24 nationalités
GDT : 12.500 photos, 900 photographes, 27 nationalités

mais loin derrière Veolia Wildlife Photographer of the Year : 48.000 photos, 98 nationalités

Quelqu'un connaît il les chiffres concernant d'autres concours internationaux de photo nature ?

Jérôme



Depuis cette année, il y a aussi le concours international HBW (espagnol?), spécifique aux oiseaux.
12.000 photos soumises par 3.600 photographes de 128 pays.

http://ibc.lynxeds.com/news/hbw-world-bird-photo-contest-winners-announced
Hulot président!

bouguy

#204
Citation de: kramer le 26 Septembre 2012, 16:55:48
Citation de: ojeff le 26 Septembre 2012, 11:20:27
Montier est au même niveau que GDT :

Montier : 11.100 photos, 1216 photographes, 24 nationalités
GDT : 12.500 photos, 900 photographes, 27 nationalités

mais loin derrière Veolia Wildlife Photographer of the Year : 48.000 photos, 98 nationalités

Quelqu'un connaît il les chiffres concernant d'autres concours internationaux de photo nature ?

Jérôme



Depuis cette année, il y a aussi le concours international HBW (espagnol?), spécifique aux oiseaux.
12.000 photos soumises par 3.600 photographes de 128 pays.

http://ibc.lynxeds.com/news/hbw-world-bird-photo-contest-winners-announced

Des photos sublimes ! Merci . ))))
Amicales salutations naturalistes, Guy.

PeaceOnBNL

bon, j'arreterai après puisque cela tourne encore une fois à la bagarre, mais Alpesphoto, je ne bave pas devant Montier... rassures toi, j'ai bien d'autres prio dans la vie... la photo est un hobby qui est le résultat d'une sortie sur le terrain, pas un but en soi avec une envie de palmarès...




au fait, et pourquoi ne pas passer par un vote en ligne ?  ainsi on voit la réaction du public  :mrgreen:

PeaceOnBNL

et puis un up pour nous les Belges .... vous oubliez Namur et Libramont qui monte monte monte...  na   et je parie que Namur prendra le dessus sur Montier un de ces jours au niveau visiteurs...

Cedric Jacquet

#207
Inutile de se crêper le chignon les gars !

Les bagarres belge / français n'ont pas lieu d'être : Montier = 40.000 festivaliers (payants) en 4 jours qui se déplacent pour ça, le plus grand festival d'Europe à ma connaissance (je ne parle pas du concours) ; Namur = plus ou moins 40.000 visiteurs (?) en 10 jours, mais une partie sont des personnes allant au cinéma qui passent par les couloirs dans lesquels sont exposés les photos, et qui ne sont là que pour le ciné. Pas vraiment comparable !

Bon, j'avais dit que je n'interviendrais plus - mais quand même une petite dernière ...

Dire "on se fout de comment elle a été faite, tant que la photo est belle" (je caricature ... partiellement !) est une erreur. Malheureusement, l'éthique revêt une importance de plus en plus grande, car les dérives de certains pour obtenir 'la' photo peuvent entraîner un impact substantiel quand un nombre important d'autres photographes veulent faire la même photo. Inutile de rappeler l'impact de notre profession/passion sur les harfangs. Mais aussi, quand un des plus grands noms de la photographie nature électrocute 300kg de poissons juste avant le nourrissage "parce que comme ça, ce ne sont pas des appâts vivants, et je peux envoyer mes photos aux concours" (réel !), il y a clairement de l'abus ... et je peux citer beaucoup d'autres exemples, même pires ... --> c'est impossible de tout prévoir dans les règles d'un concours.

Sur des cas aussi extrêmes, je crois que (presque) tous estiment que le jury doit dans sa sélection tenir compte de certains aspects éthiques - même s'ils sont hors règlement. On ne peut pas dire "on se moque du contexte, c'est la photo qui compte".

Il est clair que la photo du macaque ne fait pas partie de ces cas extrêmes. Mais plutôt que de parler systématiquement de cette photo, parlons plus largement des photos faites dans des hot spots, ou en affûts payants, ... . Faut-il les interdire ? Non ! Mais pour moi, il ne faut pas les primer dans un concours, à moins qu'il y ait une catégorie "zoos, affûts loués et assimilés". Quand des photographes envoient des photos originales, belles, émouvantes, ... - elles méritent d'être primées. C'est alors une récompense non pas pour l'effort, mais pour une combinaison d'originalité, de créativité, de connaissance du terrain et de l'espèce, de la lumière, de la chance (il en faut aussi), ... Mais quand un photographe 'pressé' loue un affût, il fait des photos très semblables à tous les autres ayant été dans cet affût. Pour moi, elles ne sont pas 'primables' - même si elles sont très belles - car il manque des éléments essentiels : la créativité et l'originalité. Il en va de même avec les 'hot spots' : cela n'a rien à voir avec la sueur, l'effort dont certains parlent - mais bien avec l'originalité, la créativité - et le fait qu'il s'agisse d'endroits plus apparenté à des zoos à ciel ouvert qu'à des lieux 'naturels'. De très belles photos sont réalisés dans ce genre d'endroits - tout comme dans des zoos d'ailleurs - mais il manque des éléments essentiels pour en faire des photos primées à mon avis.

Certains d'entre vous ne seront pas d'accord avec moi, en disant que des hot spots = OK, zoo = pas OK. Et pourtant la différence est souvent très, très fine. Les animaux sont quasiment toujours soit nourris, soit sont inféodés au hot spot - et dans tous les cas, ils sont imprégnés par l'homme.

Tirer une ligne rouge entre ce qui est admissible et ce qui ne l'est pas n'est pas facile. Je suis certain que la majorité sera d'accord pour dire que les photos issues d'affûts que l'on peut louer à l'heure via le web ne devraient pas être primées (pour ceux qui ne connaissent pas : un appareil photo avec une webcam oculaire, est pointé vers un spot (nourrissage, bain, ...). Le "photographe" loue l'appareil pour une heure donnée, et peut dès lors voir ce qui se passe devant l'objectif en temps réel à partir de son ordi où qu'il soit dans le monde. Reste à cliquer à l'aide de sa souris quand il se passe quelque chose devant l'appareil --> la photo est envoyée via le web ...). Clairement hors concours. Mais pour moi, des photos prises dans ces conditions sont assimilables à certains affûts payants.

A nouveau, tout est une question de sensibilité des différents membres du jury. Et ce qui sera 'rejeté' une année, peut très bien passer une autre.

Bon, sur ce, je vous souhaite une excellente soirée !

alpesphoto

merci Cédric ....

... encore une fois d'accord avec toi.

(n'empêche qu'il va falloir que je songe à installer un reflex avec un UGA, des bons filtres et le brancher sur internet depuis le sommet au dessus de chez moi ^^ ... je le loue à l'heure pour ceux qui veulent attendre que la bonne lumière arrive !!  :mrgreen: )

Sérieusement ... z'êtes un peu fous quand même les photographes animaliers pour imaginer des arnaques pareils ^^
qu'importe le lieu pourvu que la lumière soit ...

mes sites :
http://www.alpesphoto.com
ma page photo Facebook

jp60

Je suis d'accord sur le principe avec toi Cédric, mais concrètement, je ne vois pas trop comment vraiment exclure ce type de photos si le photographe n'est pas honnête en ne disant pas les conditions réelles de prise de vue. Géolocalisation obligatoire dans les données de l'appareil? Mais je ne suis pas sûr que ce soient des données non modifiables par un tricheur éventuel.

Je suis partisan de laisser au membres du jury le choix final en espérant qu'ils aient parmi eux des gens suffisamment au courant des pratiques...

Jean-Pierre

Cedric Jacquet

#210
Bonjour Jean-Pierre,

Citation de: jp60 le 26 Septembre 2012, 21:50:32
Je suis d'accord sur le principe avec toi Cédric, mais concrètement, je ne vois pas trop comment vraiment exclure ce type de photos si le photographe n'est pas honnête en ne disant pas les conditions réelles de prise de vue. Géolocalisation obligatoire dans les données de l'appareil? Mais je ne suis pas sûr que ce soient des données non modifiables par un tricheur éventuel.

La géolocalisation obligatoire serait à la fois pas réalisable (très peu d'appareils pourvus), et non souhaitable (peu de photographes accepteraient de dévoiler 'leurs' endroits).

Citation de: jp60 le 26 Septembre 2012, 21:50:32
Je suis partisan de laisser au membres du jury le choix final en espérant qu'ils aient parmi eux des gens suffisamment au courant des pratiques...

C'était le sens de mes interventions : il est difficile de tout réglementer, et il est impossible de connaître tous les 'trucs'/affûts loués/hot spots/...

La composition d'un jury peut contribuer à un certain équilibre - mais comme le faisait remarquer un autre intervenant, la photo nature est tellement vaste qu'il est impossible de tout couvrir (paysage / sous-marin / macro / Asie/Afrique/Europe/AmSud/...).

Enfin, le choix final d'un jury - y compris en matière d'éthique - ne sera toujours qu'un compromis entre les avis des jurés. Je suis convaincu que certains membres du jury de cette année connaissent les conditions de prise de vue du macaque du Japon - mais ils ont décidé de 'laisser passer'. C'est leur choix, et nous n'avons pas à le critiquer. Cela peut déranger certains - mais de la même façon, certains autres auraient été choqués si ils l'avaient éliminé !

jp60

Citation de: Cedric Jacquet le 26 Septembre 2012, 22:24:36
Bonjour Jean-Pierre,

Citation de: jp60 le 26 Septembre 2012, 21:50:32
Je suis d'accord sur le principe avec toi Cédric, mais concrètement, je ne vois pas trop comment vraiment exclure ce type de photos si le photographe n'est pas honnête en ne disant pas les conditions réelles de prise de vue. Géolocalisation obligatoire dans les données de l'appareil? Mais je ne suis pas sûr que ce soient des données non modifiables par un tricheur éventuel.

La géolocalisation obligatoire serait à la fois pas réalisable (très peu d'appareils pourvus), et non souhaitable (peu de photographes accepteraient de dévoiler 'leurs' endroits).

Citation de: jp60 le 26 Septembre 2012, 21:50:32
Je suis partisan de laisser au membres du jury le choix final en espérant qu'ils aient parmi eux des gens suffisamment au courant des pratiques...

C'était le sens de mes interventions : il est difficile de tout réglementer, et il est impossible de connaître tous les 'trucs'/affûts loués/hot spots/...

La composition d'un jury peut contribuer à un certain équilibre - mais comme le faisait remarquer un autre intervenant, la photo nature est tellement vaste qu'il est impossible de tout couvrir (paysage / sous-marin / macro / Asie/Afrique/Europe/AmSud/...). Enfin, le choix final d'un jury - y compris en matière d'éthique - ne sera toujours qu'un compromis entre les avis des jurés.

On est d'accord!  :grin:

Jean-Pierre

svt

Bonsoir,

Je partage l'avis de Cédric Jacquet. Les conditions dans lesquelles une image est réalisée sont importantes à connaître (voir l'affaire du loup du BBC 2009)) : http://www.beneluxnaturephoto.net/forumf/index.php/topic,96609.0.html

Dans le règlement de Montier 2012 (http://www.festiphoto-montier.org/concours_2012_F.pdf), les organisateurs écrivent dans l'article 3 : « Les données Exif et les champs IPTC  (auteur, titre, légende, lieu...) devront préciser les conditions de prise de vue.
Dans le fichier FAQ du concours (http://www.festiphoto-montier.org/portail12/concours-jeunes/archives/faq.pdf), des précisions sont données comme celle-ci : « Les données IPTC (à l'exception du nom du photographe) pourront être portées à la connaissance du jury pour information. Il est donc très important d'informer le jury sur les conditions de prise de vue, le lieu, l'espèce, la technique utilisée et de justifier de l'éthique photographique en toute transparence et honnêteté. »

Toujours dans les FAQ du règlement du concours, on peut lire :
Que se passe-t-il si les données IPTC ne sont pas présentes ?
Les données IPTC est le seul moyen dont le jury dispose pour apprécier la photographie dans son contexte. Ne pas renseigner les champs IPTC peut vous pénaliser si le jury émet le souhait d'avoir un complément d'information pour comprendre les conditions de la prise de vue.

J'ai menti avec les données IPTC, que se passe-t-il ?
La photographie animalière et de nature impose de la rigueur et de la franchise. Toute photographie ne répondant pas à l'engagement moral fixé par le règlement sera disqualifiée et le photographe risque de voir l'information portée auprès du public.

Les photographes lauréats dont les images apparaissent sur le site du concours ont-ils complété ces IPTC ?
Pour le savoir, il faut pouvoir télécharger les images. J'ai été très surpris de constater que l'on pouvait accéder à ces informations en quelques clics.
Pour le nom des photographes, il suffit de comparer la liste des lauréats publiés sur la page 2 de ce fil par DavidG avec les images du site du concours. C'est le même ordre alphabétique, en faisant attention aux séries du même photographe.
Pour les EXIFS et IPTC, il faut pouvoir accéder aux images jpg qui sont chargées dans la page. Des navigateurs tel que Safari sur Mac fournissent directement cette information.

Pour ce site, il suffit de saisir l'adresse :
http://www.festiphoto-montier.org/concours/2012/001.jpg (de 001.jpg à 106.jpg). Pareil pour 2011 en changeant l'année dans l'adresse, ....

Quand on charge les images sur son disque dur, on voit que les EXIFS et les IPTC sont visibles. C'est surprenant!!!

Sur la très grande majorité des images, le nom du photographe est noté. C'est pourquoi je m'étais étonné que ce nom ne soit pas directement à côté de l'image comme dans le concours Jeunes.
Par contre on voit que très peu de photographes indiquent les conditions de prise de vue.
Il est sûr que pour certaines images, ces précisions ne sont pas importantes.
Mais comme on ne voit nulle part dans quelle catégorie sont primées ces images, c'est bien de lire dans les images de la Saltique et des 3 insectes en vol : « Photo faite selon la méthode de Stephen Dalton en studio de prise de vue. » Je pense qu'elles appartiennent à la catégorie : Vision numérique puisque les insectes sont captifs, sauf erreur de ma part.

J'ai noté également une « petite anomalie ». L'image 066.jpg d'une sauterelle verte a été faite avec un Nikon D70S. Ce boîtier a un capteur de 6M de pixels, or le règlement du concours exige un minimum de 8M de pixels !!!

Finalement il suffit que les photographes respectent le règlement...

Jean-François

Didier-V

#213
Pas trop d'accord avec toi Cédric, même si je suis d'accord sur le fond pour préférer les photos « faites en vrai ». C'est un peu comme si tu disais qu'un paysage ne doit pas être photographié à partir d'un point de vue touristique (et alors, aux USA, en certains endroits on peut oublier la photo de paysage).

D'une part, il vaut mieux compter sur l'expertise et la lassitude du public, qui comme toi peuvent reconnaître certaines photos. C'est ce qui s'est passé en paysage, où il est devenu difficile de gagner un concours avec une photo prise d'un spot connu.

D'autre part, les photographes pros ou experts ont toujours mis en œuvre des moyens que n'imaginaient pas les photographes amateurs (aujourd'hui, l'ingéniosité consiste à faire une photo au nid ou avec appât sans qu'on le devine).

Ceux qui ont une démarche naturaliste et font autrement sont connus, de par cette démarche, justement. Il serait alors plus intéressant de faire une catégorie spéciale, genre « grand prix de la photo naturaliste », et d'en profiter pour expliquer au public la différence, et alors récompenser bien plus le photographe que la photo.

Enfin, ces distinctions s'appliquent aux animaux et encore à certains, car il est moins évident de valoriser la démarche naturaliste pour une plante ou un collembole  :mrgreen:.

Sans même parler du fait que des photos diverses, y compris en zoo ou en labo, ne peuvent que renouveler l'approche de la photo nature (même s'il faut se méfier des effets de mode et de la tendance à la facilité).

Pour finir, je ne voudrais pas que le côté puriste domine (surtout que les règles sont définies par qui ?) !
Didier Vereeck, auteur photographe et écrivain - Photo nature : l'âme de la terre. Nouveau site : FLEURS DU SUD

alpesphoto

#214
Citation de: Didier-V le 28 Septembre 2012, 09:57:58
Pas trop d'accord avec toi Cédric, même si je suis d'accord sur le fond pour préférer les photos « faites en vrai ». C'est un peu comme si tu disais qu'un paysage ne doit pas être photographié à partir d'un point de vue touristique (et alors, aux USA, en certains endroits on peut oublier la photo de paysage).

Sauf que tu confonds 2 choses difficilement comparables tellement l'approche est différente : photographie de paysage et photographie animalière. Prendre des photos dans un zoo (et la vendre comme une photo de nature) n'a rien à voir avec le fait de prendre une photo de paysage depuis un point de vue connu et aménagé. La seule vision du paysage sans infrastructure suffit à montrer que c'est de la vraie nature, même si la vue "derrière" montre une route pour y accéder. Pour moi, les animaux en parc ou zoo, ce serait comme si tu shootais une reproduction de canyon à Las Vegas et que tu nous le vendrais comme un vrai canyon naturel en pleine nature ... ou comme ajouter une fausse lumière pour faire croire à un superbe coucher de soleil. Non ... la vraie nature va se chercher en pleine nature ... les vraies lumières en paysage vont se chercher en pleine nature ...

Après que ce soit un chevreuil shooté depuis la voiture ou un méandre magnifique shooté depuis un point de vue avec barrière, on s'en fout. Tant que c'est en pleine nature ... tant que l'animal n'est pas sub-apprivoisé, tant que les lumières sont naturelles, tant que le paysage n'a pas été modifié pour faire plus vrai ...  et c'est à mon avis, ce que dit Cédric.

Parce que si on interdit les points de vue facilement accessibles, alors on interdit les photos aériennes ... c'est beaucoup trop facile ;)

Citation de: Didier-V le 28 Septembre 2012, 09:57:58
D'une part, il vaut mieux compter sur l'expertise et la lassitude du public, qui comme toi peuvent reconnaître certaines photos. C'est ce qui s'est passé en paysage, où il est devenu difficile de gagner un concours avec une photo prise d'un spot connu.

Bof ... il y a toujours autant de photos d'Islande primées dans les concours photo (5 sur les 10 finalistes du GDT, 2 des 7 au Veolia Wildlife, etc ...) ... prises souvent au Landmanalaugar ou à Vik ... il y a toujours autant d'aurores boréales (preuve en est la sélection de Montier cette année et l'année dernière, Veolia l'année dernière), toujours autant d'images des dunes de Namibie (rebelote cette année), toujours autant de photos d'iceberg bien bleue from Antartica (merci le bon budget pour aller les shooter) ...

Alors ça évolue dans le bon sens, plus de photos prises "n'importe où" mais les classiques dominent encore bien les sélections finales.

Citation de: Didier-V le 28 Septembre 2012, 09:57:58
Pour finir, je ne voudrais pas que le côté puriste domine (surtout que les règles sont définies par qui ?) !

Par les organisateurs du concours ... c'est la moindre des choses non ? Il ne faut surtout pas croire que le concours nous appartient ! ... on fait ce qu'on veut avec nos photos, on les vend à qui on veut avec l'éthique qu'on veut. Mais à partir du moment où on souhaite participer à un concours, on se plie aux règles du-dit concours (tant que celle-ci respecte qqes bases bien sûr ...). A partir du moment où on essaye d'imposer une charte "concours équitable", je ne vois pas pourquoi on devrait s'insurger si un concours nous impose ses propres règles "nature".
qu'importe le lieu pourvu que la lumière soit ...

mes sites :
http://www.alpesphoto.com
ma page photo Facebook

Cedric Jacquet

Citation de: Didier-V le 28 Septembre 2012, 09:57:58
Il serait alors plus intéressant de faire une catégorie spéciale, genre « grand prix de la photo naturaliste »

Didier - pourquoi je n'aime pas le principe de faire une catégorie "prix de la photo naturaliste" :

- Ce serait un comble que dans un concours de photos nature, les photos faites de façon 'naturelle' soient reléguées dans 1 catégorie, alors que les photos 'à lourde intervention/imprégnation humaine' se partagent toutes les autres !
- En admettant que les photos '100% éthique' puissent en plus de la catégorie 'naturel' participer dans les autres catégories, cela ne fonctionne pas car elles partent avec un sacré handicap. Un exemple pour illustrer : il est bien plus difficile de faire une photo médiocre de harfang 'sauvage' que de faire une superbe photo d'un harfang appâté. Donc, dire qu'on ne peut pas différentier entre 'naturel' et 'assisté' revient à fortement pousser la tendance à s'orienter vers des spots faciles.
- Tu seras d'accord avec moi que c'est le travail créatif et original du photographe qui doit être récompensé. Si je prend un autre exemple, les photos faites dans certains affûts : c'est le type qui construit l'affût qui est responsable de la créativité ! C'est lui qui positionne l'affût, l'oriente, choisit le fond, organise le nourrissage/le bain en 'forçant' les animaux à venir à un endroit déterminé, ... --> le "photographe" qui soumet ses photos au concours n'est alors à mes yeux pas beaucoup plus qu'un presse-bouton !!!

Il me semble dès lors bien plus logique de faire l'inverse: avoir une catégorie "photos d'animaux imprégnés" qui regroupe les démarches 'autres'.

Citation de: Didier-V le 28 Septembre 2012, 09:57:58
D'une part, il vaut mieux compter sur l'expertise et la lassitude du public, qui comme toi peuvent reconnaître certaines photos.

Je crois que là tu es bien naïf : combien de photographes nature (qui sont donc les mieux placés pour savoir) sont au courant des coulisses ? Excessivement peu. Alors, quant à parler du grand public ... Ils vont voir une superbe photo de Harfang, et ne pas se rendre compte que l'imprégnation / le fait d'appâter cause de réels dégâts.

Citation de: Didier-V le 28 Septembre 2012, 09:57:58
Ceux qui ont une démarche naturaliste et font autrement sont connus, de par cette démarche, justement.

Ceci n'est vrai que pour une infime partie des photographes nature (eux-même une infime partie de la population), qui connaissent la démarche d'une partie encore plus infime des photographes nature:

1. Le public connaît éventuellement quelques photos, mais pas les photographes. Si on demande au public : "Citez les photographes que vous connaissez", je serais étonné qu'1/1.000 cite Vincent Munier, pourtant le plus connu des photographes animaliers du monde francophone - et de loin. Alors savoir si Stephen Dalton, Munier, Y-A Bertrand, Brandeburg, Brandt, ... ont une démarche naturaliste, c'est totalement illusoire. A fortiori, la démarche des moins connus qui participent à des concours ...
2. Même certaines très grosses pointures ont tout sauf une démarche naturaliste - est-ce que cela se sait ? Non, quasiment pas.
3. Je suis convaincu que les résultats de concours ont un réel impact sur les démarches de beaucoup de photographes nature. Il y a d'ailleurs indubitablement des modes, qui ont un impact de par le nombre sans cesse croissant des photographes nature.

Citation de: Didier-V le 28 Septembre 2012, 09:57:58
C'est un peu comme si tu disais qu'un paysage ne doit pas être photographié à partir d'un point de vue touristique.

Non, je n'ai pas dit qu'on ne pouvait pas photographier à partir d'un point de vue touristique, il ne faut pas déformer ce que j'ai dit ! Mais j'estime qu'un jury peut éliminer la photo en disant : "j'en ai vu trop de semblables". Si tu es en face des chutes du Niagara (je suppose un des 'hot spots nature' les plus visités ?), et que tu sors du lot en photographiant un arbre qui survit sur un rocher qui dépasse des chutes - contrairement au millions de photographes qui photographient la majestuosité des chutes dans leur ensemble - je n'aurais aucune objection à primer la photo.

Citation de: Didier-V le 28 Septembre 2012, 09:57:58
Sans même parler du fait que des photos diverses, y compris en zoo ou en labo, ne peuvent que renouveler l'approche de la photo nature

Nous sommes tout à fait d'accord la-dessus - tant qu'on est honnête sur les conditions de prise de vue. Et que les photos sans imprégnation aient toutes leurs chances.

Citation de: Didier-V le 28 Septembre 2012, 09:57:58
Pour finir, je ne voudrais pas que le côté puriste domine (surtout que les règles sont définies par qui ?) !

Les règles sont déterminées par l'organisateur du concours - et non par le jury. Le coté 'puriste' dépend donc de l'organisateur - bien que le jury peut interpréter les règles ! Pour ma part, je n'estime pas être puriste - mais je trouve qu'il faut éviter de favoriser l'imprégnation.

jip

Citation de: ojeff le 26 Septembre 2012, 11:20:27
Je suis tout à fait d'accord pour qu'un concours donne une prime à l'originalité.
En revanche, autant je suis sensible à l'originalité autant la notion de mérite m'émeut beaucoup moins. Je ne pense pas qu'un concours photos doive être un concours de mérite . Il y a d'autres moyens de valoriser l'approche personnelle d'un photographe nature : reportages, expositions, livres... Mais pour un concours photos c'est l'image qui compte et non son contexte. Bien sûr il faut respecter la sécurité/bien être de l'animal ainsi que les clauses du règlement sur le fait qu'il s'agisse bien d'un animal libre et non captif,...mais là tout le monde (ou presque) est d'accord ici.

La notion de mérite est de toute façon très discutable. Personnellement (mais ce n'est qu'un sentiment personnel car ceci confine au débat philosophique dans lequel chacun à son opinion,) je ne vois pas en quoi il y a plus de mérite à photographier sur un spot "personnel " à quelques kilomètres de chez soi plutôt qu'à partir à l'autre bout du monde pour shooter sur un spot touristique connu de tout le monde. Personnellement j'ai pas mal de sites ornithos près de chez moi, dont certains plutôt exclusifs et je ne vois pas en quoi les images prises sur ces sites seraient plus méritantes que celles que je fais dans les parcs en Afrique ou sur les falaises d'Islande.

Le mérite se mesure-t-il à la dépense physique son étalon étant le litre de sueur dépensé, le nombre de kilomètres à pied parcourus, le dénivelé de la pente, la température extérieure : ce serait alors consacrer la photo nature comme un sport et lui nier sa composante artistique.
Le mérite se mesure-t-il au temps consacré au sujet : je ne vois pas en quoi consacrer beaucoup de temps à sa passion est méritoire ?
Le mérite est-il  inversement proportionnel aux moyens financiers mis en oeuvre : il faudrait alors raisonner en coût complet en intégrant au moins le prix du matériel. Donc tous à vos compacts.
Et puis on peut suggérer d'autres critères de mérite : prise en compte des capacités  physiques de l'auteur,  catégories pro/amateurs, etc.

Mais il me semble surtout que dans cette course au mérite chacun voit midi à sa porte. Les photographes régionaux veulent valoriser la découverte de sujets ou spots personnels. Les baroudeurs voudront privilégier les sujets physiquement exigeants. Les hot-spoters mettront en avant le mérite qu'il y a à faire une image qui sorte du lot au milieu des millions de photos faites sur le même sujet. Les généralistes touche à tout proposeront une moyenne pondérée de 15 critères différents. Tout ceci est parfaitement irréconciliable.

Le vrai juge de paix c'est l'émotion ressentie et personnellement je trouve les images de Montier cette année extraordinaires. Je crois qu'en plus elles reflètent bien la diversité des approches et des genres. Dommage de bouder son plaisir face à une sélection d'une telle qualité !
Oh comme je suis d'accord avec ça, c'est un peu fatigant ces personnes qui s'érigent en juges du mérite selon les critères qui les arrangent en oubliant soigneusement les autres... on se demande si certains ne sont pas plus chasseur dans l'âme que photographe-nature...
Enfin c'est comme d'hab : "la seule bonne manière de faire c'est la mienne" devrait être la signature de certains.

jip
L'échec est le fondement de la réussite (Lao Tseu)
plus ça rate, plus on a de chance que ça marche....(proverbe shadock)
http://bullesdenature.free.fr

alpesphoto

Citation de: jip le 28 Septembre 2012, 12:38:57
Oh comme je suis d'accord avec ça, c'est un peu fatigant ces personnes qui s'érigent en juges du mérite selon les critères qui les arrangent en oubliant soigneusement les autres... on se demande si certains ne sont pas plus chasseur dans l'âme que photographe-nature...
Enfin c'est comme d'hab : "la seule bonne manière de faire c'est la mienne" devrait être la signature de certains.

jip

ce serait bien de suivre la suite de la conversation ... histoire de ne pas s'offusquer dans le vent ...
qu'importe le lieu pourvu que la lumière soit ...

mes sites :
http://www.alpesphoto.com
ma page photo Facebook

Cedric Jacquet

Citation de: jip le 28 Septembre 2012, 12:38:57
... c'est un peu fatigant ces personnes qui s'érigent en juges du mérite ...

:?: Qui  :?:  :roll:

Un concours = attribuer un mérite (esthétique/originalité/...) plus important à certaines photos qu'à d'autres, selon un règlement et les critères propres à chaque juré. Ce pourquoi le résultat dépendra fortement de la composition du jury.

Je ne vois pas qui dans les intervenants s'érige en juge du mérite absolu - les uns et les autres expriment (et expliquent) leur raisonnement, pourquoi ils estiment que tel ou tel critère prime sur un autre.

Pour ma part, la non-imprégnation prime sur les autres considérations. Sinon, on en arrive à des débordements dont exemples ci-dessus. Pour toi cela a peut-être moins d'importance. En tout cas, personne je crois n'a dit qu'il fallait suer sang et eau pour faire une photo de concours !

Didier-V

#219
Cédric, j'ai parlé de récompenser le photographe pour sa démarche naturaliste, en expliquant ce que c'est, et éventuellement de faire une super-catégorie, pas de limiter la photo naturaliste à une seule catégorie.

Même si tu me penses naïf, je pense que les jurys et les pairs se lassent ou se lasseront des mêmes photos, comme cela s'est produit en paysage (je n'ai pas parlé du grand public, qui se lasse d'autant moins qu'il voit peu ces photos, et qu'il reste au symbole).

Je pense aussi que le photographe de base, qui fait des photos dans la nature, n'est pas si naïf que tu le crois, et il a vite fait d'aller au nid et d'appâter, voire de mettre des nichoirs. Je pense que certains types de photos ont renouvelé la photo nature, même si on se doute qu'un ours gueule plein cadre au grand-angle n'est pas photographié au coin de la forêt de Compiègne.

Il me semble que dans un concours, il faut s'attendre à voir certains types de photos, et c'est bien pour ça que d'aucuns n'y participent pas. Dans un autre genre je ne participe pas car je sais qu'une démarche plus artistique, de résultat esthétique ou d'intérêt en soi discutable, ne passe pas. C'est ainsi, les concours sont faits pour un certain type de photos (qui n'est pas celui que j'aime, personnellement, sauf agréables exceptions).

Tout cela étant dit en profitant de la discussion, sans me référer spécialement à Montier.

Et bien sûr que certains photographes, à l'approche très commerciale, et qui ne s'en cachent pas, ont souvent gagné. Pas étonnant, car le propre de l'approche commerciale est de plaire au public. Par contre, en ce qui te concerne Cédric, et vu ta démarche et tes photos, je ne comprends pas pourquoi tu participes encore aux concours ? (enfin si, je comprends, avoir des photos primées est utile dans la profession, mais y a-t-il d'autres raisons ?).

Plus généralement, je trouve qu'il y a beaucoup trop de photos classiques, et beaucoup trop d'importance accordée à la « perfection », mais ce sont les goûts des jurés et du public, et ce que génère la photo en elle-même (et d'autant plus en numérique). Je regrette que les démarches souvent passionnantes ne soient pas mises en avant, mais c'est un peu normal, car c'est un deuxième niveau d'intérêt. Dans un certain nombre de cas, les concours ont fait connaître autre chose (Munier) et certains naturalistes exigeants ont gagné.

Bien sûr qu'un concours mène aux photos spectaculaires ou faites dans des conditions faciles, mais il y a les expos de certains pour intéresser à d'autres démarches. C'est plutôt à ce niveau qu'il faudrait travailler, par exemple en récompensant les expos selon d'autres critères.

Denier point, attention, la photo nature n'est pas uniquement la photo naturaliste, et la photo naturaliste ne concerne pas seulement oiseaux et mammifères ! Je préférerais voir une plus grande diversité d'espèces mais là je prêche dans le désert...

Enfin, un palmarès reflète ce qu'est réellement et actuellement la photo nature, à nous de nous voir dedans et d'y voir les messages qui ne passent pas.
Didier Vereeck, auteur photographe et écrivain - Photo nature : l'âme de la terre. Nouveau site : FLEURS DU SUD

ojeff

#220
En tout cas je trouve le débat fort intéressant. Il exprime parfaitement la diversité des pratiques photographiques et des points de vue.

Premier point : autant je ne suis pas pour la prise en compte de la notion éminemment subjective de "mérite" autant il me semble positif que la notion "d'originalité" soit prise en compte dans l'arbitrage des images et, indirectement, cette notion d'originalité va donner un avantage à des images plus difficiles à réaliser ou plus personnelles par rapport à des images issues de hotspots touristiques déjà vues. Mais comme il y a quand même d'autres critères (émotion, esthétique, etc)  pour juger d'une image que l'originalité du sujet, je ne m'étonne pas (ni ne m'émeus) de voir au palmarès d'un grand concours une image faite sur un site touristique rebattu grâce à l'originalité de son traitement.

Second point , concernant l'imprégnation de l'animal : Le fait qu'un animal soit habitué à l'homme n'est pas contradictoire avec le fait qu'il soit parfaitement sauvage. Bien sûr, dans nos contrées (et particulièrement en France) la faune est farouche par nature ; peut-être du fait de la pression cynégétique. Dans des sites où elle n'est plus chassée, elle s'habitue à la présence de l'homme et l'approche est rendue plus aisée. C'est le cas par exemple des Parcs et réserves en Afrique. Les animaux ne conçoivent plus l'homme dans son véhicule comme un danger et l'on peut approcher un lion ou une Panthère à quelques mètres. On peut dire qu'il y a imprégnation ou "habituation". Ces animaux sont pourtant en totale liberté et gare à vous si vous décidez de descendre du 4x4 pour aller caresser le gros chat. De même, concernant le Gorille de montagne, seuls les groupes "habitués" sont approchables mais là aussi une attitude la plus neutre possible est requise si vous ne voulez pas défier ces animaux qui restent totalement sauvages. Dans d'autres parcs moins visités, l'approche est plus ardue car les animaux ne sont pas habitués. Personnellement je ne vois pas pourquoi on valoriserait la photographie des sujets les plus farouches qui dans bien des cas ne font que témoigner des relations conflictuelles entre l'homme et la faune par rapport à la photographie de sujets moins craintifs dans des sites où la préservation et le tourisme ont permis de diminuer le niveau de stress des animaux qui acceptent alors la proximité du touriste/photographe.

Au plan déontologique, on peut considérer également que l'approche de sujets habitués à la présence de l'homme est moins stressante que l'approche de sujets craintifs qui très souvent se traduit par la fuite de l'animal aux abois. Pour prendre un cas un peu extrême : photographier un Grand Tétras en Finlande est infiniment plus facile mais également moins risqué au plan du dérangement que photographier la même espèce dans notre pays où les places de chant sont moins connues, plus rares et l'espèce infiniment plus menacée. Pourtant dans le premier cas on est dans le cas typique d'affûts payants facilement accessibles et souvent critiqués alors que dans le second cas on serait dans le cas de la recherche de sujet personnel d'une espèce farouche qu'il faudrait alors valoriser...

La liste des sujets de moindre intérêt pourrait être longue : que dire des Macareux que l'on approche presque à bout touchant en Islande et qui ne fuient pas cette proximité ainsi que de la majeure partie de l'avifaune scandinave infiniment moins farouche que les même espèces sur notre territoire ; faudrait-il aussi les considérer comme des sujets de second plan au niveau de leur intérêt photographique sous prétexte qu'ils acceptent la proximité de l'homme ? Que dire des Bisons, des Wapitis et des Grizzlis à Yellowstone, des grands singes à Bornéo, des Bouquetins dans nos Alpes et même du Jaguar du Pantanal qui ne fuit plus la proximité des bateaux de touriste ? Faut il les regarder avec dédain car tous se sont habitués au développement du tourisme et à la présence de l'homme ? Je ne parle pas bien sûr de tous les sujets photographiés en environnement périurbain qui par définition sont des sujets potentiellement imprégnés.  

La photo de nature ne recouvre pas uniquement la recherche d'espèces rares ou d'approche difficile. La nature commence dès que l'on ouvre sa porte et que l'on sort de chez soi. Le photographe de nature peut-être un mohican en herbe évoluant silencieusement en osmose avec la nature à la recherche de sujet rarement photographiés. Mais il peut tout aussi bien passer des heures dans son arrière cour à tenter des approches artistiquement novatrices de la micro-faune ou de l'avifaune de son jardin. Je ne pense pas que les organisateurs de concours aient à faire un choix entre ces différents types d'image ni à favoriser la photographie de sujets farouches par opposition à des sujets rendus plus dociles car habitués à la présence de l'homme.

Bien entendu, Il faut tracer des limites et c'est ce que font les règlements des concours  : pas de sujets-modèles (animaux dressés photographiés dans la nature), usage d'appât à signaler, pas de photos d'animaux captifs (zoo, parcs de vision), photographier sans mettre en danger le sujet,...

Une fois que le règlement est respecté, tous les genres photographique ont le droit de cité. Bon, je conçois que chacun ait ses préférences mais au final, comme le dit Cédric, c'est la composition du jury qui fera pencher la balance vers tel ou tel type d'image et personnellement je serais assez favorable a un jury suffisamment éclectique pour que toutes les tendances de la photographie nature soient représentées. Il me semble qu'elles l'ont été dans la sélection de Montier. Après chacun sera libre de plus ou moins apprécier telle ou telle image. Espérons simplement que la critique qui s'en suivra sera faite avec suffisamment de doigté pour ne pas être blessante à la fois pour le photographe, les organisateurs et le jury qui nous offrent gratuitement ce moment magique.

Jérôme
Jérôme Guillaumot   -    Mon site web de photo animalière

ojeff

#221
Citation de: kramer le 26 Septembre 2012, 16:55:48
Depuis cette année, il y a aussi le concours international HBW (espagnol?), spécifique aux oiseaux.
12.000 photos soumises par 3.600 photographes de 128 pays.



Oui : beau résultat pour une première édition et avec uniquement les oiseaux pour sujet ! Bon il faut dire qu'ils avaient affiché un premier prix à 10.000$ qui a dû suscité des vocations.

Par comparaison sur ce critère (dotation pour le 1° prix du concours) :

BBC/WPY :                   12.600 euros  (10.000 livres)
HBW :                           7.800 euros  (10.000 $)
GDT/EWY :                    2.000 euros
Festival de l'oiseau :       1.500 euros
Montier :                        Pas de pub sur les dotations
 

Jérôme Guillaumot   -    Mon site web de photo animalière

bgabbud

Je rejoins totalement ce que dit Jérôme quant à l'originalité du traitement et je pense qu'il est plus difficile de faire une image qui sorte du lot sur un sujet maintes fois photographié, comme les macaques du Japon ou le bouquetin des Alpes, que d'une espèce hyper rare ou peu d'images existent.
Je pense que c'est ce qui touche un jury et le public aussi...ce regard différent, cette touche d'originalité bref ce petit plus qui fait qu'une image nous émeut!
J'aime beaucoup ce cru de Montier, des images m'ont ému d'autres moins...mais ce n'était pas moi dans le jury et ce choix leur appartient!

Et vive le festival de Montier!  (et je suis pas français!)

Montagnardes salutations à tous
Bertrand
La plus grande douceur de la vie, c'est d'admirer ce qu'on aime!

Cedric Jacquet

Je suis en bonne partie d'accord avec toi, Jérôme, mais tiens à préciser :

- tu écris : "la photo de nature ne recouvre pas uniquement la recherche d'espèces rares ou d'approche difficile.". Comme déjà signalé, personne ci-dessus ne semble se faire l'avocat d'un concours du 'mérite' dans le sens effort physique/rareté du sujet/... . Je le répète une dernière fois : la difficulté de la prise/la rareté de l'espèce m'importent peu (d'ailleurs, dans la plupart des cas, une espèce rare à un endroit est commune ailleurs.). Je rappelle que j'ai par le passé défendu bec et ongles des photos d'espèces 'faciles et communes' (un crapaud commun; une autre fois des hirondelles) pour le premier prix de concours ! Mais l'angle, le cadrage, le fond, en faisaient des photos qui sortaient du lot.

- "La nature commence dès que l'on ouvre sa porte et que l'on sort de chez soi." : c'est le thème de mon livre "C'est beau près de chez vous" ...  :wink:

- "... Faut il les regarder avec dédain car tous se sont habitués au développement du tourisme et à la présence de l'homme ?" : Je n'ai jamais dit qu'il ne fallait pas photographier dans des hotspots! Ce que j'ai écrit, c'est que 99,9% des photos faites dans ces lieux sont dénués d'originalité, car déjà vues de multiples fois. Il est souvent difficile d'y travailler un sujet (sauf autorisations spéciales), ce qui fait que tout le monde fait ses photos du même point de vue (à partir de derrière la barrière/...), et/ou au mêmes heures (heures d'ouverture), et/ou dans les mêmes conditions, ... et pour couronner le tout, il y a énormément de passage/de photos --> cela entraîne un sentiment de "déjà vu" chez le juré --> dans 99.9% des cas, l'image est éventuellement nominée, mais POUR MOI non primée. Quatre remarques cependant :


  • une image faite à un hotspot peut être réellement différente (rarissime, mais possible), au point qu'on ne se dit pas 'allez, encore une faite à XYZ' --> elle a toutes ses chances.
  • l'existence de certains hotspots allège la pression sur l'espèce "réellement sauvage", dans ce sens ils peuvent avoir un effet positif, tout à fait d'accord avec toi
  • pour reprendre ton exemple de tétras: un jury, à qui on soumet 5 belles photos de tétras 'signés affûts nordiques' (=un minimum pour un concours  :roll: !), et 1 photo moins spectaculaire mais plus originale de l'oiseau dans les alpes ... Le juré sait que dans les premiers cas, un guide a installé le photographe dans un affût devant un lek qu'il a trouvé, dans le dernier il s'agit d'une démarche propre au photographe. Honnêtement, et sans favoriser "l'effort", si je dois en choisir une, c'est la dernière. Ce n'est pas tant un choix 'pro difficulté' qu'un choix 'pro-originalité'. De la même façon, il est normal que Bence Matte ait été primé pour ses photos - originales - dans ses affûts, mais il me semble tout aussi évident de ne pas primer la millionième photo issue de l'endroit: c'est éculé pour moi.
  • tu dis "un animal habitué à l'homme n'est pas contradictoire avec le fait qu'il soit parfaitement sauvage". Si pour toi, parfaitement sauvage = libre, oui (bien que dans beaucoup de hotspots comme dit ci-dessus, il y a soit nourrissage, soit les animaux sont inféodés au hotspot --> pas libres du tout !). Mais si parfaitement sauvage = comportement sauvage, je ne suis pas d'accord dans bien des cas. Pour prendre l'exemple que tu cites : je viens de passer 4 mois en Namibie, cette fois sans mettre les pieds dans une seule réserve naturelle. Je peux te dire que les lions, éléphants et autres antilopes rencontrés (=parfaitement sauvages) n'ont pas les mêmes comportements que ceux rencontrés dans des réserves - particulièrement dans des réserves à forte densité touristique (utilisation de l'ombre des voitures pour dormir, ou quand ils grimpent sur le toit pour faire le guet, voir même des félins qui chassent en utilisant les voitures comme rabatteurs ! Il a également été observé des changements d'horaires de nourrissage en fonction des heures d'ouverture des camps, ...). D'ailleurs, ce n'est pas pour rien qu'une partie relativement importante de pas mal de réserves est interdite au public ... Mais cela n'a rien à voir avec les concours  :wink:

Enfin, dernière remarque : 100% d'accord avec ton dernier paragraphe !

Didier-V

Dans l'ensemble, malgré une diversité de points de vues et de manières de les exprimer, je trouve qu'on est assez d'accord les uns avec les autres. Et en plus, vous les exprimez bien ces points de vue, Cédric et Jérôme !
Didier Vereeck, auteur photographe et écrivain - Photo nature : l'âme de la terre. Nouveau site : FLEURS DU SUD