Les ouvertures des observatoires à la réserve du Teich

Démarré par Didou, 12 Octobre 2009, 18:59:48

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Didou

Bonsoir à tous

J'ai quelque peu provoqué (volontairement) la tempête sur le forum cousin Bénélux à propos des modifications des ouvertures des observatoires à la réserve du Teich. J'ai eu l'occasion d'en discuter (sereinement, rassurez-vous ;) ) avec Claude Feigné mardi dernier. Il m'a fait passer un message explicatif que je vous transmets ici, en trois parties :

Les nouvelles ouvertures des observatoires du Teich, fenêtre sur cour ou rideaux tirés sur les oiseaux ?


Récemment une discussion sur les nouvelles fenêtres des observatoires du Teich a animé quelques messages du forum Bénélux Nature. La plupart de ces commentaires étant revendicatifs, il m'a donc semblé nécessaire d'apporter quelques explications sur cette évolution.

Le point de départ :
Le 24 janvier 2009, l'ouragan Klaus passait sa colère sur la réserve du Teich, ainsi que sur toute la région. Le lendemain, les dégâts étaient considérables sur notre site, à tel point qu'il nous faudra plus de 6 semaines de travaux intenses avant de pouvoir rouvrir la réserve au public en toute sécurité.
Dans la liste des détériorations que nous avons eu à déplorer, les observatoires occupaient de nombreuses lignes. Le N°1 avait volé sur plusieurs mètres, le 10, 14 et 15 étaient cassés, le 16, 17 et 18 avaient glissé sur 15 cm, la plupart des toitures en ondulines s'étaient envolées, et dans plusieurs observatoires, les fenêtres s'étaient arrachées sous la puissance du vent, ou avaient explosé suite aux mouvements de l'ensemble des structures.
Se posait alors le problème de la réparation ou du renouvellement de ces matériaux.

Dans un premier temps, c'est le coût du remplacement du verre qui nous a arrêté. Car au prix du verre de 8mm, il fallait ajouter le façonnage pour réaliser un chanfrein sur toutes les coupes afin d'éviter les coupures lors des manipulations, ainsi qu'une encoche profonde  permettant de tenir la plaque de verre pour la faire glisser. Je n'ai plus en mémoire la somme exacte de ce matériel fini, mais elle était très élevée, et les délais pour obtenir ce travail très long (nous n'étions pas les seuls à faire le siège des vitriers à cette époque)...

Par ailleurs, l'ensemble de l'équipe était depuis longtemps très critique sur ce système de fenêtres coulissantes qui :

-   occasionnait des dérangements récurrents sur les oiseaux proches dès qu'elles étaient manipulées ou qu'elles étaient agitées par le vent (reflets, bruits),

-   était source de dérangements supplémentaires lorsque les visiteurs approchaient leur visage de l'ouverture, passaient les mains à travers pour montrer un oiseau du doigt, ou lorsque les photographes  sortaient l'extrémité de leur téléobjectif pour se caler sur le rebord de la fenêtre,

-   limitait la capacité d'accueil de chaque observatoire à la moitié de son volume théorique ( personne ne voulant regarder, observer ou encore moins photographier à travers deux épaisseurs de plaques de verre), ce qui a été plus d'une fois source de conflit entre photographes et visiteurs lambda, ou de récriminations de la part d'abonnés non photographes qui se considéraient comme « dépossédés » des observatoires les plus intéressants du moment,

-   posait des problèmes d'entretien insolubles par notre petite structure (nettoyage presque quotidien nécessaire en raison embruns déposés, de la buée, des moustiques écrasés, des traces de doigts, etc.),

-   et qui enfin, générait des infiltrations d'eau pluviale qui aggravaient (s'il en était besoin...) la dégradation des observatoires.

Faisant ce constat, nous avons donc décidé de changer de technique et d'aménager progressivement tous les observatoires avec un nouveau matériel que nous avons élaboré.
Passer pour un idiot aux yeux d'un imb�cile est une volupt� de fin gourmet (Georges Courteline)

http://d.renard.perso.neuf.fr

Didou

La suite :

Le résultat :
Aussi imparfaites soient-elles, ces nouvelles fenêtres d'observation ont à notre point de vue d'énormes avantages :

-   coût très bas (matériaux de récupération et fabrication en régie), facilement renouvelables sans attendre le déblocage d'un budget spécifique,

-   ne nécessitant aucun entretien particulier, même les toiles d'araignées sont arrachées par les courants d'air,

-   protection de la façade des observatoires contre les infiltrations d'eau, et limitation des ruissellements à l'intérieur en cas de pluie (sauf sous un coup de vent de face...),

-   utilisation à 100% de la capacité des observatoires par l'ensemble du public du site,

-   limitation manifeste des divers dérangements enregistrés dans le passé, avec comme corollaire la proximité parfois spectaculaire et très constante des oiseaux devant les observatoires ainsi équipés (voir le 7 et le 17 ces derniers temps),


Néanmoins, nous sommes bien conscients que ces fenêtres présentent aussi quelques inconvénients :
-   augmentation des courants d'air inconfortables en hiver,
-   limitation de l'angle d'observation ou de prise de vue vers le ciel en raison de la « casquette » proéminante.

Sur le premier point, nous prévoyons éventuellement d'ajouter en saison froide des panneaux de plexiglass dans quelques observatoires aménagés, afin que le visiteur qui y stationne puisse se mettre de temps en temps à l'abri du vent. Ces plaques seraient retirées aux beaux jours.
Sur le deuxième point, celui qui incommode le plus les photographes (depuis peu à notre connaissance, et à cause de ces satanés Balbus, qui il faut bien le dire, ne venaient autrefois que très sporadiquement se faire tirer le portrait au 17,  les nouvelles fenêtres y sont manifestement pour quelque chose...), nous avons fait des essais avec Jacques, Erick, Alban et Thierry pour trouver une solution efficace et acceptable par le plus grand nombre.
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Didou

Et la fin :

Pour définir les côtes des fenêtres, je me suis basé sur les plus gros diamètres de télés existants, les 400mm f :2,8, qui chez les noirs comme les blancs, avoisinent les 16,5 à 17 cm.
Pour les observatoires où les oiseaux sont très proches, la distance maximale d'ouverture entre la « casquette » et la base doit être de 18cm pour maintenir l'effet d'ombre à l'intérieur de l'observatoire. Pour ceux où les oiseaux sont plus éloignés (pour l'instant...) ont peut aller jusqu'à 20cm d'ouverture, ce permet de cadrer jusqu'au tiers inférieur du ciel environ (essais avec 300 et 500mm). Au-delà, plus d'effet d'ombre, les visages des visiteurs ou les lentilles mouvantes des objectifs redeviennent des sources d'inquiétude, la pluie à peine oblique rentre, et les gamins passent leur tête par les ouvertures...

Ce compromis technique ne peut évidemment satisfaire toutes les envies ou désirs de chacun, c'est un compromis... Mais pour nombre de visiteurs (et de photographes), il a permis d'augmenter l'attractivité du site en favorisant la proximité de certains oiseaux (Barges à queue noire, Sarcelle d'hiver,...), et le stationnement d'espèces particulièrement farouches (Balbuzard, Cigogne noire à l'instant même où j'écris cette ligne...).

Différentes solutions avaient été envisagées et évaluées à la lumière de ce qui est en place sur de nombreuses réserves en Europe et à la lecture des retours d'expérience des visiteurs et gestionnaires, il nous a semblé que celle adoptée ici était celle qui convenait le mieux à l'ensemble des problématiques que nous avons à gérer sur notre site, tout en étant bien conscients qu'elle ne pouvait être « idéale » pour tous.

Progressivement, tous les observatoires neufs ou anciens verront leurs ouvertures ainsi transformées, et à mon avis de nouveaux « sites à images » devraient émerger dans les mois qui viennent (n°4 en particulier).

Cependant, nous avons toujours été très attentifs aux remarques de nos « clients » réguliers, dont nombre sont devenus nos potes. Aussi est-il toujours possible que chacun propose des améliorations à ce système, la boîte à idées est ouverte !

Bonnes images à tous !

Claude Feigné
Ornithologue, animateur du programme de gestion de la Réserve Ornithologique du Teich
c.feigne@parc-landes-de-gascogne.fr


Bonne lecture  :grin:

Cordialement
Didier
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