Cigale m'était contée... [MAJ du 23 Octobre)

Démarré par Roland RIPOLL, 17 Octobre 2025, 09:01:44

« précédent - suivant »

0 Membres et 1 Invité sur ce sujet

Roland RIPOLL

Bonjour à tous,

Tout le monde connaît la cigale, ne serait-ce que par la fable de la Fontaine ou par son chant (bruit de fond obligatoire quand on veut évoquer la Provence...), mais bien peu ont pu réellement l'observer sur le terrain.

1


Huit espèces habitent le sud de la France (on en dénombre plus de 4500 espèces dans le monde !). Deux espèces sont fréquentes en Provence : la plus grande, Lyristes plebejus (5 cm), est commune sur les pins  et Cicada orni, plus petite (3,5 cm) qui vit davantage sur les oliviers.

2 Lyristes plebejus


3 Cicada orni


On sait que pour  « chanter »,  le mâle fait vibrer ses cymbales, l'organe qui émet les sons. Il le fait pour attirer la femelle qui n'est sensible qu'au chant de son espèce. Sa puissance atteindrait les 158 décibels...

Le chant puissant des cigales n'est pas produit par le frottement des ailes ou d'une quelconque autre partie du corps. C'est en réalité à la base un cliquetis provoqué par la déformation d'une membrane à très grande vitesse (une centaine de fois par seconde).  En quelque sorte, la cigale "chante "en rentrant et en sortant son ventre très rapidement.

4


5


Les jours de grand vent, de pluie ou de mauvais temps, les cigales sont muettes. En fait, c'est une question de chaleur ou plutôt de température ! Approximativement en dessous de vingt-deux degrés, les cymbales perdent leur souplesse et "cymbaliser" (chanter) devient difficile.

6
"être simple pour être vrai"

gjacobs

Toujours aussi joli et instructif! Je ne connaissais pas le modèle des oliviers illustré sur la seconde, je présume.

Gauthier

Betal

De belles images, avec le texte qui va bien !
Antoine

Roland RIPOLL

Merci Gauthier et Antoine !

Insectes "piqueurs-suceurs", les cigales se nourrissent de la sève d'arbres ou d'arbustes, qu'elles prélèvent à l'aide de leur rostre, sorte de seringue très dure qui leur permet de percer l'écorce des végétaux et qui  fait un peu office de  paille, les cigales pouvant ainsi aspirer la sève.

10


11


12


Les œufs sont pondus en été, sur une tige,  au pied d'arbustes et d'herbes. La femelle perfore le bois grâce à sa tarière (oviscapte) et dépose une dizaine d'œufs environ.

Puis elle retire la tarière, le lambeau de bois se referme et elle répète plusieurs fois cette opération sur le même rameau ou sur un autre jusqu'à avoir pondu ses 300 à 400 œufs. Les œufs resteront ainsi à l'abri dans le bois jusqu'à l'éclosion vers octobre.

"être simple pour être vrai"

gjacobs


Benoit68

De belles images !
Et on aura appris quelque chose au sujet des Cigales aujourd'hui.

 :grin: 

Betal

Oui, des posts aussi informatifs que bien illustrés !
Antoine

Clic-Clac 51

Bravo Roland, c'est instructif et bien mis en images
Amicalement Denis :wink:

Roland RIPOLL

Merci !

 À la fin de l'été ou à l'automne, les œufs donnent des larves. Elles ne sont alors pas plus grandes qu'un grain de riz et leur couleur est blanche. C'est le premier moment dangereux de leur vie, car, sans aucun moyen de défense, elles sont à la merci de nombreux invertébrés prédateurs (fourmis, coléoptères, guêpes, etc.). Rapidement, les larves se jettent au sol et s'y enfouissent pour plusieurs années en général.

La sève des racines va fournir des repas plus ou moins copieux et permettre la croissance entrecoupée de plusieurs mues. Chacune de celles-ci sera accompagnée d'un changement de taille et par l'apparition progressive de nouveaux caractères comme des ébauches d'ailes.

13


Pendant la période larvaire souterraine, la nutrition se fait sur des racines. Les pattes avant sont munies d'une structure fouisseuse qui lui permet de creuser des galeries. La structure de l'abdomen est telle que l'urine abondante des larves de cigales est canalisée vers les pattes avant, ce qui permet de ramollir la terre et de consolider la galerie.

14


15


Les larves sont dotées de très élaborées et puissantes pattes antérieures, dites fouisseuses, faisant office de pioche, pelle, cisaille et tenaille. La mobilité de l'éperon terminal (en fait le tibia !)  associée à sa position et à sa conformation (apex acéré et bord interne tranchant), fait que la patte est en effet apte à creuser, pincer, et cisailler (radicelles par exemple).

16


17


Le cisaillement apparaît d'autant plus efficace que la partie opposable à la lame de l'éperon est elle-même tranchante, et de surcroit dentelée pour assurer une meilleure prise. Les 2 lames glissant l'une contre l'autre, on retrouve ici le principe même du sécateur.

18


19

"être simple pour être vrai"

gjacobs

Misère, ce sont de véritables machines de guerre! On ne les regardera plus jamais de la même manière après ça...!  :shock:  :mrgreen:

Gauthier

Clic-Clac 51

Bravo Roland et merci de partager ton savoir
Amicalement Denis :wink: