Plumes d'automne

Démarré par GROSBEC, 09 Novembre 2016, 18:31:49

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GROSBEC

Bonjour à vous tous,

Voici longtemps que je n'ai rien posté :oops:
Je passe souvent pour admirer votre travail, mais le temps m'a souvent manqué.
Il est plus que temps de vous parler d'automne, car il en sera fini de cette belle saison dans 3 petites semaines.
A présent, c'est l'anthracite qui a pris le pouvoir...
Ca donne un peu de temps.

Amitiés,

Patrick


Comme bien d'autres saisons, l'automne a ses contrastes.
En France, selon la région, et parfois même sans quitter la sienne, on passe insensiblement des fastes de l'été indien aux cieux anthracite de novembre.
Pour nos oiseaux à plumes, quelques premiers mouvements témoignent, pour certains, d'un relatif empressement migratoire, tandis que d'autres se prélassent et prolongent leur séjour en des lieux accueillants.
Il est va ainsi dans la famille des Chevaliers, même si, pour l'un d'entre deux, les hasards de la phylogénie l'ont fait changer de camp.
Le Chevalier Sylvain rendu célèbre par les travaux de Luc Hoffmann se met en route dès les premiers jours de septembre. Il est l'un des rares limicoles à faire une migration de mue.
Venant de Falsterbö en Suède, il s'arrête sur la route qui le conduit au Maroc et plus au sud encore.
Ses trajets sont rapides, à raison de quelques centaines de kilomètres par jour, et ses étapes assez brèves.
En Camargue, essentiellement, il mue rapidement ses rémiges.

1 – Le Sylvain


2 – Un chevalier « doré »


On peut le rencontrer aussi ailleurs, alors qu'il croise son cousin le Chevalier Cul-blanc avec lequel il est souvent confondu.
Celui-ci est moins pressé, au point que certains, précoces, estivent, tandis qu'arrivent les premiers hivernants qui ne nous quitteront qu'en novembre rendant bien difficile à observer la frontière entre ses différentes populations.
A l'issue de son bain, il fait souvent de jolis bonds, et nous offre à la fois le spectacle et le critère infaillible qui permet de le distinguer du Sylvain : l'intérieur de ses ailes, noir de Jai.


3 – Merci pour ce bond


D'un marigot à l'autre, ces deux beaux chevaliers peuvent croiser la route d'un jeune oiseau, autrefois chevalier lui aussi, mais à présent varié et combattant.
Ce sont en effet des immatures, des oiseaux du printemps précédent, qui se prélassent encore sur nos terres humides, leurs ainés ayant déjà remis le cap au sud.
Eux aussi prennent des bains et font des bonds.
On les reconnaît à leurs couvertures écailleuses.
Parfois, en guise de bond, c'est d'un vol bref dont il s'agit, ce jeune gourmand n'ayant plus la patience de rejoindre ses proies futures à la seule force de ses pattes.

4 – Moi aussi, je bondis


5 – Vite ! A table !


JO²

La famille des chevaliers, proches cousins qui aiment à se ressembler pour mieux exercer notre oeil, t'inspire, Patrick, de belles images, agrémentées d'un texte aussi documenté qu'agréable à lire, comme à ton habitude!  )))) Je m'abonne!  :wink:
Je t'embrasse,
Amicalement
Joëlle

Thadeus

bonsoir

elles sont toutes très belles mais j'adore la 1

amicalement

trebor48


gjacobs

Instructif comme d'habitude. Un plus également pour la première, mais elle ressort un peu sombre sur mon écran.

Gauthier

GROSBEC

#5
Merci à vous Joëlle, Thadeus, Robert et Gautier.
Sans plus tarder, je vous propose une petite suite où il sera question du Martin-Pêcheur, de l'Etourneau, et des Grands Gravelots.
J'espère qu'elle vous plaira.

Amitiés,

Patrick


Quelques semaines plus tôt, ce sont les Martins-Pêcheurs qui nous charment par leur splendeur.
Chez eux, la dispersion familiale est très rapide.  Les enfants de la première nichée sont prestement chassés par leurs parents quelques jours seulement après leur sortie du terrier.
Le joyau de nos rivières ne migre qu'à regrets, à la limite extrême.
Un hiver très froid peut entrainer la perte de 90 % de ses effectifs, voire pire.
C'est sa grande prolixité qui assure la pérennité de l'espèce.
On comprend la hâte des géniteurs qui entament aussi vite que possible une seconde couvée, et souvent une troisième en suivant.
Un Martin-Pêcheur est capable de se reproduire dès l'âge de 9 mois.
Voici qui éclaire le comportement précédent, comprenant bien qu'il n'y aurait plus longtemps assez de poissons pour tout le monde en procédant différemment.
Ces immatures doivent donc sans délais rechercher et conquérir un territoire, une zone de pêche, synonyme de lieu d'hivernage.
Des querelles éclatent par conséquent dès la fin de l'été, ou au tout début de l'automne, car les places sont chères et ce n'est qu'à force de volonté, de luttes bec et ongles, qu'elles seront conquises et préservées
Ensuite, le (ou la) propriétaire des lieux, fidèle à ses postes d'affût nous offre ses regards, magnifiquement variés et expressifs.

6 – Ici, c'est chez moi


7 – Prends garde, poisson


Au milieu de la balade, rarement aussi patient, l'Etourneau est là et se laisse admirer.
Cet oiseau a une riche histoire que bien trop le considèrent comme banal.
Dans ses dortoirs les plus fournis, il fait de superbes figures aériennes, au crépuscule et mérite pleinement le nom d'oiseau chorégraphe.
Mieux encore, il nous vante avec brio les avantages du grégarisme.
5000 paires d'yeux valent mieux qu'une s'il s'agit de repérer le Faucon Pèlerin en chasse.
Le danger venant du ciel est bien identifié, et le prédateur perd son objectif lorsque ce groupe éclate en de multiples directions.
Tout le monde reste sain et sauf, et seul le beau rapace passera une nuit de cauchemars, le ventre vide.
Pauvre Pèlerin.

8 – Modeste et fier de l'être


C'est le temps aussi du Grand Gravelot.
Lorsque l'automne arrive, ce sont surtout des immatures qui se présentent.
Très nombreux cette année, ils ont, comme de coutume, donné à voir leurs petites querelles d'adolescents.
Mais un jour, le comportement de certains d'entre eux a bousculé toutes les certitudes, et fait naître bien des questions qui restent sans réponse.
Trois oiseaux ont adopté sans prévenir l'attitude d'adultes en période de formation des couples et de nidification !
Légers combats car l'un d'entre eux était visiblement en surnombre.
Parades, simulations de nid...
Le plus fort de l'histoire est que ces oiseaux se trouvaient, au mètre près, sur les petites places choisies au printemps par les Petits Gravelots pour construire leur nid, pondre et couver.
C'était à n'en pas croire ses yeux.
En plein automne, tout de même...
Peut-être est-il plus sage de se satisfaire de l'étonnement et de l'émerveillement.
Comment expliquer la chose ?
Seule la longue série de fortes températures ininterrompue peut faire penser à une réaction hormonale donnant naissance à des réactions pour le moins prématurées.
Mais ce n'est qu'une hypothèse.
Une idée incertaine.
Même des ornithologues avertis, fréquentant les lieux assidument depuis plus de 40 ans ont déclaré qu'ils n'avaient jamais vu ça.
Il faudrait certainement être un oiseau pour comprendre.

9 – Un semblant de couple


10 – Le nid ?


JO²

On apprend avec toi, Patrick, par le texte et l'image, l'histoire de l'oiseau et chacun de tes posts rajoute une pierre à l'édifice!  Voici donc le tour du martin pêcheur, de l'étourneau et du grand gravelot! ))))
Je t'embrasse,
Amicalement
Joëlle

Polyfilou

Très instructif ce fil avec en prime des images de qualités.

Paul

gjacobs

L'avant-dernière est superbe! Une drôle d'histoire, cette nidification automnale...

Gauthier

Clic-Clac 51

Superbe...a voir ou a revoir sans modération
Bravo
Denis

GROSBEC

Bonjour à vous tous,

Merci infiniment Joëlle, Paul, Gauthier et Denis  lolll

Amitiés,

Patrick


Chacun connaît  le fameux Corbeau de nuit cher à Paul Géroudet.
De mœurs crépusculaires, Le Bihoreau se montre souvent en plein jour, lors de l'été indien, et, pour  notre plaisir, consent à prolonger ses visites jusqu'à l'automne bien avancé.
Oiseau à la silhouette courte et massive, il pousse parfois de sortes de croassements qui l'apparentent au Corbeau. Ce sont des sortes d'aboiements qui n'ont rien de menaçant quoiqu'on ait pu en dire.
Migrateur, il hiverne volontiers dans notre cher Hexagone.
Fidèle au rendez-vous, il nous fait admirer son bel iris carmin, et, parfois, prend la pose.
C'est de lui que Konrad Lorenz qui le connaissait bien disait qu'il forme des couples sans amour.
Il faut avouer que lors de la formation des couples, la confusion règne.
La femelle qui pose pour la première fois les pattes sur le petit canton, est accueillie vertement, aussi plaisamment qu'un chien dans un jeu de quilles. Mais le temps passe, et, à l'issue de quelques petites semaines, le seigneur et maître, constatant son erreur, l'accueille enfin et remplace ses aboiements par des « vavava » qui indiquent à l'évidence que tout va bien.
Sans amour conjugal, peut-être, mais faisant preuve d'un amour paternel sans failles, le Corbeau de nuit justifie qu'on l'attende jusqu'à la nuit.
Il a fort à faire pour aider ses jeunes à grandir. Pour lui, les nuits sont trop courtes en été, et quand bien même il est très capable de pêcher la nuit, en bon nyctalope qu'il est, on comprend parfaitement qu'il s'accorde quelques pauses.

11 – Lors d'une pause


Quelques jours plus tard, alors que l'on vient le voir « à l'espère », comme disent si joliment les méridionaux, c'est son grand cousin, le Héron cendré qui est là, un plus tôt car ses mœurs sont sensiblement plus diurnes.
Il convient d'être au moins aussi patient que lui, et, plus encore serait mieux, car il songe et prend tout son temps, même s'il n'est pas en pêche.
Songeons donc avec lui.
En 1850, à peu près, l'homme a découvert la stupide notion de nuisible et a donc voué à toutes les gémonies, certains animaux, dont le Héron cendré, accusé de manger trop de poissons.
Riche percée conceptuelle, en vérité.
Il lui a fallu attendre 1968, année de remise en cause, pour qu'il accède au rang,  un peu moins détestable, de gibier. Et sept ans, encore, pour entrer enfin dans la liste des oiseaux protégés.
Il était temps, largement temps, car dès 1914, sa disparition se profilait à l'horizon.
Bleu, bien entendu, comme l'uniforme de nos soldats.
Il ne restait en France que 5 ou 6 héronnières en France ! Elles sont aujourd'hui plus de 700.
Trèves de balivernes, le héron a bougé...
C'était pour lui le moment de la toilette.
Bien que pourvu « d'un long bec emmanché d'un long cou », notre ami cendré peut nettoyer toutes les parties de son corps, à l'exception notable de la tête.
Imitant en cela les gentilshommes du passé, il se poudre. Non pour cacher les rides qu'il n'a pas, mais pour se défaire du mucus des poissons.
Possédant sur la face interne du doigt médian un véritable peigne, il puise de part et d'autre de sa poitrine et de son croupion, une sorte de talc produite par la désintégration de petites plumes  à la croissance constante.
Enfin, il se livre à ce que l'on appeler un nettoyage à sec.
Le procédé est assez courant chez les Ardéidés.

12 – Nettoyage à sec


13 – Etirement de fin de toilette


C'est le matin, plutôt, que l'on peut admirer sa cousine la Grande Aigrette, de taille similaire.
Toute de blanc vêtue, elle rend un peu jalouse sa sœur, l'Aigrette Garzette,  nettement moins grande Cette dernière a, en effet le bec noir et les pieds jaunes tandis que la grande a le bec jaune et porte des chaussures noires.
De quoi ruiner une carrière au cinéma...
L'automne est le moment, pour la Grande Aigrette, de prendre part aux pêches collectives en compagnie des spatules, des hérons cendrés et des Grands Cormorans.
Quelques migratrices font une petite halte et rejoignent les premières hivernantes déjà en place.
Baignée par des lumières plus douces, elle offre aux regards ses envols, ses amerrissages, et sa pêche, assez fructueuse, même lorsqu'elle reste individuelle.
Faut-il le dire.. ?
Bien évidemment, un peu plus tard, elle aussi procède à sa toilette, et, en bon « héron » qu'elle est, se sert de son peigne.

14 – Amerrissage


15 – Un brin de toilette


JO²

Quelques mots d'éthologie, quelques rappels historiques, des observations de terrain et toujours, Patrick, ce don de narration qui t'est propre, le tout illustré d'images lumineuses et superbement piquées!  )))) ))))
Je t'embrasse,
Amicalement
Joëlle

gjacobs

Chouette mise à jour avec les Ardéidés.

Gauthier

robin64

Waouh, je me régale autant des photos que des textes..
Bravo
Frédéric

alain33

bonjour Patrick
que c'est agréable de feuilleter ce fil avec de remarquables photos et un texte très personnel et de qualité
bravo pour ton dernier livre que je me suis procuré
Alain
Canon 50D et 7 D mark 2+ tamron 150-600mm g2 + canon macro 60mm +  sigma macro 180mm

GROSBEC

Un grand merci à vous Joëlle, Gauthier, Frédéric et Alain uy8
La série de nuages se poursuit...
Il me reste une dernière petite histoire que je vous propose avec plaisir.
Ensuite, si le temps ne change pas, je n'aurai d'autre ressource qu'entrouvrir ma mémoire... :mrgreen:

Amitiés à vous tous,

Patrick


Rejoignons vite les rives du marais, et l'eau, douce ou saumâtre, selon l'endroit.
Une avocette faisait la sieste dans les salicornes, ce matin-là et prenait visiblement plaisir à l'exercice.
Le temps de patienter jusqu'au réveil de l'oiselle permet de se rappeler quelques morceaux de sa vie.
Les premiers hivernants sont en place dès l'automne et leur nombre va croissant pour culminer en janvier.
D'autres populations viendront occuper la place laissée vacante au printemps, cette fois-ci pour nicher.
Ces chassés croisés permettent de la voir pratiquement toute l'année sur ces lieux.
L'été est bien la seule saison pendant laquelle elle brille par son absence ; et encore...
Quelques retardataires se rappellent parfois à notre bon souvenir en lançant quelques notes.
Les souvenirs affluent, par exemple la naissance d'un premier poussin photographié en direct.
La sieste est terminée.
L'Avocette fait admirer son plumage aux nuances subtiles pour un oiseau noir et blanc, et son bec retroussé, pétri d'élégance. Son nom est loin d'être usurpé, et ses hautes pattes bleues ajoutent à son costume une gracieuse touche de couleur.
Elle entame une toilette et puis part à petits pas pour parcourir son domaine.

16 – Eveil


17 – Le tour du propriétaire


Du côté de l'eau douce, les limicoles sont là, et l'automne est la saison dont ils profitent pour prendre des bains encore plus fréquents qu'à l'habitude.
Ces bains sont pour eux un moment de joie et ne peuvent que réjouir leurs admirateurs.
Un jeune vanneau, coutumier du fait, s'est peu à peu approché de l'emplacement idoine et, après quelques minutes de réflexion, s'est totalement abandonné aux plaisirs de l'onde.
Montre en mains, sa baignade a duré 10 bonnes minutes !
Il en était visiblement ravi, tellement heureux qu'il a bondi à son tour.
Sans doute émoustillée par la démonstration, une des bécassines habituées de l'endroit a rapidement enchainé par une jolie trempette, et, ne voulant sans doute pas être en reste, l'a terminée, comme il se doit, par...un bond.

18 – Vanneau à l'eau


19 – Bondissant


20 – La bécassine et son bond



JO²

On ne se lasse pas de ces chroniques du petit monde ailé hôte de tes lieux de prédilection, Patrick,  superbement illustrées d'images  que l'oeil du naturaliste et la maîtrise technique du photographe rendent toujours belles!  ))))
Je t'embrasse,
Amicalement
Joëlle

bleau77

photos superbes ,beau travail
A  77Sony 70X400 SONY 3OOMM2\8 Minolta 600mm F4 Minolta Sony 7 III 200 x600 Sony canon 1DX canon 7 MII

Mex

Salut Patrick,

chez toi il ne manque que le son!!!!!!!!!!

Amicalement
__________

jean mi

gjacobs

Bien belle suite!

Gauthier

Baussant

Un excellent reportage très instructif, bravo !
L' émotion nait de l' attente

Clic-Clac 51

Toujours un grand plaisir d'ouvrir ton fil
C'est instructif et joliment illustré
Bravo
Denis

photosgilles

Un très beau reportage nature, une belle passion pour nos amis à plûmes, un très beau travail, bravo Patrick !
Amitiés
gilles 
Mon Site: La Nature à travers mon objectif
      http://www.gilles-vare.com

GROSBEC

Merci du fond du cœur Joëlle, Bleau77, Jean-Michel, Gauthier, Christophe, Denis et Gilles.
Je vous propose une petite histoire puisée dans ma mémoire, en attendant le retour du soleil et des oiseaux.
Amitiés à vous tous,

Patrick

On a beau croiser les doigts, faire des prières ou allumer des cierges, les nuages n'en démordent pas.
En attendant, néanmoins, avec l'espoir du retour de la lumière, je puise dans mes souvenirs pour alimenter un peu ce fil.
Cet épisode  se situe un peu avant l'automne...
Un oiseau rare, rarissime même, avait perdu sa route. Il n'est pas aisé de comprendre pourquoi, lui, l'asiatique ou le sibérien a, un beau jour, posé les pattes ici, au Teich.
On n'en voit qu'un en France, les bonnes années.
Le lendemain de son arrivée, je l'ai attendu pendant 4 heures en compagnie de jeunes « cocheurs ».
Nous étions tous fort loin de nous douter que sa halte allait durer près de 3 semaines.
Fatigué par une route aussi longue, il a passé cette première journée à dormir. Loin des fenêtres, il ne s'est redressé qu'en de rares occasions pour les besoins d'entretien de son plumage et nous prouver qu'il était bien là.
L'observateur était content, le photographe un peu frustré.
Le paradoxe est que, par la suite (ardemment désirée) il est devenu bien plus difficile de le voir à une certaine distance que proche, parfois trop, à toucher l'objectif, ou presque.
Avait-il donc perdu le cap, comme il arrive à de nombreux oiseaux, ou bien suivi une troupe de Pluviers dorés, des cousins rencontrés dans son errance ?
Qui saurait donc le dire ?
Il a, c'est certain, consacré beaucoup de temps à se nourrir, passant des vers polychètes à gros insectes qui lui ont, pour ces derniers, donné un peu de fil à retordre.
On peut légitimement penser qu'il devait constituer des réserves, avant de rejoindre les iles du pacifique pour y passer un hiver confortable.
Il a offert ainsi des heures à ses admirateurs.
Parfois, houspillé par un vanneau, il se rasait dans l'herbe juste avant l'arrivée de l'agresseur.
Amusant spectacle qui l'a conduit, à plusieurs reprises, à quitter les lieux, pour y revenir assez promptement sans se décourager.
Les Vanneaux font pourtant bon ménage avec les Pluviers dorés. Celui-ci aurait-il donc décelé l'étranger, l'intrus ?
En bon limicole qu'il est, notre invité surprise n'a pas manqué de porter fréquemment le regard vers les cieux, surveillant l'éventuel prédateur.
Très légèrement plus petit que le Pluvier doré, le Fauve a le bec plus fin et plus long ; ce sont surtout ses pattes qui attirent l'œil, avec un long tibia qui leur donne de la hauteur. De la nuque à l'angle des scapulaires court un large trait blanc de toute beauté. Les tâches d'or sur le manteau sont plus amples et généreuses. Mais le trait diagnostique réside à l'intérieur des ailes, blanc chez lui, alors qu'il est gris pour son cousin.
Encore faut-il qu'il le montre !
Ce sont de merveilleux souvenirs, c'est une certitude.


21 – Fier d'être pluvier


22 – Tête à tête


23 – Visite aux salicornes


24 – Je t'ai à l'œil, faucon


25 – Au cœur du faisceau



26 – Sourcil, bec et tibia



JO²

Une des chroniques dont tu as le secret, Patrick, qui nous entraîne ici au pays du rare pluvier fauve. On se documente et on admire, et c'est toujours un plaisir de passer un moment sur ton fil!
Je t'embrasse,
Amicalement
Joëlle