Auteur Sujet: Rwanda, au pays des milles collines: gorilles et chimpanzés ...  (Lu 34898 fois)

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Avec un peu de retard je démarre ici ce petit carnet. 1 bonne semaine au Rwanda, de la sueurs, pas mal d'émotions et des rencontres marquantes.

Allez si ça vous dis, on y va:

L'avion est en descente sur Kigali, les infos cabine ne sont pas coupées nous pouvons donc lire l'altitude en temps réelle. Dehors il fait nuit noir,
1600m premiers crans de volet sortis,
1500m 2e crans suivit de prêt par la sortis du train d’atterrissage. Interloqué je me dis " tiens il les sort bien tôt quand même ",
1400 m derniers cran de volet, je suis un peu perdu dans la chronologie.
1200m gros coup de " reverse " et freinage rapide moment d'incompréhension.. et puis on réalise que c'est le système fournis une altitude niveau mer (Kigali est à 1200m) et que le pilote a tellement bien posé l'avion que l'on a pas sentis le contact avec la terre ferme. Applaudissement (mérité) de la cabine pour le pilote et ça y est nous sommes en Afrique.
Notre première sur ce continent, et comme toujours sur la piste des grands singes. Programme simple 3 j a Nyungwe, 3 j dans le parc des Volcans le reste sera de la liaison.

1 :


Formalité d'immigration vite expédiée, petit imbroglio à l'hotel car nous avons été trop vite et pris le chauffeur de l'hôtel au lieu du notre, petit mail aux familles envoyé depuis une antiquité trônant dans un réduit au milieu des Calebasses, le temps d’aller boire une bière au troquet à coté et voila déjà le lendemain.
Petits soucis au change : les dollars sont inspectés à la loupe, antérieur a 2000 ou avec une minuscule déchirure et hop recalé. On complète notre documentation dans la seul librairie vaguement correct de la ville et on file a Butare. Premiers contact avec l'avifaune locale et leurs corbeaux pie géants :)
suivit d'une étape au musée national du Rwanda (fort intéressant) et nous voila en route pour la Forêt de Nyungwe.

plantation de thé prés de Butare
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musée national
3 :


4 :


5 :


En route paf contrôle de police et comment dire … c'est l'afrique … on découvre ! En l'absence de radar les contrôles de vitesses se font à l'estime par 2 zélés fonctionnaires à pied. Et tandis que le premier palabre avec notre chauffeur le second venu sympathiquement engager la conversation nous explique qu'il voudrait bien venir en France et que ce serait génial si on pouvait lui trouver une douce amie. La routine en Afrique sans doute mais pour des novice cela surprend quand même un brin :)

Nyungwe enfin, comme annoncé la route est désastreuse et les cratères parfois bouchés par des tas de terre de 2m non encore étalés (et que la prochaine pluie emportera gaillardement).
Un mouvement sur le bas coté … pitain un l'Hoest … non un groupe entier. Nous pensons initialement que ces charmants petits cercopithèques doivent particulièrement apprécier certaines herbes des bas cotés car on en croisera plusieurs fois tandis qu'en forêt ce sera autre chose. Mais depuis nous avons appris que les L'Hoest se déplacent principalement au sol. Dés lors c'est logique, la route est pour eux une voie rapide et relativement sûre (peu de voiture) de déplacement.

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Tristement on ressort de la forêt (aucun logement dans le parc) et on débarque à la guest house de Guisakura planté au milieu d'un océan de plantation de thé.
Priorité : on réserve les chimpanzés pour demain, le reste attendra :)
Notre chambre est très correcte, les sanitaires collectifs mais propres et le repas mangeable bref tout va bien.

guesthouse
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Lendemain levé à 3h30 direction la forêt de  Cyamondugo (frontalière avec le Burundi). 45mn de route, autant de piste, une bonne demi-douzaine d’embourbements et nous sommes à poste.

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On sort les appareils et sacs sur le dos on suit le guide sur un sympathique chemin. On observe attentivement les feuilles alentours et répondons rapidement à une de nos interrogations : Pas de sangsue à l'horizon. On se dis " cool ça va être piece of cake à coté de Bornéo ! ". On s'arrête et le guide nous explique que les chimps dorment encore et faute de bruit les trackeurs déjà sur place peinent à les localiser.
20mn se passe, bavardage radio, on remonte à la route. Là déjà j'ai plus de mal je sens que l'altitude (1800m au gps) va nous faire cacher nos trippes et les 14kg du sac m'inquiètent un brin. On remonte la route sur 50m le long d'un fossé d'un mètre de haut surmonté par une végétation compact. Une coulée apparaît. Une troué de quoi, 50cm de diamètre :
-   les chimp passent par là !
-   cool !
-   On va les suivre !
-   Ha …. Heuuuu zêtes sûr ?

Inconscient de la suite nous y allons de bon cœur :) et on tombe sur une pente raide comme la mort, en forêt dense sans l'ombre d'un passage et on grimpe comme ça a bon rythme pendant 300m de dénivelé d'après mon baro. En haut aucun doute, on crache trippes et boyau et on s'empresse de ranger objectifs et appareils. Pose de 15mn, bavardage radio et on repart pour redescendre d'autant, aussi raide. On établit le contact avec les 2 trackeurs et on les suit. Une douloureuse heure de marche s'en suit. On monte de 20m, on descend de 30, on remonte de 40 en s'échinant à suivre des gars dont c'est le cadre quotidien de travail. Toujours aucun chemin je précise.
Ils nous montrent une empreinte de chimp mais on entend toujours rien !
On reste sur place et eux partent en reconnaissance. Un petit groupe de Mona nous passent royalement au dessus, pas soucieux pour deux sous de notre présence.

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Les trackeurs reviennent. En fait il a plu la veille, le groupe est dispersé et isolé les chimp sont plus méfiants et mobiles (car isolés) et de plus on est lent. Ils prennent donc nos sacs et on repart … inutile de préciser aussi rapidement que s'il ne portait rien. Et ça repart pour 90mn de dahus avec pour seul intermède la connerie de ne pas suivre les 2 pas d'écart du guide qui nous feront passer sur des fourmis fort agressives. Et toujours pas de chimp à l'horizon, ça sent le sapin cette histoire, d'ailleurs précisément on débarque dans un bois de sapin. On dirait carrément les alpes suisses là !
Les trackeurs posent les sacs, retentent une reconnaissance mais visiblement aujourd'hui ça sera sans. Comme ce devait être " facile " et pas encore tout à fait dans le rythme nous avons pris de l'eau mais presque rien à manger et après 4 bonne heures de marches, les 3 toats accompagné d'une petite banane et d'une tasse de thé sont fort loin ! Je suis en hypo total. La dernière heure de marche vers la voiture  sera franchement difficile :)
Bilan du jour 6 heures de forêt, 5 heures de marches, dans les 1000 m de dénivelé positif à 1800m d'altitude en moyenne,  3 photos ratées de mona et quelques morsures de fourmis … maigre bilan :)
L'équipe est terriblement désolé mais finalement nous on est quand même content rien que pour la forêt. Et puis demain est un autre jour, on a une deuxième cartouche pour les chimpanzés :)

Nous rentrons donc éreintés et affamés, la piste est encore plus pourrie au retour avec une courte pluie qui a rendu bien glissant le sol.
Nous arrivons à la guesthouse sur le coup de 15h posons les sacs et ressortons satisfaire nos estomac et … un groupe de vervet batifole dans le jardin!
Envolé faim et fatigue je file prendre le 300 et je poursuis en chaussette dans l'herbe nos petits amis. Finalement on ne sera pas complètement bredouille :)

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Le soir nous nous lançon dans une vaste opération d'allègement généralisé de nos sacs, et tout y passe, il faut gagner du kg coute que coute si on veut rester en vie :)
« Modifié: 25 Février 2009, 10:46:28 par smeys »

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Re : Grands singes au pays des milles collines
« Réponse #1 le: 23 Février 2009, 14:38:03 »
 
Jours 3 :
Aujourd'hui on va voir le groupe situé dans la forêt principale de Nyungwe. Il est normalement moins « facile » et moins sûr mais bon le bon coté est que nous gratons 30mn de sommeil du coup, lever 4h c'est la grasse mat :)

18 :


Route vers le GQ à Huwinka, inscription et on entame une longue descente avec le minibus sur une piste défoncée à flan d'une pente ultra raide. Le chemin se réduit sans cesse et se termine nez a nez avec un camion en vrac sur le coté et un autre sur la piste venu lui prêter assistance. Ca parle fort, on descend à pied, ils vont se dégager et notre chauffeur nous rattrapera ensuite.

19 :


Vu le site nous pensons la piste bloquée pour des heures mais notre brave Félix arrive 20mn plus tard, effectivement en Afrique il y a des miracles tous les jours :)

Nous remontons, encore 20mn de piste et nous arrêtons à la sortie d'un village. Comme toujours les gens et les enfants affluent on discute un peu, on fait quelques images des enfants ponctuées par des éclats de rire quand ils se voient sur les écrans et d'un coup … on entend des vocalises de chimp et pas qu'un seul. Nous commençons à rêver ! Un trackeur arrive discute avec le guide et nous voila de nouveau sur un joli petit chemin. On y croit et le chemin et le terrain semblent plus accueillant :o)
Hélas 5mn plus tard on pique à travers bois " pour aller plus vite ". Aucun problème on a retenue la leçon le matériel est dans le sac, on a de l'eau et des bananes on est paré. Nouvelles vocalises des chimp, ça sent bon pitain ils sont pas loin.
Et là c'est le drame ! On attaque une pente … aujourd'hui encore j'hésiterais entre mur de liane ou mur tt court :o) Couvert d'herbes hautes ou on ne voit pas nos pied qui eux ne rencontrent pas d'appui solide mais juste un malestrom de liane, plante et feuilles glissante posé sur une terre grasse tout aussi glissante.
Et pour compliquer notre tâche il faut aller vite, très vite même, en fait il faut suivre le rythme des trackeurs afin de tous arriver groupés et limiter les risques de voir les chimp s'en aller jouer ailleurs.
Même allégés les sacs pèsent, les 1800 m d'altitude se font encore sentir et le dernier quart d'heures les gars nous remorquerons littéralement sur la pente pour tenir le rythme imposé. On arrive le palpitant à 200 avec comme seule pensée " pitain je vais crever ! " :) et là on trouve un énorme ficus avec un petit groupe de chimp mâle en train de manger tranquillement.

20 :


La lumière est mauvaise (3/4 face), l'impossibilité d'utiliser le flash ne permet pas de lever correctement le contre jour mais qu'importe les 90 minutes suivante seront excellente. Assis callé contre la pente, nous observons, filmons, photographions nos petits amis en plein repas. Ils nous jettent à peine un œil de temps en temps.

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L’arbre est encombré, outre quelques l’Hoest, quelque Braza passeront aussi. Tous forts biens tolérés d’ailleurs par les chimps. Tous juste un grognement d’avertissement de temps en temps.
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Le retour sera presque aussi compliqué que l'aller sauf que là on prend notre temps et on y arrive seul.

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Un village traversé. Les vêtement posé a guache ne sèche pas c’est l’étale d’une boutique :)
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Le village vu d’en haut.
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Un œil de mécanicien exercé notera aussi l’inquiétante inclinaison de notre roue avant gauche. Le triangle tiendra jusqu'à Kinigi ou on nous amènera un autre véhicule :)
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Retour au qg de l'ORTPN nous sommes heureux cette fois ci nos cousins étaient bien au rendez vous.

Retour a Guisakura, repas et l'après midi nous allons aux colobes mais nous n'avons aucune idée du lieu nous restons donc avec nos fringues " de forêt " couvertes de boues et on tue le temps avec les colibris dans les fleurs.

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Et là nous voyons arriver un groupe d' nous ! » Tous nos autres projets de voyage s’effacent anglais, basket blanche, pantalons de brousse de marque immaculés, bref un rien décalé. Le guide arrive en fait le groupe de colobe est dans une portions de forêt à 1km de là, nous y allons à pied par la route, puis par un petit chemin dans les plantations de thé et nous débouchons d'un coup sur nos petits amis, en bordure de forêt.

Plantation :
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Les appareils commencent à crépiter et on a encore ce *$ù^$* de contre jour. Timidement et sans grands espoirs je demande au guide :
-  on peu utiliser le flash ?
- aucun problème, ils sont habitués.

Ha bon cool, on observe le groupe et les jeunes, on photographie, on se décale un peu et on recommence.
Puis le groupe recule un peu dans le bois, on nous emmène sur un jolis petit chemin avec de jolis marche renforcées en bois et nous suivons le groupe 20m plus bas en bordure d'une petite rivière qu'ils franchissent un a un par la canopée. Derrière une anglaise ne suit pas, pire c'est limite si elle ne descend pas les marches assises.
Nous regardons nos petits amis s'en aller et apercevons l'unique hocheur survivant dans le bois. Le guide nous explique que bien que séparé par 10km (au bas mot) de plantation de thé les chimpanzé font régulièrement des raid et viennent ici chasser les colobes (pour les manger je précise). Etonnamment ils ne chassent que le colobe et se donnent beaucoup de mal en plus, la raison serait que le colobe " c'est meilleur ".
En attendant les anglais découvrent un rien horrifie les mœurs guerrières et culinaires de nos cousins et, en passant, nous ajoutons le mots " Apes " à leur vocabulaire. En réponse ils nous annoncent fièrement que les chimpanzés sont comme nous des mammifères …. Certes …

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Le dernier hocheur
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Nous comprenons aussi que le lendemain ils vont voir les chimp.
Le soir venu nous leur montrons quelques images des chimpanzés du matin et un rien inquiet quand à leur niveau " physique " nous les mettons un peu en garde contre les difficultés du terrain et essayons de brosser un tableau honnête de la situation. Prenez les bâtons de marche, à boire, à manger, ne sortez pas vos appareils avant ils vous gêneront, soyez prêt à marcher beaucoup, etc
Histoire qu'il ne se fasse pas cueillir à froid comme nous. Au bout de 20 mn l'anglaise qui avait peiné dans l'escalier dans la forêt renonce et fond en larmes en annonçant à son groupe qu'elle va les ralentir donc vaut mieux ne pas qu'elle y aille.
Bon, ce n’était pas exactement le but de notre discours et on repasse le quart d'heure suivant à la convaincre d'y aller malgré tout mais en étant consciente des difficultés. Si ça se trouve ils seront très accessibles, les guides font tout pour aider, etc, etc, etc.

Au pire si elle n'en peut plus elle restera sur place avec un trackeur et voila ! Mais si les autres reviennent en les ayant vu après 10mn de marche elle risque d'être un tantinet dégouté de ne pas avoir tenté sa chance.
Et effectivement ils seront plus chanceux que nous et de surcroit les trackeurs la porteront littéralement pour la montée

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Re : Grands singes au pays des milles collines
« Réponse #2 le: 23 Février 2009, 15:07:11 »
Quel reportage !! On y est  :shock: :shock:

Merci infiniment à toi

Cordialement
Didier
Passer pour un idiot aux yeux d'un imb�cile est une volupt� de fin gourmet (Georges Courteline)

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Re : Grands singes au pays des milles collines
« Réponse #3 le: 24 Février 2009, 08:46:27 »
content que ça te plaise didier :)

Alors voila la suite:

Jour 4 :

Aujourd’hui nous avons rendez vous Besse. Une américaine qui participe à un programme de conservation local. Rendez vous à 9h au QG de l’ORTPN là c’est carrément l’orgie question sommeil :o)
Hélas malade elle ne pourra pas venir finalement et ne pouvant plus aller voir les animaux à cause de l’heure « tardive » nous tenteront notre chance sur les un petit trails aménagés en bordure d'un gigantesque marécage.

La dépression marécageuse. Le dernier éléphant a été abattu par des braconniers
en 1999, son crâne est exposé au QG de l’ORTPN.

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Nos amis les corbeaux pie
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Je suis un brin contrarié par le fait que l'on doit se coltiner un guide et ponctionner de 30$ chacun alors que je pensais allez flaner tranquille sur les chemins balisés à tout petit rythme photographique.

Schéma des trails
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Je m'agace de ne jamais avoir la bonne focale et le 300 a l'épaule me gêne mais je l'y laisse car le trail est censément réputé pour le birdwatching et que le marais nourris mes espoirs. Mais pas un oiseau et je finis même par faire tomber le 300 dans la boue rouge et grasse. Une chance il est partiellement emballé dans une guêtre. J'essaie de me calmer en nettoyant, me maudissant de ronchonner dans un site aussi exceptionnel et finalement on termine tranquillement nos 4 heures de ballade au milieu d'une forêt ou les mousses, lichen, fougères arborescentes nous donnent une petite idée des forêts du parc national des volcans.

marécage
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lichen
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arbre équilibriste
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Sur la route encore quelques petit l’Hoest, hélas les sacs sont rangés et comme florence n’a pas encore pû en faire de correct je fais l’assistant en lui passant aussi vite que je peux le matériel :o) Le temps que je l’occupe du miens, ils sont partis !

Retour à la guest house plus d’électricité, plus d'eau chaude (les anglais ont tout vidé) et on prépare nos sacs à la frontale pour notre départ le lendemain. Un rien triste de quitter cette forêt mais ragaillardis par l’idée que ce départ nous rapproche des gorilles.

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Re : Grands singes au pays des milles collines
« Réponse #4 le: 25 Février 2009, 09:13:41 »
Jour 5 : Programme du jour on remonte a Kibuye par la piste sur les bords du lac Kivu. Petit détail nous sommes dimanche, le pays a à 99% chrétiens donc c’est jour de messe. Et c’est assez surréaliste, énormément de monde s’y rend (il y a 3 voir 4 messe à la suite pour pouvoir accueillir tout le monde) et comme toujours les gens se déplacent à pied. Mais là ils sont habillé pour la messe, c'est-à-dire sur leur 31. Et donc nous voyons des dizaines, des centaines de personnes sur le bord de la piste en terre qui marchent en direction de l’église la plus proche. Le contraste est saisissant.

Une église :
48 :


Et puis au détour d’un virage le Lac Kivu apparaît. Véritable mer intérieure nous distinguons à peine au loins l’île centrale. La région des grands lacs porte bien son nom. Pour l’anecdote il grandit, en effet les côtes s’écarte de 5 à 10mm par an. Dans quelques millions d’année la zone située à l’est sera transformée en île comme Madagascar. En attendant nous découvrons ses berges découpées d’une infinité de petit fjord variablement encaissé.

49 :


Alternance de paysages et pause photos répétées. Comme partout dans le pays le moindre cm2 de terre est cultivé.

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51 :


Et la tradition veut que le père divise sa terre à part égale à l’ensemble de ses fils comme héritage. De générations en générations le paysage s’est donc morcelé à l’infini. Banane, mais, sorgo, thé, café, manioc ont trouve absolument de tout. Hélas la densité de la population rend les cultures permanentes et la terre s’épuise vite. Le pays doit aujourd’hui utiliser aussi des engrais. Quand nous faisons par de nos doute en Europe vis-à-vis des OGM (santé, dissémination, etc) et expliquons que au bout de 50 ans ont commence juste à se rendre réellement compte des effets négatifs de l’emploi massif d’engrais et pesticide sur la santé Félix tombe des nus. Nous lui expliquons donc la situation conscient et désolé de voir, ici comme ailleurs, les même erreurs se répéter. Peu être que, comme les enfants, un pays doit commettre des erreurs pour en tirer ses propres leçons. Malgré tout on aimerait tant dire à ces gens de ne pas refaire les même que nous.

Le lac :

52 :

 
Nous ne nous faisons pas à cette densité de population. Une portion de piste déserte, on s'arrête pour faire quelques images et dans la minutes surgissent dont ne sait ou 2 ou 3 enfants et dans les 5mn suivante ils sont 8 ou 10. Partout ils nous réclament des bouteilles d'eau (vide, c'est juste pour le contenant), ce ne serait pas un problème si on ne nous avait pas précisé qu'il fallait l'éviter car d'une part la pollution engendré par ces " déchets " à termes peu poser problème, mais que surtout une bouteille d'eau plastique n'est pas adaptée à la conservation prolongée de denrées alimentaires. Leurs donner du plastique c'est les encourager a abandonner des moyens plus traditionnels nettement plus sains et adaptés au pays. On à beau savoir les raisons cela reste un crève cœur de leur répondre non quand on les a vu cavaler 1 colline entière pour arriver avant que l'on reparte.

53 :


Je met un moment à comprendre aussi pourquoi tout les enfants sont si mal habillé. Tandis que l’on croise des ado ou adultes habillés normalement tous les enfants eux sont de vieux vêtements 3 fois trop grand pour eux. La raison est juste logique, les gens ont peu de moyens (agriculture de subsistance) et se fournissent dans les stocks de seconde mains des vêtements occidentaux. Moralité peu ou pas de petite taille et s’il y en a ils sont hors de prix. Moralité les enfants récupèrent de vieux vêtements d’adultes jusqu'à ce qu’a avoir la taille d’en avoir des « neufs » à eux. Résultat plus ils sont petits plus ils sont mal habillés.

village et habitation classique

54 :


55 :



Le vase d'expansion de notre fier véhicule est fêlé, nous refaisons donc l'appoint régulièrement mais pas de soucis midi arrive et Kibuye est en vue.

Nous logeons au centre Béthanie, centre spirituel catholique qui accueil aussi les visiteurs et touriste de passage. Nous découvrons en fait des bungalows donnant sur le lac avec chacun une salle de bain nickel.
Et de nouveau nous retrouvons un peu de vie animale.

56 :


Pour l'après midi, nos économies fondant assez vite, nous préférons une ballade à pied sur les berges du lac à une promenade en bateau et puis félix veut aller faire réparer notre auto. On marche 1 heure et tentons, sans grand succés, un affut improvisé sur 4 martin pêcheur qui tourne sur la zone.

57 :


Mais nous reprenons notre promenade vers l'hôtel car un méchant orage pointe son nez à l'horizon.

58 :


59 :


On surprend fugitivement une loutre en chasse mais impossible de la pister 5mn, l’orage est sur nous.

Crop vigoureux de la seule image réalisé pour identifications et pas nette

60 :


L’orage passe assez vite mais nous ne retrouverons pas notre petite copine :o(
Nous assistons à un mariage sur le lac et au départ à la pêche d'un groupe d'embarcations étranges qui pêchent au lamparo toute la nuit.

61 :


Demain nous partons de bonne heure. Direction le parc des Volcans avec un passage à la frontière de la RDC.

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Re : Rwanda, au pays des milles collines: gorilles et chimpanzés ...
« Réponse #5 le: 25 Février 2009, 22:16:11 »
On a vraiment l'impression de participer à ce voyage, c'est un régal !
Merci pour ce partage
Vivement la suite  :mrgreen:
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Re : Rwanda, au pays des milles collines: gorilles et chimpanzés ...
« Réponse #6 le: 26 Février 2009, 08:55:40 »
merci mart1 de ton passage :) bon y a au moins 2 personens qui lisent alors voila la suite :)

Jour 6 : Programme du jour on continue notre remontée du lac Kivu par la piste et ce jusqu'à  Gisenyi qui marque la frontière avec la ville de Goma en RDC ensuite nous repartons pour le parc national des volcans.
Mais avant nous retentons une ultime fois de retrouver notre amie la loutre. On se lève un peu plus tôt et avant le petit dej nous retournons donc tenter notre chance au lever du jour.
Hélas point de loutre en vue, juste quelque sympathiques oiseaux que je persécuterais au 600mm jusque depuis notre table :o)

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64 :


Nous prenons ensuite la route. La veille Félix nous avait demandé si cela nous posait problème d’emmener une des serveuses avec nous pour la déposer à un village. Pas de problème nous la retrouvons donc dans Kibuye. Bien involontairement nous ne sommes pas très causant. En effet nous venons de passer devant une église. Kibuye a été durement touché durant la guerre en 94. Les pires atrocités y ont eu lieu, particulièrement dans les églises justement. Celle ci est mignonne, classique, rien à en redire. Sur le coté on découvre un petit terrain clôturé. Disons 15m de façade sur 50m de profondeur. Une belle pelouse, quelques fleurs et un panneau qui précisent que sur ce terrain sont enterré 10000 personnes qui furent tué dans l’église à coté. Cela dépasse simplement l’entendement, 10000 personnes sur cette surface. Un instant je tente de réaliser concrètement ce que cela signifie mais renonce bien vite.
Le pays est truffé de mémoriaux plus ou moins grand et plus ou moins significatif. Mais celui là nous glace le sang particulièrement. Nous ne ferons aucune image (je le regrette un peu aujourd’hui) mais pas le cœur à cela.
Il nous faudra donc un petit moment pour digérer cela.

A mi chemin le paysage change radicalement. Dans tous le pays tous est cultivé à perte de vue, les animaux d'élevage ont interdiction de divaguer et les vaches sont donc cantonnées dans des cabanes. Mais ici tous est pâturages. Un reliquat de forêt désormais protégée trône au milieu de ce paysage surprenant et le relief aidant, par endroit, ca ressemblerait presque aux Alpes.

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Inutile de préciser qu’il n’y a pas d’infrastructure pour l’eau dans le pays. Mais, loin d’être aride, les collines sont riches en eau, aussi des collecteurs ont été installés (souvent par les belges durant la colonisation) en de très nombreux endroits. Les gens vont donc s’y approvisionner mais cela n’empêche pas qu’ils parcourent, à pied, des dizaines de kilomètre par jour, juste pour leur ravitaillement en eau.
Au chapitre des questions d’occidentaux stupides que nous sommes, nous nous étonnons que toutes les femmes aient les cheveux courts. La réponse logique étant qu’il est fort compliqué de conserver une bonne hygiène avec des cheveux long quand l’eau est si difficile à approvisionner.

Ici un homme remonte du fond de la vallée avec un jerrican d’eau sur la tête.

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Nous retraversons ensuite d’immenses plantations de thé :

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Comme toujours la déforestation d’une zone a, entre autre pour conséquence, l’érosion des sols. En effet la plupart du temps la forêt se constitue d’une fine couche d’humus généré par la forêt elle-même posé sur un socle dur voir rocheux. Les sous sols sont finalement assez pauvres et d’ailleurs les arbres ne s’enracinent pas en profondeur mais s’élargissent de la base pour assurer leur stabilité et continuer à s’alimenter dans cette fine couche superficielle riche. Quand la forêt est coupée il y a 2 conséquences. La couche « riche » n’est plus renouvelée (elle s’épuise donc vite) et surtout elle n’est plus tenue par les racines et donc part avec la pluie laissant un sol pauvre et rocheux à nu.
Ici le problème s’est rapidement posé compte tenu de la topographie particulière et des fortes pentes. Pour compenser on à reboisé largement des zones immenses avec des espèces à croissance rapide (pin, eucalyptus, etc) qui ne vont d’ailleurs pas sans poser d’autres problèmes mais qui au moins assurent une certaine tenue des sols et une alimentation en bois de chauffage.
Aussi nous ne verront que peux de trace d’érosion dans le paysage, néanmoins cela arrive quand même comme ici :


72 :


Encore quelques images des plantations de thés :

73 :


74 :



A la mi journée nous sommes à Giseny. L'ambiance est lourde, la route en cours d'élargissement à sonné le glas de nombre d'habitation frappées d'une croix rouge et en cours de démontage ou de démolition. Nous passons devant la frontière avec la RDC, l'actualité récente rend ce lieu lourd de signification. Nous désirons retirer un peu d'agent depuis quelques temps mais inutile de préciser que, même à Kigali, il n'y a pas de distributeur bancaire dans les rues. Seules quelques banques dans le pays peuvent réaliser ce genre d'opération et il y en a une à Giseny donc nous y faisons une rapide halte et reprenons la route enfin. JE dis enfin car nous resterons un rien tendu jusqu'à ce que l'on reprennent la route vers Kinigi.

Les gorilles tiennent une place importante dans nos cœurs, nous avons donc, entre autre dévoré, les livres de Diane Fossey et George Schaller (qui avant fossey a passé 1 ans dans ces montagnes) et vu quantité de documentaires et films sur le sujet. Aussi c'est un peu avec une excitation d'enfant à la veille de noël mêlée à la sensation d'entrer dans un film que nous voyons progressivement apparaitre et identifions les différents volcans du parc. Le Karisimbi d'abord, le Bisoke ensuite et enfin le Sabinyo.

On approche, plus de doute :
75 :


Le volcan Sabinyo :
76 :


Une fois posé nos affaires au Guest house on file faire une rapide reconnaissance au headquarter de l'ORTPN, situé a 5mn à pied, histoire de se mettre dans l'ambiance.
En chemin des enfants nous abordent, nous faisons quelques images individuelles, puis de groupe car il s'agit d'une petite équipe de foot local et là l'un deux nous demande si on pourra lui envoyer par email. Sur le moment on est sur le cul puis évidemment nous acceptons non sans lui avoir bien expliqué que ça va pas venir de suite il faut qu'on rentre déjà, traitions les images, etc. Nous en profitons pour lui demander s’ils connaissent les gorilles. Et oui on les leurs a présenté largement à l’école, ils les connaissent, les ont déjà vu en bordure du parc mais ne sont jamais vraiment allé a leur rencontre comme le font les touristes. Puis sous divers prétexte ils essaient de nous entrainer vers le village proche pour aller dans une boutique leur acheter un dictionnaire. Pas dupes nous comprenons qu’ils n’y a aucun dictionnaire à la clé mais seulement quelques gorilles en bois. Ils insistent gentiment mais nous résistons et finissons par nous quitter en leur promettant d’envoyer la photo. Nous marchons 20 ou 30m quand un garde de l’ORTPN nous interpelle de manière pas très fine pour nous demander ce que nous ont demandé les enfants. Innocemment nous racontons sommairement nos échanges en passant sous silence l’épisode du dictionnaire et de la boutique. Pas envie qu’ils aient des problèmes car nous sentons, sous jacent, que le mot d’ordre passé doit être « ne pas importuner les touristes ».


77 :


Le headquarter est fermé à cet heure mais qu'importe demain nous avons rendez vous à 6h30. En attendant on prend de l’avance et dévorons tous les panneaux d’informations au public.

78 :


panneaux de matérialisation de la distance de sécurité à respecter.

79 :



Retour à la guesthouse et nous profitons du coucher du soleil sur les volcans Karisimbi et Bisoke

Le sommet du Karisimbi :

80 :


Karisimbi à gauche, Bisoke à droite

81 :


nuage lenticulaire en formation sur le Karisimbi

82 :


Etrange ambiance le soir à la guesthouse, des groupes de touriste sont là et on sent déjà la machine commerciale et touristique à l'œuvre.
La plupart ne reste qu’une journée pour une visite gorille au sein d’un voyage organisée, ca fume, ça boit, ça cause fort et ironiquement on se dit que certains risques d'en chier un tantinet le lendemain à la montée. En effet le headquarter est à 2600m, et ensuite il faudra monter, pour certains pas loin, pour d'autre jusqu'à des 3500m ou plus.
Le matériel photo et les sacs sont prêt, mais la nuit sera tendue.
Par contre première victoire, a grand renfort de parano et de médicaments de tous ordres que nous ingurgitons à la moindre alerte depuis 1 mois, nous avons évité d’être malade. En effet notre proximité génétique avec les gorilles les rend sensibles à nos infections. Un bon rhume est donc très logiquement éliminatoire pour  les visites.
Pas de soucis de ce coté là donc c’est déjà un motif de soulagement !

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Re : Rwanda, au pays des milles collines: gorilles et chimpanzés ...
« Réponse #7 le: 26 Février 2009, 09:12:20 »
Très intéressant ce reportage
Merci pour le partage !
Olivier Simon

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Re : Rwanda, au pays des milles collines: gorilles et chimpanzés ...
« Réponse #8 le: 26 Février 2009, 09:28:28 »
ça monte, le suspense, ça monte...
Passer pour un idiot aux yeux d'un imb�cile est une volupt� de fin gourmet (Georges Courteline)

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Re : Rwanda, au pays des milles collines: gorilles et chimpanzés ...
« Réponse #9 le: 26 Février 2009, 09:36:37 »
Magnifique reportage,
Un grand merci pour ce partage.

C'est tout simplement superbe, tant dans la description que dans le rendu photographique.

Merci... 


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Re : Rwanda, au pays des milles collines: gorilles et chimpanzés ...
« Réponse #10 le: 26 Février 2009, 09:41:56 »
Les photos sont magnifiques, autant de la nature que de l'ambiance locale et des gens. Et le récit... on attend la suite ! ;)

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Re : Rwanda, au pays des milles collines: gorilles et chimpanzés ...
« Réponse #11 le: 26 Février 2009, 23:27:37 »
Formidable !!! et ce dans un pays peu réputé pour sa faune , hormis le parc des volcans et le parc de l'Akagera , que tu ne nous as pas ( encore ) montré !

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Re : Rwanda, au pays des milles collines: gorilles et chimpanzés ...
« Réponse #12 le: 27 Février 2009, 08:54:31 »
ayé didier les gorilels arrivent :)

Fada >Formidable !!! et ce dans un pays peu réputé pour sa faune
Il faut dire qu'il n'y a aucun espace pour la faune sauvage hormis les portions de forêt sauvegardé aussi.

> hormis le parc des volcans et le parc de l'Akagera , que tu ne nous as pas ( encore ) montré !
L'akagera n'était pas (et ne sera d'ailleurs tj pas si on y retourne) au programme désolé :)


Jour 7 :
Nous somme tendus comme à quelques heures d’un examen important on avale difficilement 1 toast chacun. En sortant le spectacle du lever de soleil sur le sommet du Sabinyo sonne comme une bouffée d’oxygène :

83 :


D’ailleurs en l’espace de quelques minutes le sommet se dégage totalement :

84 :


1mn de minibus et voila l'ORTPN enfin.
On remplis 3 papiers on discute un peu avec les gens et l'ambiance nous détend. Les gardes sont en briefing, on attend 20mn.

85 :


Coté Rwandais il y a sur le massif environs 13 groupes de gorille identifiés. 5 sont accessibles au public, 7 aux chercheurs mais il arrive, en période de pointe, que certains groupe de recherche soit utilisés pour le public.
L'importance et la composition des groupes sont évidemment très variables ce qui rend leur " attrait " variable aussi. Logiquement un groupe nombreux à de nombreux bébés et jeunes et est donc plus dynamique et potentiellement riche en observations. La star incontesté c'est le Susa groupe, 41 individus, 4 dos argentés et un grand nombre de bébés, jeunes et femelles. Les groupes plus petits se composent d'un seul dos argenté avec 3 ou 4 femelles, plus quelques jeunes et un ou deux bébés. Tous ne sont pas également accessibles non plus, si certains ne nécessitent que 20 à 30mn de marche facile d'autre comme le Susa ou le groupe 13 demandent 1h de voiture et parfois 2 ou 3 heures de marche en forêt dense pour établir le contact.

En ce qui nous concerne nous avons 2 visites de réservées et espérons donc avoir le Susa groupe à l'une ou l'autre. Maintenant pour notre première rencontre on attend juste de savoir quel sera notre groupe. On espère seulement ne pas avoir un groupe trop " facile " d'accés, histoire d'avoir un peu le temps de profiter de la forêt et de la ballade. Et puis nous ne venons pas au zoo mais voir des animaux sauvages ce qui, pour nous, devrait s'accompagner d'un minimum d'effort.
Les attributions font l'objet d'intenses tractations entre les guides privés et ceux du parc. Les critères sont mystérieux on attend donc fébrilement.
Felix revient, " c'est le Hirwa groupe ".

86 :


Les signes en bas de chaque images sont un schéma des rides du nez qui, comme nos empreintes digitales, permettent une identification des individus.

Avant le départ j'avais récolté et compilé le maximum d'info, composition et localisations des groupes, photos d'identifications de certains individus, etc et tous est consigné dans un petit carnet. On se jette donc dessus ! bon c'est un petit groupe intéressant. Facile d'accès mais comportant 1 dos argenté (Muninya), 3 ou 4 femelles (je n'ai pas le sexe de tous les individus) et 4 bébés.
Les groupes de visite sont de 8 personnes nous avons donc 6 " amis " pour la visite et il est difficile de ne pas céder à la caricature. De bon gros américains, classiques équipés comme pour un safari en voiture au Kénya. En même temps on s'en fiche un peu, l'important c'est les gorilles.

Premier briefing des gardes, présentations du groupe et de son historique. C’est le groupe le plus récent, le dos argenté s’appelle Muninya. Hirwa en kinirwandais signifie chanceux. En effet Muninya a quitté sont groupe d’origine (le susa) à sa maturité. Il est resté quelques temps seul puis a entamé une série d’interactions rapprochées et musclées avec d’autres groupes afin de subtiliser des femelles et constituer son propre groupe.
 
Le terme subtiliser est d’ailleurs un raccourci. Ont décrit souvent les gorilles comme fonctionnant sur le modèle du harem mais ce mot, emprunté à notre vocabulaire, masque une certaine réalité des choses.
En effet le ratio des naissances est neutre (presque autant de mâle que de femelle) mais il n’y a qu’un seul mâle mature par groupe de disons 5 à 10 femelles. Dans de très grand groupe (15/20 femelles) plusieurs dos argenté peuvent se côtoyer mais sur un groupe de taille « classique » le dos argenté est seul.
La conséquence direct est donc que tous les mâle ne peuvent former de groupe (pas assez de femelles) l’offre (le choix) est donc supérieur du coté des femelles. Ainsi au final (et en dépits des apparences et du rapport de force) ce sont elles qui choisissent leur dos argenté et peuvent à tous moment décider d’aller ailleurs, si elle pense trouver mieux. C'est-à-dire un mâle plus fort ou plus expérimenté ou même simplement pour changer de statut social. Il y a une hiérarchie strict et héréditaire chez les femelles et donc émigrer vers un groupe en formation peu permettre a des individus en bas d’échelle d’occuper une meilleure place dans un nouveau groupe.

Dans le cas du Hirwa groupe Muninya a donc entamé de manière répétés et rapproché dans le temps une série d’interaction avec tous les groupes rencontrés. Chose rare, à chaque fois il est sortis victorieux de ses affrontements avec les autres dos argentés et à chaque fois il a vu 1 ou 2 femelles rejoindre son groupe. Une telle série de succès étant exceptionnelle c’est pourquoi les garde l’ont trouvé chanceux et on ainsi nommé ce groupe.

Les gardes nous donnent quelques conseils sur les comportements à adopter. Si jamais on tousse se détourner et mettre la main, ne pas toucher les jeunes même s’ils approchent, rester calme, parler à voix basse, se déplacer lentement, etc. Rien de neuf, mais toujours utile à préciser.
Puis nous reprenons les voitures, 30mn à 5km/h sur un chemin particulièrement défoncé et nous sommes arrivés au point de départ.

Le sabinyo au pied du quel se trouve le groupe Hirwa.

87 :


La colonne, encadrée par 2 soldats armés, entame doucement sa monté à petit rythme car, même leurs sacs confiés à des porteurs, nos " amis " peinent un peu.

88 :



Le chemin serpente au milieu des cultures et des maisons et moins d'une demi heure plus tard le muret de délimitation du parc se profile, et nous commençons à le longer. On questionne le guide sur la distance à couvrir et il répond évasivement quand une odeur reconnaissable entre mille chatouille mes narines.
Il me répond " non non, ils sont encore loin ! ". Mouais prend moi pour une truffe aussi ! :o) mais bon c'est de bonne guerre il cherche à ménager ses effets. 2 mn plus tard 2 trackeurs sortent du bois de bambous.
Rapide discussion, on franchit le mur marchons 10mn et posons les sacs: nous y sommes !
En effet le contact se fait sans les sacs et sans les bâtons de marche. Il s’agit donc d’être organisé surtout que j’ai du matériel à trimballer. Nous posons donc tous et transférons batteries et cartes mémoire dans les poches. Pour ma part je prends 2 boitiers (20d/50d) avec respectivement un 70/200 2.8 et un 300 2.8 plus les convertisseurs (1.4 et 2) ainsi qu’un 24/70 en étuis à la ceinture. Je suis un peu encombré pour évoluer sur la pente glissante dans les bambous mais ça va.
Nous marchons 5mn encore, des craquements, on s'arrête !
Et là nonchalamment une femelle nous passe devant petit sur le dos à moins de 5m totalement indifférente à notre présence. Elle s'enfonce aussi vite qu'elle  était apparue dans une profonde cuvette.
C’est flou je sais mais c’était la première alors je garde :o)

89 :


On repart pour 10mn de marche pour contourner ce relief et arrivons au fond intact après moult dérapages sur la pente abrupte. Cette fois ils sont autours de nous. En fait tous ne sont pas encore sortis des nids du matin et certains jeunes nous regardent passer en dessous d'eux. Je m’attends à ce que l’un deux nous urine dessus au passage mais non, la douche ne viendra pas :o)
Enfin on arrive dans une toute petite zone ouverte dans cette zone de bambou dense, Muninya le dos argenté est là ainsi qu'une femelle que j’identifierai comme étant « ntamuhezo », un bébé et deux jeunes qui jouent à trap-trap. 2 ou 3 autres femelles sont très proches, on sent plus qu’on ne voit leur présence et elles se tiennent un peu à l’écart.

90 : ntamuhezo


91 : Muninya



Voila on y est, on se pose et on observe et seulement là je réalise vraiment. Accroupis je peste d'abord contre quelques branches parasites dans mes cadrages puis me calme bien vite devant le spectacle. On est là, ils sont là aussi, on a 3/4 d'heure devant nous et c'est le moment ou jamais de s'imprégner de ce moment exceptionnel.

92 :


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100 :



Le temps passe, les adultes mangent tranquillement tandis que les jeunes se poursuivent dans tous les sens dans les bambous. Une femelle s'intéresse alors à nous. Je lis dans ses yeux la curiosité et l'envie de s'approcher mais le dos argenté est là et il vient déjà de mener une petite charge d'intimidation vers une femelle avec à la solde un vigoureux coup de pied à cette dernière. Elle hésite, avance d'un pas faisant mine de rien mais sensiblement elle se rapproche. Je ne perçois pas d'agressivité dans son comportement mais comme je l'ai souvent observé chez leur cousin en parc elle à tous les signes des gorilles décidés à tenter ce qu'elle sait être une bêtise et comme un enfant dans la même situation, elle progresse faisant mine de rien mais surveillant attentivement le chef.

101 :


Ce dernier s'est arrêtée de manger, Ntamuhezo est 3m devant nos amis américains quand rapidement Muninya se lève et charge. Elle esquive en nous passant devant rapidement et le dos argenté lui termine sa charge en bousculant le guide ce qui conduit tous le groupe des américains à s'asseoir à la suite dans un rapide mouvement de domino.

Voila les choses sont revenu à leurs place, Muninya revient à sa position de départ, se rassoit et reprend son repas. Ntamuhezo elle se résigne à rester à distance mais nous regarde toujours rêveusement.

102 :


103 :


104 :


Les minutes filent, le guide annonce les 10 puis 5 dernières minutes mais je me demande bien comment on va se dégager dans la mesure ou les gorilles entament leurs premières sieste du jour et qu'ils se sont disposés en arc de cercle autours de nous. La seule voie possible est une pente très raide derrière nous. Et effectivement nous passerons par là, le garde devra tailler quelques marches dans la boue et la végétation à la machette et la remontée sera épique. Si les gorilles sont capable de moqueries, ils doivent bien se fendre la poire intérieurement de nous voir si maladroit.
Dernier regards en haut à nos amis et nous reprenons notre route dans les bambous vers la limite du parc.


Nous arrivons les premiers au QG de l'ORTPN, récupérons nos « diplômes » et faisons route vers la guesthouse les pensées encore perdues dans les brumes du Mont Sabinyo.

Pour l'après midi Félix nous propose d'aller voir les Pygmée, nous acquiesçons et encore pris par les gorilles je ne réalise pas totalement ce que cela signifie. Sur le coup je pense juste à un village pour touriste mais une fois sur place nous découvrons des huttes absolument misérables et des gens d’une pauvreté extrême. Felix nous invite à regarder dedans mais je ne peux m'y résoudre, l'impression de faire le voyeur dans un camp de SDF. Florence donne très discrètement à une femme un peu d’argent (à la femme car sinon son mari s’empresserai de les boire) et Félix nous explique que cette ethnie est totalement marginale, sans aucunes ressources et que pour aggraver le tableau ils se marginalisent à l’extrême eux même. Le QG de l’ORTPN est à 2km à vol d’oiseaux et le contraste entre l’argent généré par le parc et ces gens est tout simplement choquant. Félix me demande une photographie des huttes pour les envoyer à un ami susceptible de faire un reportage TV sur eux.

105 :



Nous redescendons quand un homme prend a partie félix, puis 2 puis 3 personnes et rapidement un groupe se forme. Le kinirwandais à ceci de particulier que le ton renseigne mal sur le sens des conversations mais tandis que les enfants continuent à vouloir se faire prendre en photos et se regarder ensuite, nous comprenons que cela vire au vinaigre. Le groupe s’étoffe, quelques hommes ont des machettes à la ceinture et je vois des ado faire plusieurs aller retour vers notre véhicule hors de vue à ce moment.
Quand au bout de 20 mn l’un des hommes se plante devant félix frappant brutalement le sol avec un bâton le doute n’est plus permis malgré l’apparente bonne humeur de notre guide. Les palabres continuent de plus belle, je vois le bouquet d’arbres de la guesthouse, à tout casser à 1000m dans ma tête défile différents scénario tout en pensant que notre véhicule est sans doute immobilisé d’une manière ou d’une autre. Mais nous nous armons de patience en tentant de faire bonne figure. Ca palabres encore 20 ou 30 mn, hommes et femmes continuent, plus ou moins fortement d’invectiver Félix.
Finalement il semble les menacer de passer un coup de fils puis en passe un et là au bout de 2mn un homme apparaît pantalon noir chemise blanche immaculée, chaussure de ville et semble faire l’intermédiaire. Nous repartons pour 15mn de palabres a l’issue desquel l’étau se desserre et nous regagnons notre véhicule dont les 4 roues étaient abondamment bloquées avec des pierres.

Nous ne le saurons qu’ensuite mais la personne est un militaire en civil qui passait par là et voyant notre camionnette bloquée est monté voir ce qui se passait (rien à voir avec le coup de fils donc).
Les pygmées accusant félix d’avoir touché de l’argent pour nous emmener là et ne voulant rien leur donner. Lui souhaitait juste nous montrer une autre réalité du pays et que je lui fasse quelques photos.

Petit détails nous sommes le 20 janvier, le soir même c’est l’investiture d’Obamah qui sera largement suivit par les Rwandais.
La journée fut sacrément riche en émotions et c’est l’esprit un rien bousculé mais déjà aussi à notre visite du lendemain que nous nous couchons.

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Re : Rwanda, au pays des milles collines: gorilles et chimpanzés ...
« Réponse #13 le: 27 Février 2009, 10:46:46 »
Excellentissime, faut en faire un bouquin, Seb, y a la matière et le talent... et je subodore qu'on a pas encore tout vu  8)

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Re : Rwanda, au pays des milles collines: gorilles et chimpanzés ...
« Réponse #14 le: 27 Février 2009, 13:42:22 »
ce fil est MAGISTRAL, il m'a fait voyager devant mon écran. MERCI tout simplement!  !!!! !!!!

Nico
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Re : Rwanda, au pays des milles collines: gorilles et chimpanzés ...
« Réponse #15 le: 27 Février 2009, 15:46:24 »
Quels paysages, c'est impressionant.
Une région qui ne m'attirait pas particulièrement mais tu m'as donné envie de la découvrir.
Merci !  :wink:

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Re : Rwanda, au pays des milles collines: gorilles et chimpanzés ...
« Réponse #16 le: 27 Février 2009, 19:47:21 »
Ton récit de ton séjour est G E A N T!!!!! j'adore.

Amitiés

laurence

newmat

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Re : Rwanda, au pays des milles collines: gorilles et chimpanzés ...
« Réponse #17 le: 27 Février 2009, 19:59:59 »
J'ai passe quelques minutes en train de baver!!!  :shock: :shock:

 :wink:

CiaO!

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Re : Rwanda, au pays des milles collines: gorilles et chimpanzés ...
« Réponse #18 le: 27 Février 2009, 22:31:58 »
on ne peut qu'admirer tes photos et rêver de ces rencontres !
Merci d'avoir pris le temps de partager ces moments qui nous apporte une part de rêve et de bonheur.

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Re : Rwanda, au pays des milles collines: gorilles et chimpanzés ...
« Réponse #19 le: 27 Février 2009, 22:46:56 »
j'adore ce genre de compte rendu de voyage photos et récit et quand c'est raconté de manière vivant comme tu le fait, c'est vraiment intéressant à lire : Bravo, on s'y croirait

Jip
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Re : Rwanda, au pays des milles collines: gorilles et chimpanzés ...
« Réponse #20 le: 02 Mars 2009, 09:41:11 »
allez avant dernier morceaux et seconde visite au gorilles. Effectivement Didier le 1er jours n'a été (pour nous) que l'entrée en fait :)

Jour 8 :
6h30 qg de l’ORTPN nous sommes prêt. Les gardes sont encore en Briefing.

106 :


Florence ne rêve que d’une chose le Suza group, Félix lui ne nous l’a pas garantis mais est très confiant de l’obtenir. Nous retrouvons une personne du staff issue aussi des formations de Durell a Jersey comme florence. Nous discutons donc un peu et à la question « vous savez ou vous allez ? » nous glissons innocemment « le suza on espère ! ».
Et on recommence à attendre. Les gardes terminent leurs briefing le responsable vient voir les guides privés, discutions animées, Félix revient vers nous tout sourire (mais il est toujours comme ça aussi ! ) :« C’est bon vous avez le Susa ! ».
Flo explose de joie moi c’est pareil mais j’intériorise.
Un groupe géant et une belle marche pour y aller que rêver de mieux. Mais on reste sur le cul quand on voit arriver nos américains de la veille eux aussi pour le Susa. Car si le Hirwa est à 20mn de marche, le Suza est réputé éloigné et difficile d’accès (en général 3h de marche). 2 françaises nous accompagnent aussi cette fois ci.

107 :


Re briefing avec les gardes comme la veille, puis 50mn de voiture et nous voila au point de départ. Bon aujourd’hui on ne joue pas, ça peu être long et haut donc on prend chacun un porteur pour les sacs et la colonne s’ébranle, toujours encadrée par un militaire armé à chaque extrémité.
Une des américaine demandera quand même naïvement « do they have bullet in their guns ? » Bha non bien sûr c’est juste pour le décor !
Au bout d’un quart d’heure nos américaine affichent déjà des mines déconfites et s’arrêtent régulièrement. Le guide les encourage et nous les rassurons aussi mais le mauvais temps monte et nous sommes quand même un peu inquiets. La perspective de faire la visite sous la pluie car on aura dû attendre nos boulets ne nous amuse pas.

108 :


La montée continue donc à petite allures avec de fréquentes pauses. A ce train nous aurions pû garder nos sacs mais bon …

109 :


1 bonne heure plus tard nous sommes au mur et apercevons furtivement 1 cercopithèque à diadème (golden monkey).

110 :


Rebriefing sur les contraintes une fois dans le parc, comme le guide n’est pas très à l’aise en français et que nous avons déjà eu le briefing la veille on aide un des guides à le faire en français aux 2 françaises nous accompagnant.
On passe le mur, franchissons assez vite un bois de bambous dense et progressons dans les herbes hautes.

111 :


20mn plus tard, comme la veille une effluve vient caresser mes narines. Sans bien connaître l’odeur du gorille je l’aurai manquée cette fois ci, mais elle est bien là. Pour m’enlever tous doutes les trackeurs apparaissent déjà.

Le Suza sera donc facile aujourd’hui ! Comme la veille on pose les sacs, récupérons notre matériel et suivons le guide. On débouche sur une petite clairière ou assise au soleil, comme nous attendant, sommeil Dufatanye et son bébé d’un an environs. On est à 5m et j’ai l’air malin avec mes 2 longues focales ! Mais bon l’instant est fragile et je ne peux me résoudre à risquer un changement d’objectif et perdre ainsi quelques précieuses secondes. J’espère juste que flo, fera quelques plans larges pour compléter mes portraits serrés.

112 :


113 :


114 :


115 :


116 :


117 :


118 :



Mes bras tremblent sous le 300mm et je dois m’accorder quelques secondes de récupération émotionnelle. Nous mitraillons 5mn jusqu'à ce que, lassé, elle s’en aille retrouver ses amis en nous passant à 3m.
Le petit nous observe attentivement de ses deux petits yeux couleurs d’ambre.

119 :


120 :


121 :



Les guides nous entrainent alors vers un dos argenté isolé. C’est le n :4 et dernier dans la hiérarchie des dos argenté du groupe. Contrairement à leur cousin des plaines de l’ouest plusieurs dos argenté peuvent coexister dans un même groupe. Il y a une hiérarchie et la plupart du temps un lien de filiation entre eux. Un groupe de 41 individus ne peut conserver sa cohérence qu’avec plusieurs mâles pour en assurer la sécurité et la stabilité. Et nous verrons plus tard que, avec les jeunes, ils ne doivent pas être de trop à 4 pour gérer ce joyeux bazar :o)

Petit anecdote en passant, à l’époque ou le gorille Digit est assassiné par des braconniers dans les années 70 et ou son groupe se désintègre (consécutivement aux attaques répétés des braconniers) Diane Fossey indique, dans son livre, qu’une des femelles émigre ensuite vers un petit groupe marginal de quelques individus du coté de la rivière Susa. 30 ans plus tard ce petit groupe marginal peu observé alors est devenu le plus important du massif.

Nous restons 5 ou 10 mn avec ce dos argenté qui nous ignore royalement en continuant à manger et en choisissant attentivement chaque poignée.

122 :


123 :


124 :



Puis les guides nous entrainent sur la pente, on pénètre dans un bois de bambous très dense en suivant une femelle.
Là le guide s’arrête dans une espèce de caverne dans les bambous. Je suis en fin de colonne je vois mal mais il y a des gorilles absolument partout. Vu le lieu je suis persuadé qu’on ne va pas rester compte tenu de l’exigüité donc je patiente ou je suis. Mais rapidement le dernier guide me fait avancer et asseoir juste devant et là c’est purement indescriptible.

6 à 8 individus jeunes et juvéniles jouent dans tous les sens sous les yeux de 2 ou 3 femelles. Ca court en tous sens, ça nous passe à moins d’un mètre, les plus agés font de petit display avec les bambous que déjà ils brisent facilement compte tenu de la section. Certains frappent le sol en passant avec des branches, par moment ça se dispute un peu, bref ça pétille de vie.
Le milieu est clos, aucune possibilité de recul pour nous. Cela dure … je ne sais pas 10 ou 15mn comme cela.

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Un ou deux juvéniles s’enhardissent et viennent taper les jambes d’un garde et ça joue de plus belle. Coté photo c’est l’horreur pas de lumière du tout, grande proximité et ça bouge de partout mais je m’en fous comme de l’an 40, je mitraille mollement sachant le résultat plus qu’incertains mais surtout, surtout je profite.
Et là c’est le drame :o)
Depuis un moment l’excitation est monté d’un cran. Je fais très attention à mes dragonnes et appareils car dans l’excitation si un jeune s’en saisit en passant ça risque de ne pas être amusant du tout.
Et j’ai l’œil dans le viseur quand je sens plus que je ne vois quelque chose se préparer à ma gauche. Très proche ça prend son élan vers nous, un juvénile sans aucun doute mais je n’ai pas le temps de vérifier. D’un geste rapide je baisse l’appareil sur mes genoux, ramasse la courroie et baisse la tête attendant je ne sais quoi.
Et ça ne loupe pas !
Un juvénile s’est élancé à 3 ou 4 mètre, passe en courant et m’assène au passage une bonne baffe sur la tête. Emotions dans notre groupe et moi je suis mort de rire intérieurement en me disant « ha le petit salopiot, il m’a eu ! » et je m’empresse de rassurer tout le monde « it’s ok ! it’s ok no problem ! ». Je ne pense à ce moment là qu’a une chose égoïste : « pourvu qu’on ne parte pas.
Le petit fourbe se tient à 3 mètres, ou il s’est arrêté en fin de course, et me regarde avec l’air taquin qu’ils savent si bien prendre, fier de sa petite attaque éclair.
Les minutes suivantes, la raison revient et je suis inquiet, s’ils s’enhardissent trop on va devoir partir, déjà là je pensais les limites atteintes. D’ailleurs bientôt une petite dispute éclate entre 2 juvéniles. Rien de méchant mais ces 4 boules de poils agitées et vocalisant fortement qui nous passent devant sont un rien impressionnantes quand même.
Sur la vidéo j’entendrais, à posteriori, les guides répéter « don ‘t worry, don’t worry » en boucle, tandis qu’un autre répète, en boucle aussi, une vocalise d’apaisement.
A peine quelques secondes après le début de ce petit accrochage, alerté par les cris, Kurira le dos argenté dominant du groupe, apparaît d’un seul coup au milieu des bambous. Les protagonistes se séparent immédiatement mais l’agitation demeure malgré tout. Lassé par ce joyeux bazar, Kurira finit par partir assez vite.

Nos guides sont toujours confiants apparemment et on ne bouge toujours pas.
5 minutes plus tard mouvement à ma gauche, exclamations des américaines, je regarde et là un second dos argenté arrive. Tranquillement, avec assurance il vient s’asseoir juste devant nous à 2M grand maximum. Sans geste de stress ou de tension Nyagakangaga nous détails méticuleusement tandis que les jeunes ont pris de la distance. Je connais l’importance du regard chez les gorilles, spécialement chez les dos argentés et devant l’imposant silverback je n’ai donc aucun effort à faire pour manifester mon humilité. Je baisse très ostensiblement la tête et l’observe à la dérobée en évitant très soigneusement de le fixer plus de quelques secondes.
J’entends le guide répéter derrière « take picture ! »
Oui … bha si ça te dérange pas je vais attendre un peu hein !
-« Il n’y a sans doute aucun risque mais je ne tiens pas à ce qu’il y ait la moindre équivoque entre lui et moi :o) «
Il restera là jusqu'à la fin nous tournant finalement le dos. Les autres ont pris du champ et ça joue plus mollement.
Un moment j’essai d’estimer la distance entre lui et moi et finis par conclure « c’est simple, je m’allonge par terre d’où je suis, je le touche ! »

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Comme hier, bien trop vite à notre gout le guide annonce « last minutes ». Bon je vais avoir un problème. 40 minutes par terre les jambes repliées et je suis totalement ankylosé et au moment de partir j’aurais besoin de l’aide du guide pour me relever ne souhaitant pas particulièrement trébucher et tomber sur notre amis Nyagakangaga qui se tient toujours à moins de 2 mètres.

Quelles expériences ! Si hier nous avons vu les gorilles aujourd’hui nous étions avec eux. A chaud il est peu de dire que nous sommes sur un petit nuage. A froid le souvenir reste purement fantastique et exceptionnel mais teinté d’une certaine inquiétude. En effet s’il y a une distance de sécurité théorique de 7m à respecter avec les gorilles c’est avant tout pour des raisons sanitaires. Les gorilles sont vulnérables aux infections et maladies des hommes (rhumes, etc). Et leur vie communautaire rend la propagation au groupe, une fois un individu contaminé, quasiment systématique.
Hors les 2 fois cette distance n’a jamais été respectée, et les 2 fois nous étions dans une situation ou le terrain ne nous permettait pas de reculer pour la respecter.
L’an dernier le Susa group à connu une série d’infection pulmonaire importante qui a touché presque tous le groupe et même obligé les « gorilla doctors » à endormir une femelle et son bébé afin de les soustraire 24h au groupe et leur prodiguer des soins nécessaire. Opérations à haut risque pour tout le monde.
Le problème est donc très réel. Le lendemain nous avons appris que ma « mésaventure » avait fait l’objet d’une attention particulière au briefing des gardes. Peu être pour souligner la nécessité de les approcher plutôt dans des milieux ouverts permettant du recul si nécessaire.

Nous retrouvons les trackeurs, nos sacs, et commençons la descente sous une petite pluie qui bien vite s’accentue. Mais alors qu’est ce qu’on s’en fout de cette pluie maintenant :o) Après ça, un des volcans aurait pû se réveiller que ça n’aurait pas décroché le sourire de nos visages.

Hors ligne Olivier_S

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Re : Rwanda, au pays des milles collines: gorilles et chimpanzés ...
« Réponse #21 le: 02 Mars 2009, 10:32:08 »
Quels regards !
Ça doit être fantastique d'observer ces animaux dans leur milieu naturel.
On sent ton émotion dans ton récit, merci encore pour le partage  !!!!
Olivier Simon

Hors ligne Pudro

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Re : Rwanda, au pays des milles collines: gorilles et chimpanzés ...
« Réponse #22 le: 02 Mars 2009, 13:29:00 »
Salut,

J'ai rencontré le groupe Suza en 1990 !
Je suis donc heureux d'apprendre que cette famille continue son chemin malgré les évènements terribles qui ont ravagé la région depuis près de 20 ans.
A côté des tiennes, mes photos sont autrement pourries, mais comme tu le décris si bien, le souvenir lui est resté intact et terriblement intense.

C'est une rencontre forte, inoubliable.

Franck   :grin:
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Hors ligne Didou

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Re : Rwanda, au pays des milles collines: gorilles et chimpanzés ...
« Réponse #23 le: 02 Mars 2009, 16:11:42 »
j'ai pô d'mots...










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Hors ligne mart1

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Re : Rwanda, au pays des milles collines: gorilles et chimpanzés ...
« Réponse #24 le: 02 Mars 2009, 22:47:57 »
De bien belles images et beaucoup d'émotions à travers ce trés beau reportage.
Encore merci !
Carpe diem