Bonsoir à tous,
Avant tout, je voudrais préciser qu'au delà du simple aspect photographique, ce fil se veut de vocation informative et militante. Et oui mes amis, car si l'huître, par son simple nom, peut porter à sourire, il n'en demeure pas moins derrière cette carapace (ou plutôt cette coquille) un être sensible, à fleur de peau ... et pourtant réprimé, par l'intermédiaire d'immondes coutumes millénaires ...
N’avez vous jamais serré les dents devant un étalage de supermarché, où gisent agonisants ces pauvres mollusques, privés de l’océan qui les a vus naître, livrés au mains peu scrupuleuses des poissonnières ??? N’avez vous jamais entendu, au détour d’une Douzaine et d’un filet de citron, le cri déchirant de l’huître qui, sentant la fin venir, tente désespérément d’échapper à votre fourchette aiguisée ???
Si c’est le cas, j’espère que grâce à ce post, vous ne regarderez plus jamais l’huître de la même manière …
Mais ne nous étalons pas en lamentations … car comme vous, pas plus tard qu’hier, je demeurais dans l’ignorance … C’était errant à travers les rochers, sous la voûte nuageuse, que je fis cette rencontre incroyable … Un éclat blanc, le nacre absolu, la blancheur divine … Comme un cristal tombé dans un lac de cendre … Une huître me faisait face.
Soudain tout agité par cette rencontre inespéré, j’entrepris de me dissimuler à sa vue, de peur de la voir fuir … par chance, la belle, somnolente, se dorait la coque sous la lune bleue du crépuscule, et avait omis ma présence. Caché derrière une bernique, me vinrent à l’esprit les conversations d’éthique photographiques croisées sur Bénélux … fallait-il ou ne fallait-il pas prendre le risque de déranger cet animal, qui n’avait, auparavant, sans doute jamais croiser l’Homme … comment réagirait-elle si je m’approchais, juste un peu ?
Emporté par l’émotion et l’excitation, je ne pus cependant résister à tenter une approche … Léger comme le rocher, vif comme le ruisseau, c’est ainsi que j’approchai le farouche bivalve. Toujours immobile, il m’observais désormais, de ses yeux profonds que seuls les rêveurs peuvent entrevoir … je « figeai », et chaque claquement du déclencheur fut comme un aboutissement pour moi … je sentis un lien, infime tout d’abord, puis plus intime et subtil ensuite, s’établir entre l’animal et moi … l'union de deux êtres d'apparence si différente mais de nature si semblable
(surtout le dimanche matin après une fête légèrement arrosée)...
Puis, subitement, plus rien, comme pétale éphémère, dame huître avait disparu … peut-être un bigorneau mal luné lui avait-il fait peur ?!
Dans tous les cas, jamais je ne la revis … seules demeures ces quelques images volées :
Pour terminer, c’est avec émotion que j'en appelle à vous, à votre cœur, à vos tripes (et oui, une huître sans défense fait toujours en sorte de compliquer votre digestion ...) pour participer à la sauvegarde de cette espèce fragile, indignement maltraitée au fil des ans, et qui mérite aujourd’hui un véritable retour à la dignité.
Car derrière chaque huître, il y a un ami …
Merci de votre attention,
Léo