Avec la pluie intermittente l’activité est presque nul, quelques juvéniles tentent sans grandes convictions des approches sur nous mais dans l’ensemble chacun attend que cela se passe. Le Susa ne sera donc pas une explosion de vie pour cette fois mais quel bonheur de revoir quelques têtes connues et les deux bibous de l’année.
138 :
139 :
140 :
141 :
142 :
L’heure arrivant à son terme nous retournons à nos affaires et de nouveau j’hallucine. Les animaux sont à moins de 10m, certes hors de vue, mais si la consigne évidente est de ne pas manger devant eux c’est aussi bien de ne pas le faire à proximité vu leur mobilité. Mais voila que tous le monde commence à ouvrir les lunchs box, certains bien installé se pelant même des œufs. Les pisteurs n’osent rien dire et pas le choix vu la marche pour descendre on sort chacun un sandwich que l’on avale le plus rapidement possible afin d’assurer un minimum de carburant et nous partageons le reste avec pisteur et guide. En effet à chaque fois nous sommes sidérés car ils montent sans eaux ni nourriture. Impatient le guide finis par donner le signal du départ.
Avec regret nous disons au revoir à nos pisteurs qui ont, pour le coup, été adorables et comme c’est le dernier jour nous leur laissons le solde de nos budget « pourboires » ça sera une très bonne journée pour eux
Le guide doit avoir le feu au fesse car il entame la descente à un rythme de dingue, personne ne suit sur ce terrain glissant et la colonne s’étire rapidement. Concentré sur nos pieds nous entendons un craquement, puis un autre je lève le nez et boum voila tit pas furtivement un gorille dans les bambous. Et aucun doute vu le gabarit c’est un dos argenté.
Le guide demande à tous le monde d’accélérer car la consigne est stricte. On fait toutes les images qu’on veut pendant l’heure de visite mais en cas de contact en dehors de ce cadre pas d’image et on ne s’attarde pas.
Mais à la vitesse ou il va personne ne suit et certains ralentissent même la colonne pour observer le gorille. Pendant une bonne minute je devine le dos argenté qui suit latéralement notre déplacement à distance. Le seule qui manquait à l’appel c’était Kiki donc logiquement c’est lui, il doit surveiller des éléments dispersés du groupe et nous aussi par la même occasion. C’est assez magique de les revoir de manière inattendue comme ça surtout quand nous tombons sur un jeune assis au bord du chemin et qui nous regarde passer tranquillement.
Le guide est loin devant c’est trop tentant pour certains qui s’arrêtent et commencent à ressortir les appareils photos. Après avoir marqué quelques secondes de pauses nous les dépassons en les enjoignant à nous suivre. Peine perdue évidemment. Le plus agaçant c’est que d’une part il y a un règlement clair, c’est le deal de départ et d’autre part ont dis souvent que le gorille le plus dangereux est celui qu’on ne voit pas. Ici avec ce genre de comportements, un dos argenté invisible mais à proximité et pour tous encadrement deux porteurs du village la situation est foireuse surtout avec de tels attitudes de la part des visiteurs. Quand nous rejoignons le guide et qu’il ne voit pas tous le monde forcément il comprend et remonte furax les chercher.
Pas le temps de mettre nos souvenirs dans l’ordre que nous revoila à courir, glisser, tomber des fois bref la routine. Puis surprise nous longeons une petite rivière, la première que nous voyons au sein du parc, et je réalise qu’il s’agit de la rivière Susa ce que me confirme le guide.
143 :
A la fin des années 70 Diane Fossey avait identifié quelques individus sur ce secteurs mais comme c’était très éloigné du site d’étude le suivit était épisodique et elle leur avait logiquement donné le nom du principal repère géographique. C’est finalement avec une certaine émotion que je longerais ce petit cours d’eau vers lesquels ce sont dirigé les survivant du groupe de Digit quand il fut tué et décapité par des braconniers fin 1977.
Une fois hors du parc nous auront encore une petite heure de marche. Pour nous ce sont les derniers instants sur ces volcans. Ensuite nous partons dormir sur le lac Kivu puis retour à Kigali le lendemain, aéroport, avion et retour à la maison. Chaque sourire d’enfant est donc un bonheur et je regrette d’avoir bien trop peu de canne à sucre à leur laisser. Nous discutons longuement gorille avec notre deuxième guide qui, nous racontera comment la femelle borgne du groupe Kwitonda perdit son œil.
Le village ou nous sommes garé apparait au détour d’un champ et sonne la fin de l’aventure quel contraste entre la joie des enfants qui nous entourent et la tristesse qui s’empare de nous. Mais après tous comme disais mon grand père « il faut partir pour pouvoir revenir ! ».
1 heure de route plus tard nous atteignons les bords du lac Kivu et l’hôtel ou nous passons la nuit est adorable, nous logeons dans un adorable petit bungalow à 2 pas de la plage. Mais au fond je ne peux m’empêcher de regretter notre guest house de Kinigi. Il y fait froid et humide le soir mais je me sens un peu chez moi au pied de ces volcans.
Le temps est venu de laisser ce pays aux milles collines notre guide et son adorable famille, ainsi que « nos » gorilles derrière nous. Impossible de dire quand, mais se dire que nous reviendront est le seul réconfort que nous trouvons tandis que l’avion nous ramène chez nous.
Un vol épouvantable d’ailleurs, coincé au milieu de la rangé centrale, le système vidéo du bord bloqué, une bouffe abominable et un personnel de cabine aussi accueillant qu’un gardien de prison. Bref quelle joie de rentrer …
Merci aux courageux qui auront lu nos petites aventures jusqu'à bout
Pour revoir tout ça en vidéo (30mn):
http://www.youtube.com/watch?v=51bVJl5BB50