Vous voudrez bien excuser la qualité médiocre de cette photo, issue du scan d'une vieille diapo ayant survécue à la canicule 2003. Voici les circonstances de la prise de vue :
Un jour ou plutôt une nuit, je me suis mise en tête de photographier un rossignol qui s'époumonait, tout seul, au beau milieu d'un roncier, juste en face de chez moi. Equipée d'un Pentax, d'un téléobjectif de 200 mm, d'un doubleur de focale et d'un flash, rien que ça, j'ai plongé lampe frontale sur le crâne, dans le roncier. Et m'en suis relevée à grand fracas tandis que
Luscinia megarhynchos s'envolait, lâchant un couac épouvanté.
"[…] Et dans la splendeur triste d'une lune "
"Se levant blafarde et solennelle, une"
"Nuit mélancolique et lourde d'été,"
"Pleine de silence et d'obscurité,"
"Berce sur l'azur qu'un vent doux effleure"
"L'arbre qui frissonne et l'oiseau qui pleure."
La chasse au Philomène recommença au soleil levant et s'acheva au crépuscule. C'était la première fois que je m'attaquais à ce sujet et j'ignorais alors que cet oiseau là peut être moqueur. J'ai planqué des heures durant et déployé des trésors de patience pour approcher l'artiste, rampant centimètre après centimètre, sous un fatras d'épines et de branches mortes. Avec pour tout résultat, de brusques silences, des envol furtifs, des réapparitions ponctuées de légers froufroutements d'ailes, puis… l'explosion de trilles triomphales au creux de mes tympans. Car le Philomène chanteur, poursuivi par un paparazzi, aime à passer ses gammes sur les nerfs du photographe.