Bonjour à tous,
Je fais remonter ce fil après avoir laisser reposer un peu (et sûrement trop peu) les esprits échauffés.
Mais la raison vient du fait que la forme et le contexte de ce post semblent a posteriori mal choisis même si l’ouverture d’un fil dédié partait d’un bon sentiment pour éviter de polluer les fils ou la polémique avait été lancée par d'autres. Je conçois donc qu’il aurait été plus délicat d’attendre un peu et de moins forcer la dose sur la présentation volontairement provocante et pétrie de raccourcis afin de faire réagir.
Je voudrais pondérer les propos qui suivent par le fait que je suis bien conscient que ma façon d’intellectualiser ma pratique de la photo est sûrement démesurée, trop sublimée, trop naive et frisant quelque part avec de l’extrémisme…ça me semble vraiment evident et je l’avoue sans honte. Dans mon cas particulier ça me permet de trouver un contrepoids essentiel à mon « autre vie » ou je suis constamment en train d’accepter des choses qui ne cadrent pas avec mes convictions profondes.
Donc j’essaie de rester complètement objectif mais, la encore, ça a certainement ses limites et je vous prierai de prendre un peu de recul si vous trouvez matière à vexation dans mes propos. Autre chose pour être complètement transparent, l’arrivée d’images faites dans les Pyrenées par ce biais a ravivé et amplifié mes positions sur le sujet qui me genait moins, je vous l’avoue, quand ça ne concernait que la finlande. Ca n’a rien a voir avec de la jalousie vis à vis de la production de Franck, avec qui j’en ai également discuté en direct et, ne remets en aucune manière en cause le profond respect que j’ai pour la personne et son travail photographique. Il y a plein d’images que je jalouse bien évidemment mais jamais au point de développer une quelconque aigreur vis à vis de leur auteur, c’est juste de la stimulation, de l’émulation positive.
Je precise aussi que je ne vends pas mes images et ne cherche pas à le faire car lorsque la question s'est posée, je trouvais, que c'était faire une concurrence non necessaire à ceux qui faisaient le choix courageux d'aller au bout de leur passion. Mais la encore je ne cherche pas a stigmatiser les amateurs qui sont en agences ou autres, c'est un choix personnel, potentiellement à revisiter.
Nous sommes sur un forum ou parler de notre passion sans se limiter à l’image me semble nécessaire à bien des titres. Malgré tout, ce type de communication écrite est toujours sujet à interprétation et a des vexations bien légitimes.
Pour autant je ne souhaite pas laisser planer des intentions qui n’étaient clairement pas les nôtres et éviter les raccourcis qu’ont peut décemment faire à la lecture de ce fil dans son contexte.
Je trouve vraiment décevant (et éprouve ainsi les limites de ce mode de communication) qu’on ne puisse pas voir dans nos propos autre chose que du prosélytisme ou de l’élitisme. Ce n’était clairement pas notre intention et comme l’a dit Laurent, ni l’un ni l’autre ne souhaitions nous placer au-dessus de la masse pour montrer du doigt et stigmatiser une pratique ou imposer un avis. Non, nous ne souhaitions pas dire que nous lavions plus blanc que blanc car rien n’est bien évidemment tout noir ou tout blanc. C’est même paradoxal d’en arriver à cette lecture quand le fond de notre motivation était de réaffirmer l’intérêt d’une pratique artisanale, traditionnelle qui nous semble être altérée par une récupération de notre passion par le marché.
Je pense que plus d’uns ici doit sentir cela et, à mon avis, ressentir plus qu’une « légère » gêne à pratiquer la photo nature de la sorte. Bien entendu, comme il l’a été été rappelé de manière très pertinente la règle numéro un, le respect de l’animal, doit prévaloir mais, d’après ma conception de la chose, ce ne doit pas être non-plus le seul garde-fou et l’approche intellectuelle de l’activité me semble aussi être quelque chose d’important.
Je ne me considère pas comme un specialiste de telle ou telle espèce. Ni de l’aigle, ni du tetras ni d’aucune autre. Dans mon cas precis, ma très modeste experience des sujets que j’ai pu traiter ne me donne en aucune manière la légitimité d’un spécialiste. Je ne pense pas non plus être plus méritant qu’un tel ou un tel à faire certaines images car, bien qu’il ait fallu faire pas mal de sacrifices et d’efforts, je pèse à sa juste valeur la chance que j’ai de vivre à proximité d’une nature riche et d’avoir eu l’occasion de rencontrer des gens qui m’ont souvent aidés dans ma démarche. Les images de ce post par exemple doivent leur existence à Laurent puisqu’il suit ce couple depuis maintenant 8 ans (à titre personnel) et que nous etions sur ses « terres ». J’essaie d’aider les associations de sauvegarde par le partage de mes obs ou la cession de droit photo, ça me semble être comme le dit Alain un juste retour des choses pour la nature.
Mais le fond de ce débat est ailleurs, il est dans le fait qu’il est aujourd’hui incontestable que la pratique de la photo nature est en pleine mutation et explose littéralement.
Comme dans tout il y a du bon et du mauvais. Et cet effet de mode s’essoufflera peut-être mais je pense qu’il est possible de faire réfléchir afin d’éduquer les photographes mais aussi leur « consommateur » de sorte de ne pas laisser s’installer certaines déviances. Ces déviances qu’on retrouve dans tous les domaines de notre vie ou l’argent, le profit et le droit incontestable à se faire plaisir sous couvert du respect des libertés individuelles ont engendrés des dégâts qu’il est difficile de curer, et qui viennent ronger certaines valeurs fondamentales qui en faisait l’attrait.
Je pense que refuser le dialogue ou stigmatiser aussi ce qui veulent, intelligemment ou pas, initier le débat ou le faire avancer est une erreur. En effet, même si on en a déjà parlé ailleurs, je n’ai pas souvenir qu’on soit arrivé à une conclusion satisfaisante mais plutôt à des situations stériles. Je m’indigne aussi que, sur ce sujet particulier, on pose une sorte de chape de plomb ou qu’on laisse planer un voile alors qu’il semble normal a tout le monde de stigmatiser (à juste titre d’ailleurs) et de manière récurrente les microstocks qui font de l’ombre aux professionnels de l’image.
Je suis pour une « labellisation » de ce type d’image qui me semble (comme dans d’autre domaine) être le seul moyen de valoriser l’artisanat qui je pense peut en souffrir. Pour moi il y a l’art et la manière dans toutes choses et il serait juste de relayer celle-ci de manière plus claire et precise pour tout le monde (avis aux agences , magazines…puisque bcp nous lise dans l’ombre). Lever les ambiguïtés qu’on laisse trop souvent planer pour mettre en avant une image edulcorée d’aventurier qui va si bien avec le photographe animalier. Il faut être capable d’assumer sa démarche jusqu’au bout. Par exemple, j’assume très bien et sans amertumes le fait que mes images de sujets « réputés difficiles » puissent ne pas aller très loin dans les quelques concours auxquels j’ai pu participer car elles répondent moins à l’esthétique privilégiés dans la sélection.
Il est clair que catégoriser et stigmatiser n’est pas une bonne chose dans l’absolu. Mais laisser se démocratiser des pratiques qui dévalorisent (surtout par l’opacité qu’il existe encore aujourd’hui) des images fruits de démarches plus traditionnelles l’est encore moins, à mon sens.
Sans pour autant vouloir considérer que ce type de démarche est de la sous-photographie, car c’est de la photographie il n’y a pas de problèmes la-dessus.. C’est juste une approche différente tout comme la photographie d’animaux captifs en est une autre. Mais, je suis sur que bcp des détracteurs de ce débat seraient plus enclins a stigmatiser ce dernier type de photographie qui comporte aussi des difficultés techniques, et permet également :
# d’avoir un interet documentaire et d’eduquer,
# de rencontrer et d’aider des gens exceptionnels qui oeuvrent pour la protection (centre de soins etc.…)
# de faire passer une émotion, j’ai vu encore recemment de très belles images de renardeaux faites dans un centre de soins.
Donc, démarches différentes qu’il appartient à chacun de vouloir ou non emprunter, en compléments ou non d’autres démarches photographiques. Il n’y a, la non plus, pas de problèmes, chacun fait bien comme il veut ( j’ai aussi echoué au diplôme de dictateur, trop naif qu’ils m’ont dits ;o) )
Je terminerai par une réflexion plus générale sur le fait qu’il semble presque normal, comme un droit naturel, d’accéder à tous ses rêves même en payant. Dans un sens ,je pense que c’est bien souvent un leurre de penser cela. Je pense qu’en procédant de cette manière on remplit dans l’instant une partie de ce rêve mais on en bafoue aussi une autre partie qui bien souvent participait beaucoup à son éclat. Je trouve normal, juste et beau qu’on ne puisse pas arriver à tout en prenant les raccourcis que l’argent permet. La vie est courte, très souvent ennuyeuse, le temps libre bien souvent limitant mais je trouve normal et sain que certains rêves restent des rêves parcequ’on a pas pu, su et/ou voulu déployer les efforts et les sacrifices que d’autres ont concédés faire pour y accéder.
Désolé d’avoir été long, merci pour vos participations pertinentes sur lesquelles j’aurais voulu plus rebondir et mes amitiés à tout le monde!
Greg