La question des affûts payants en porte une autre en filigrane : qu’est-ce qui fait une photo ou « la » photo. C’est comme en sport ou se situe la performance ? Pour moi, dans tous les cas, la performance se situe très bas… question d’échelle. Je crois qu’il est bon de savoir situer ses limites.
J’ai la chance d’habiter un territoire (Le Cantal) vide d’habitants, et de plus en plus vide. Ce territoire m’offre un terrain de jeu qui a le double avantage de ne pas monter trop haut (ouf !), d’être relativement petit (reouf !) et de m’offrir quelques belles opportunités.
Je peux, parce que c’est mon choix, mener des explorations-repérages systématiques, avancer dans la connaissance du terrain, des bestioles, de leurs habitudes. Oui ça me prend du temps, mais c’est mon plaisir. Je n’ai pas l’intention de partir en Finlande ou ailleurs, parce que j’estime avoir assez à faire chez moi. Mais qui suis-je pour me prononcer sur les choix que d’autres font ? De quel droit peux-je me prévaloir ?
Ancré dans mon terroir, c’est celui-ci que je veux pouvoir maîtriser, pas un autre. Encore une fois c’est un choix très personnel.
Si quelqu’un est fasciné par les loups, les ours, les dahuts ou grenouilles à grande bouche, en quoi serait-il moins méritant dans le cas ou il se paye le voyage en Finlande ou ailleurs ? Il y a bien consacré du temps, de l’énergie… l’argent qu’il a investi dans sa passion ! D’autant que comme le dit le TGP (Très Gros Piaf) myope, ça fait tant que ça de monde qui ne fout pas le bordel dans la nature. Il me semble que faire le choix de payer un affût pour faire de la photo est aussi une preuve de respect !
Après, je peux me payer tous les affûts que je veux sur tous les sujets de la terre ; ça n’empêche que je n’en sortirait jamais ze photo. Tout simplement parce que je n’ai pas la technique ni la vision qui transcende le sujet. C’est comme ça et c’est très bien comme ça.
Sans compter que ce n’est pas mon métier. Mon pognon, je le gagne ailleurs. Alors si je veux passer deux mois à me faire suer pour retrouver la trace d’un P…. de mouflon qu’est-ce qui m’en empêche, puisqu’il s’agit de mon plaisir ? Maintenant un gars (ou une fille
même 2
! 2 filles
! ) qui veut faire des photos de mouflon dans le Cantal, je peux l’amener (dans la mesure du possible, ce n’est pas une science exacte) où il faut. Je ne crois pas que cette personne ne connaissant pas le terrain soit illégitime de faire des photos sur mon terrain de jeu.