Salut Cédric, bonsoir à tous,
Voilà un véritable sujet de fond, qui je dois dire, me fait souvent "râler".
De mon point de vue, cet effet de mode que certains d'entre nous constatent et que, personnellement je condamne, vient probablement de deux faits DECISIFS dans la photographie animalière: l'avénement du numérique et l'Internet.
Je m'explique: il y a dix ans de cela, la photographies animalière n'était pas la discipline à la "mode", elle était même considérée comme une des plus difficile qui soit.
En effet, être un bon photographe et obtenir de bonnes photographies exigeait d'être d'abord un bon naturaliste, car sans connaissances de l'espèce convoitée, pas de photo.
De posséder du matériel pointu et onéreux.
De consentir un effort financier: selon les sujets, les photos ratées pouvaient vite se compter pas dizaine ou plus.
Connaitre très bien le terrain sur lequel on évolue, donc y passer beaucoup de temps avant de pouvoir ressortir des photos correctes.
Tous ces critères exigeants faisaient en sorte que le monde de l'animalier était un monde d'initiés, où une belle photo se méritait et où l'on accordait à son auteur toute la reconnaissance vis à vis du travail fourni pour l'obtenir.
Ainsi, avant de penser faune/flore étrangère...faire de belles photos "à domicile" était déjà largement satisfaisant et gratifiant.
Aujourd'hui, on vient à l'animalier comme on s'inscrit à un club de gym: "
tiens ?? ça doit être sympa, je vais essayer !".
Beaucoup des gens que je rencontre ont des connaissance naturalistes vraiment succinctes, et ne connaissent presque rien sur les sujets qu'ils photographient...et à vrai dire, peu leur importe, l'essentiel aujourd'hui est de remplir la carte mémoire.
On passe d'un sujet à un un autre, et il suffit qu'untel montre une espèce pour qu'on la retrouve en plusieurs exemplaires quelques semaines plus tard, traitées par d'autres personnes en manque d'imagination.
Désormais, le numérique permet des rapports de grandissement énormes, ce qui permet de faire de bonnes photos avec juste un 300mm...là ou avant, il fallait le double minimum.
Plus de problème de gaspillage de films, désormais, déclencher ne coûte plus rien.
Enfin, je trouve l'animalier vit trop une course au sensationnel, c'est à qui aura la dernière photo d'espèce jamais vue ou très rare.
Il n'y a qu'à comparer "l'esprit général" de Montier en Der entre maintenant et à ses début...rien à voir !
Avant, on y venait pour voir de belles images...maintenant, on y vient pour MONTRER.
On ne sait même plus regarder la nature près de chez soi, et ce, pour deux raisons essentiellement:
. sois parce qu'elle requiert trop de travail en amont pour arriver à obtenir des images correctes.
. sois parce que nombre de personnes pensent qu'il est nécessaire d'avoir un sujet rare pour faire une bonne image.
Voilà , vous l'aurez compris, je regrette un peu l'emballement pris par notre discipline et j'espère que tout cela s'écrèmera dans les temps qui viennent.
Je pense personnellement qu'il n'y a pas de meilleur sujet qu'un autre...et qu'il n'y a que de bons et mauvais photographes.
A mes yeux, quelqu'un qui aura passé du temps pour faire une belle photo là où la nature est très sauvage (comme en France) sera toujours plus méritant que celui qui en a fait une toute aussi belle...mais là où les animaux sont moins craintifs !
C'était mon avis sur la question.