Ce parc naturel situé dans le nord de la Roumanie est une zone de montagnes de 1500m d’altitude, très naturelle, caractérisée par des phénomènes karstiques exceptionnels avec de très nombreuses grottes de dimensions exceptionnelles , des dolines, des gouffres, des résurgences, des chantoirs. Les montagnes souvent boisées sont séparées par de vastes clairières de prairies naturelles utilisées comme paturages. Les forêts sont étendues, composées de résineux en altitude et de hêtres plus bas. Etant donné le climat les cultures sont rares et limitées dans le temps : pommes de terre, haricots, courges...
On trouve dans les vallées des villages plus importants, avec maintenant de nombreuses pensions de vacances car le tourisme rural s’est fort développé, encore plus avec le covid qui a rendu les voyages à l’étranger plus difficiles. A mesure que l’on remonte les vallées les villages sont plus petits et plus traditionnels. Plus haut encore, à proximité des zones de paturages il y a de petites agglomérations de cabanes qui traditionnellement étaient occupées par des habitants des villages plus bas qui y montaient de mai à octobre en y emmenant leur bétail (vaches, chevaux) et quelques porcs et poules. L’exploitation du bois et le travail dans de petites scieries permet un complément de revenu ainsi que la récolte et la préparation de fruits des bois . Avec le changement climatique les hivers sont devenus plus doux et certains habitants restent de façon quasi permanente.Des panneaux solaires leur fournissent l’électricité et les routes fort améliorées leur facilitent les déplacements.
Ils ont tous maintenant des téléphones mobiles. Jusqu’il y a une dizaine d’années beaucoup de villages et de hameaux n’étaient accessibles que par des routes empiérées en très mauvais état. Ce sont maintenant de bonnes routes quoique parfois étroites.
Les meilleures saisons de séjour sont mai-juin avec beaucoup de fleurs, d’insectes et d’oiseaux et octobre où les forêts ont des couleurs splendides. Il fut éviter absolument août et le début de septembre car la zone est envahie par les touristes autochtones.
Nous avons fait la route depuis la Belgique, plutôt par habitude car c’est long : 18 h de route. Si vous le faites choisissez le week-end car en semaine la circulation en Allemagne est épouvantable. Sinon il est sans doute plus pratique de prendre un vol pour Cluj, l’aéroport le plus proche, et de louer une voiture : de préférence une marque locale car , étant plus hautes , elles sont mieux adaptées aux routes locales.
La montagne, contrairement à ce qui se passe en Occident, est donc habitée et parcourue en permanence et bien que le milieu naturel soit bien préservé cela a une influence sur les observations que l’on peut faire. Il est très difficile de voir des animaux bien qu’il y ait des loups, des lynx,quelques ours(20 dans la zone) des cerfs, des chevreuils , des renards… car , comme chez nous lorsque la présence humaine est permanente les animaux ont tendance à devenir plus nocturnes , à se retirer dans les zones les moins accessibles et à emprunter des voies de circulation parallèle dans les bois : ils ne circulent donc pas sur les entiers de randonnée et ne font que les traverser occasionnellement. Nous avons discutté avec un biologiste Roumain qui est constamment sur le terrain et fréquente des zones isolées accessibles uniquement en 4X4 où il campe sur place : il n’a vu le loup et le lynx qu’une seule fois. Par contre il voit régulièrement sangliers, cerfs , chevreuils et autres.
Partis de Namur tôt le matin le 4 septembre nous avons fait étape le soir dans un hôtel hongrois après avoir traversé le Luxembourg, l’Allemagne et l’Autriche . Les parkings d’autoroute en Autriche sont équipés de toilettes et point de repos impeccables. Signe des temps : sur le sol du parking, au milieu des mégots de cigarette habituels un test Covid rapide.
Le lendemain 5 septembre nous entrions en Roumanie par la ville d’Oradea : elle comptait anciennement une majorité de population Hongoise, les Roumains habitant plutôt en zone rurale.
Cela a changé maintenant avec l’exode rural mais la ville garde une cathédrale catholique et des maisons un peu kitsch assez colorées typiques de l’époque
Impossible de se faire servir dans un temps raisonnable dans cette ville : temps d’attente annoncé : au moins une heure quel que soit le plat . Ils devraient apprendre leur métier.Dans la plupart des établissements on boit plutôt qu’on ne mange.Passez donc votre chemin surtout le dimanche.
Nous avons donc poursuivi notre route jusque Gârda de Sus dans les Apuseni où un excellent repas nous a été servi dans la demi-heure à notre auberge.
Le 6 septembre on s’est remis du voyage.
Dans le jardin un écureuil faisait ses provisions de noisettes pour l’hiver.
Sur les coteaux les meules de foins et les maisons traditionnelles accessibles par des chemins de charrette à flanc de coteau
Derrière la maison une scierie mobile débite les troncs des bois du propriétaire. Les Motii (nom de la population locale) ont toujours leur petit chapeau vissé sur leur tête
Sur la rivière passant dans le centre du village, un cincle pêcheur prend la pose avec une proximité inimaginable chez nous
Bergeronnette
Papillons
Le village possède une église en bois datant de 1792 remarquable par son architecture et ses fresques peintes par un maître de la région en 1804. Elle a été entièrement restaurée de façon professionnelle et heureusement car après 40 ans de communisme elle était très délabrée. Les habitants avaient déjà construit une nouvelle église dans les années 2000 et elle risquait d’être détruite.
Le 7 septembre nous partons vers le village de Vîrtop, un village situé très haut. Dans les années 90, étant donné les conditions climatiques très dures en hiver il ne comprenait qu’une petite rangée de petites maisons basses très pauvres. Maintenant il y a une piste de ski et une quantité de pensions et de maisons de vacances . Le climat a cependant énormément changé puisque si à l’époque la neige commençait en novembre et disparaissait en avril , avec des températures de souvent moins 25° à la Noël , actuellement il est assez courant de ne même pas avoir de neige durant la période de fin d’année.
Un peu plus nous stationnons au bord de la nationale pour nous engager sur un sentier abrupt qui mène à Groapa rugineosa (le trou couleur rouille) qui est un immense effondrement karstique en forme de cone dont les flancs de calcaire mou sont teintés de minerai de fer.
De là haut on voit le plateau de Padis situé à 8h de marche.
Après avoir regagné la route nous prenons un autre tracé qui nous mène sous un sommet dans une très vaste clairière qui d’un côté domine part une vallée avec des gorges et de nombreuses grottes et de l’autre donne une vue sur l’autre flanc du massif vers des localités plus importantes sur la route d’Oradea.
Continuant le sentier il descend un peu pour arriver dans une hêtraie où nous verrons des traces d’ours
Sur le chemin de retour une grenouille, des fleurs de montagne, des papillons...
Le 8 septembre nous nous dirigeons par une route étroite de 10 km vers la Poiana Calineasa (clairière Calineasa) qui est une zone de clairière avec des groupes de cabanes de transhumance et quelques maisons un peu plus solides, témoins d’une vie encore très traditionnelle. Les animaux sont majoritairement des vaches et des chevaux mais il y a aussi quelques troupeaux de moutons.
Les gens de l’endroit ont construit sur un point dominant une petite église orthodoxe où on dit la messe et près de laquelle se vendent des objets artisanaux et des préparations de fruits sauvages aux touristes de passage.
A cet endroit se tient en été une foire où les transhumants des environs se retrouvent tous pour une fête locale assez confidentielle.
De la hauteur on a une vue étendue notamment au fond au sud vers le sommet le plus élevés de la région (Cucurbata Mare 1848m)
C’est la zone qui nous a le plus marqué par l’étendue, la sérénité et la beauté des paysages combinés avec les témoignages d’une vie traditionnelle.
On voit ici le groupe principal des cabanes de transhumance., dominées par des sommets boisés de 1400 à 1500 m et entourées de pâtures. Les clotures servent à rassembler les animaux pour la traite, et à protéger les cultures et les animaux des animaux sauvages.
Traversée du village. Les granges sont posées sur des piles de pierre pour les isoler de l’humidité et des rongeurs.
Vue en arrière vers l’église
Nous rencontrons un berger et son troupeau de moutons gardé par des chiens de belle taille capables d’affronter des loups. Ils ne sont pas agressifs d’autant plus si on entame la conversation avec le berger. Même si vous n’êtes pas fumeurs ayez un paquet de cigarettes : le berger appréciera.Je parle le Roumain donc le contact est plus facile mais on peut toujours s’entendre avec des signes. En général les moutons appartiennent à un propriétaire de bergerie qui a plusieurs bergers à son service. Je pense qu’ils ne sont pas payés bien lourd.
Dans d’autres régions de Roumanie où il y a plus de loups les chiens peuvent être plus agressifs et la prudence s’impose.Il faut alors soit faire un détour, soit se rapprocher du berger et en tout cas rester groupés et calmes.
Nous poursuivons le tracé et admirons le paysage
Fleurs et papillons
Race de vache locale
Croix près d’une cabane en ruine. L’image du Christ en croix chez les orthodoxes est peinte et non sculptée. Ici elle a souffert du temps.
Oiseau de passage et papillon
Cabane d’un bouvier avec les enclos de protection. Les petites construction rectangulaires près de la cloture sont des abris de berger avec un lit et un auvent pour lui permettre de dormir en surveillant le bétail de près la nuit. Le toit est parfois recouvert de peaux de mouton pour l’isolation
Chevaux : ils sont utilisés pour tirer les charrettes de bois ou de foin et pour le débardage. Avant l’existence de routes la charrette était le moyen de déplacement vers les villages du bas.
papillon et chardonneret mangeant les graines de chardon
Berger et son troupeau
Bergers en pause à l’heure de la traite. On voit aussi une petite scierie.
Cheval de la race locale. Ils sont souvent entravés pour éviter qu’ils s’éloignent de trop.
Parfois les vaches lâchées dans les bois portent un masque de fer leur bouchant la vue pour la même raison.
A bientôt la suite