Merci à tous pour vos appréciations,
Il y a beaucoup de choses à dire cependant sur cette période de rut du cerf élaphe : ce quarante cinquième brame fut le plus court pour moi, et pas en raison des conditions climatiques, mais bien à cause du dérangement occasionné par la présence de très nombreux amateurs d'images qui se succèdent à longueur de journée sur les spots de pdv. Opérant sur des herbages en bordure de forêt, je me mets à l'affût du lever du jour au coucher du soleil, soit environ 14 heures de temps, et j'ai ainsi tout loisir d'observer mes contemporains dans leurs oeuvres. Cela va du gugusse qui sort de sa voiture avec son smartphone à la main en courant vers les cerfs dans la pénombre, au néo-photographe maquillé en rambo qui avance à mauvais vent vers une harde qui pâture au milieu d'un immense herbage, en passant par la bande de trois amis qui viennent s'installer à côté de vous sans vous demander si ça vous dérange, jusqu'au billebaudeur que vous voyez passer trois fois dans la même journée devant vous. Dantesque, il n'y a pas d'autres mots pour décrire ce que j'ai vécu ces dernières années, sans compter sur les images de cerfs de vos spots favoris postées sur facebook avec foule de détails permettant à d'autres de s'y rendre en temps réel . Que dire de tout ça ? Mis à part le fait que je regrette comme beaucoup d'autres photographes, et non des moindres, d'avoir fait la promotion de l'image de nature, d'autant que cette débauche d'intérêt soudain pour les images d'animaux sauvages n'apporte rien de positif, et vient même rajouter une source de dérangement très importante, néfaste aux animaux et à l'image que renvoie l'activité de photographie de nature. Les derniers échanges que j'ai eu avec des propriétaires de bois et d'étangs, ou des agriculteurs, sont très clairs: ils ne veulent plus voir personne chez eux, tant les intrusions sont nombreuses et source de problèmes relationnels. La concurrence entre photographes et les concours de postage sur les réseaux sociaux, viennent encore durcir la positions des propriétaires privés ou domaniaux sur l'accès aux zones de brames, las de voir leurs territoires servir d'exutoires à des personnes en quête de reconnaissance, et qui adoptent à cette occasion des comportements totalement ineptes. Une fois de plus, la vulgarisation à tout va d'une activité démontre que le nombre fait loi, que ce soit pour la bonne ou la mauvaise cause. A l'époque du net, tout le monde pense pouvoir devenir ce qu'il veut et tout de suite, simplement en s'identifiant aux images qu'il voit défiler sur les écrans, sans passer par une phase initiatique ou d'accompagnement dans une démarche naturaliste. Hélas tout le monde voit bien que cela mène vers une impasse: heureux ceux qui pourront se satisfaire dans l'avenir des observatoires et des parcs de vision.