J'ai les 4x
: le Sigma 180mm f3.5 qui est l'optique macro que j'utilise depuis 8 ans, auquel j'ai récemment ajouté à la suite d'opportunités en occasion le Sigma 150 mm F2.8 non stabilisé et le Sigma 180 F2.8, et je possède également l'AFS 300mm F4 non stabilisé depuis pas mal de temps.
Concernant le 300mm, il ne me convient pas trop (je pense d'ailleurs qu'il va rejoindre la section occasion prochainement): la mise au point même très proche, reste dans le range généraliste, et finit toujours par être trop lointaine pour moi. L'ajout d'une bague allonge donne beaucoup de vignettage, et on obtient un dispositif extrêmement délicat à manipuler à main levée, sauf à monter haut en vitesse (avis aux amateurs de grain...). Pour moi cette solution manque de souplesse, même si les cadors de la proxy nous démontrent qu'il peut se révéler un outil formidable. Mais pour moi il est trop pointu à main levée, et dans ma pratique, quand on peut poser un pied, il est généralement possible de se rapprocher, et le macro s'en sort mieux. Il n'y a que pour les grosses fleurs que le 300mm permet de sauver la mise en maintenant un fond plus dilué, de par sa focale ; et aussi probablement dans des milieux très encombrés.
Je ne vais pas tourner autour du pot et faire durer le suspense en ce qui concerne les macro Sigma: en terme de piqué pur même à pleine ouverture et sur les bords (tests réalisés avec le D850 de 45Mpix sur pied, avec MAP loupe 100% et déclenchement via télécommande en obturation électronique à ISO 64), les anciens ne déméritent pas, loin s'en faut, ce qui est impressionnant rétrospectivement vu leur âge. Honnêtement, la différence de prix pour passer au 180 f2.8 est difficilement justifiable, sauf à décrocher l'occasion du siècle (comme moi...
): il est difficile si pas impossible de reconnaître l'un ou l'autre sur base des images. Au delà des tests, il y a tout de même cette impression de plus de piqué à pleine ouverture notamment sur les bords (donc au delà des tiers), qui donnent peut-être plus l'impression de "filer" radialement sur le F3.5 (où la MAP en manuel est d'ailleurs assez ardue à régler, comme si justement aucun point ne se démarque aussi clairement que plus proche du centre) ce qui ne me semble pas le cas sur le F2.8 (j'espère que c'est cela qui justifie cette énorme lentille frontale et le poids qui va avec...). Après, quand on considère la profondeur de champ qui est déjà courte à f3.5, encore plus ténue à f2.8, et que la fermeture du diaf augmentent sensiblement la qualité des ancêtres, il faut bien analyser ses ouvertures de travail habituelles pour voir si à nouveau le jeu en vaut la chandelle: je ne suis pas sûr qu'il y ait une quelconque différence perceptible entre les 2x 180 si pas à F5.6 en tout cas à F7.1 et au delà.
Justement, ce poids que je redoutais énormément n'est en pratique pas vraiment un problème, alors que, sans être malingre, je suis pas un gros balèze non plus: à main levée, il est quand même beaucoup mieux manipulable que le 300, parce que son poids est moins sur l'avant (c'est une optique plus ramassée), et aussi parce que sa focale est bien plus courte. Je pense que la différence entre le F2.8 et le 300 est bien plus élevée qu'entre le F2.8 et le F3.5 qui pour moi se valent en terme de prise en main. Enfin en main
s devrais-je dire, car il m'est arrivé de tenir le boîtier et son optique d'une main, en faisant de l'ombre sur le sujet avec l'autre main, ce qui me paraît quand même pratiquement impossible avec le F2.8. Au final, malgré le poids conséquent de l'optique, j'ai allégé mon sac, en en sortant le 300mm que je n'utilise jamais et que j'ai remplacé par un TC 1.4x au cas où.
Ce que j'y ai encore gagné accessoirement, c'est le retour de l'AF liveview qui était devenu inopérant sur D600 et D850, même si au final ça me sert très peu. A noter qu'heureusement le stacking fonctionne sur toutes ces optiques sauf avec les bagues allonges, car le boîtier calcule le pas AF sur base de l'optique, mais ne voit pas les bagues qui pourtant on un effet sur la profondeur de champ et devraient donc avoir un pas d'AF plus petit en compensation, ce qui veut dire que la couverture nette entre deux images n'est pas suffisante avec bague allonge. Egalement un AF plus répondant (même si il ne me sert pas beaucoup en pratique non plus), la stabilisation qui, en proxy à main levée permet quand même de descendre d'un ou deux diaf ce qui est déjà bien même si c'est moins qu'annoncé et même si au niveau du cadrage on a tendance à se croire dans un bateau, car comme la stabilisation compense tes mouvements, tu ne réalise pas une certaine dérive jusqu'au moment où la stabilisation ne la compense plus et c'est le cadrage qui part, et tu fais une espèce de va et vient, certes calme, mais un peu agaçante autour du cadrage voulu.
Et last but not least: en ce qui concerne le bokeh: il y a une grosse différence, à laquelle je ne m'attendais pas forcément, entre le 150mm f2.8 et les 180mm, signe que la focale joue énormément sur celui-ci, même pour juste 30mm de différence (donc malgré tout, il est clair que si on peut se faire à un 300mm, même f5.6, cela peut probablement faire la différence). C'est valable même si on compense la différence de focale du 150 en se rapprochant et malgré la différence d'ouverture: à grossissement égal du sujet, le fond n'est pas aussi dilué au 150 f2.8 qu'au 180 f3.5. Les deux 180 sont relativement comparables même si le f2.8 dilue, logiquement, un peu plus que le f3.5, mais à nouveau, ce n'est pas forcément flagrant, et ne justifie pas la bascule de l'un à l'autre, eu égard du montant à mettre en plus (compter 250€ en occasion pour un 150/180 ancienne génération, et min 750€ pour le 180 F2.8 ).
J'ai des images pour étayer mes propos, sur des feuilles de sauge qui ont une bonne structure pour mettre en avant le piqué, et des Playmobils piqués à mes enfants pour illustrer le bokeh des avant-et arrière plans (c'était plus facile à mettre en place au calme à l'intérieur plutôt que trouver un agencement favorable sur le terrain
), mais c'est plus cher...
Gauthier