Changer d’année loin de tout mais au milieu de l’essentiel.
Quatre heures de montée harassante dans une poudreuse profonde non transformée, bien sûr il faut faire la trace, qui aurait l’idée de venir réveillonner dans une cabane à – 4 degrés à l'intérieur sans cheminée ? Pourtant.
La dernière nuit de cette sale année s’installe lentement, tout en bas les premières lueurs artificielles apparaissent en fond de vallée. Tout en haut dans le ciel d’autres lueurs plus éternelles cherchent leurs places entre les nuages. Ici le réveillon se déroulera bien plus tôt que dans ces villages, il fait trop froid. Le lendemain raquettes aux pieds, nous tournons une à une les pages du grand livre de la montagne. Ici un lièvre a utilisé nos traces de la veille pour moins s’enfoncer. Là, trois perdrix grise de montagne plus légères ont tiré tout droit vers la crête ventée. Devant nous un groupe de chocards a dessiné des arabesques dans la fine neige de la nuit, l’empreinte plus profonde des rémiges localise le lieu de l’envol. Les pages s’enchainent passionnantes, nos connaissances et notre imagination suffisent à reconstituer le scénario alors même qu’aucun personnage ne nous a encore été présenté. Pourtant si en voilà un, l’empereur à la barbe givrée nous offre son survol matinal, toujours aussi lumineux. Le gypaète barbu ne laissera pas de marque dans la neige mais une trace profonde dans notre mémoire en ces premières heures de 2021.
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