Citation de roboisdesbains
"À te lire je me dis sans doute comme beaucoup "c'est pas possible" autant de rencontres avec un animal réputé méfiant et à l'odorat réputé ! Bravo.
Précisément au sujet de l'odorat… Tu évoques les affûts. Comment tenir compte du vent, les sangliers pouvant arriver sans doute de n'importe où dans la majorité des cas (sauf géographie des lieux particulière) et ainsi se trouver sous le vent de l'affût ? La prise en compte du sens du vent, lorsqu'il est stable en direction, est plutôt le propre de l'approche. N'en fait-on pas trop au sujet de leur odorat ? Tu as un peu abordé le sujet dans les pages précédentes mais j'aimerais que tu en dises davantage sur leur odorat… Merci encore !
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Salut camarade des bois ,
Pour répondre à ta première interrogation : le sanglier, s'il fait bien partie des grands animaux que je photographie le moins, reste cependant pour moi assez facile à appréhender. Si quelques unes des ces images sont issues de rencontres fortuites lors d'affûts destinés à d'autre espèces, la grande majorité de mon stock d'images provient d'affûts réalisés sur des zones de passages ou de remises préalablement repérées.
Je pense qu'il est moins difficile d'approcher et de photographier un sanglier qu'un cerf mâle en dehors du brame, mais que sa relative petite taille et sa discrétion le font passer inaperçu aux yeux de la plupart des photographes occasionnels.
Pour qui n'est pas spécialisé sur l'espèce, il ne doit pas être rare de passer devant un buisson de lisière sans soupçonner le moins du monde qu'il soit l'abri d'une petite compagnie, ou d'une laie suitée. Qui d'ailleurs, comme le font souvent les cerfs ou les chevreuils, ne bougeront pas d'un pouce si l'intrus ne vient pas droit sur eux !
Comme pour beaucoup d'autres espèces animales, la connaissances des moeurs, de la biologie et des comportements, mais aussi une parfaite connaissance des lieux de pdv, sont déterminants pour réussir des images régulièrement.
Lorsqu'il détecte la présence des hommes le sanglier adopte des comportements différents selon les situations.
En forêt de plaine et en hiver, comme chez moi par exemple, les sangliers sont confrontés à deux types de situations:
l'une est classique et correspond à une lutte permanente pour échapper aux traques organisées sur des lots de chasse forestiers et aux tirs de bordure des riverains opportunistes.
Dans ce cas les sangliers bougent beaucoup, afin de se soustraire aux risques associés aux odeurs des hommes et des chiens, et la moindre effluve est alors immédiatement interprétée comme un danger potentiel imminent, générant une fuite systématique. Sauf dans les zones non chassées, où leur comportement est alors différent : ainsi, des sangliers chassés peuvent se réfugier dans un secteur escarpé, une grande plaine cultivée ou une zone péri-urbaine, et ne plus réagir du tout de la même façon aux odeurs d'hommes et de chiens, qui dans ce cas ne seront plus forcément associées à un danger. On oublie souvent que ces animaux connaissent parfaitement leur territoire et les habitudes des hommes qui y vivent, qu'il savent reconnaitre s'ils sont chassés ou non, que le bucheron et l'agriculteur, malgré le bruit et la circulation de leurs machines, ne sont pas dangereux.
J'écarte volontairement de mon propos le chapitre des sangliers nourris, car il ne correspond plus à quoi que ce soit, en terme de comportement naturel : sur des sites entretenus par des chasseurs, j'en ai vu qui venaient vers l'intrus, et attendaient la distribution de nourriture, ou qui suivaient les quads et les 4X4 pour grapiller des grains de maïs....
L'autre situation correspond aux sangliers vivants hors des zones de chasses organisées : en milieu bocager, étangs ou plaine cultivée. Là encore, l'animal adapte son comportement face aux effluves humaines, qu'il ne fuira que lorsque la proximité sera trop gênante pour lui ! Et ce n'est encore qu'une généralité, car j'ai eu l'occasion de me trouver au milieu de troupes entières dans des roselières de queue d'étangs sans provoquer de fuite.
Pour ce qui est de l'odorat, et des postes d'affût en général, ne pas tenir compte du vent c'est compromette sérieusement ses chances de réaliser des images.
Pour ma part j'ai utilisé pendant de nombreuses années des caches permanentes, réalisées avec des branches mortes au pied de certains arbres, et construites sous une grande futaie de chênes où les sangliers passaient régulièrement le matin pour " glander", avant d'accéder à des zones de remises situées dans des buissons épineux.
Bien entendu, ces caches étaient disposées en différents endroits de cette futaie, afin de pouvoir être choisies en fonction du vent.
Pour moi, le sanglier n'est pas plus affûté au niveau de l'odorat qu'un cerf ou un chevreuil, mais comme il semble nettement moins bon en capacité visuelle et qu'il ne réagit bien souvent qu'à l'odeur de l'intrus, cela a suffi à en tirer des conclusions.
Attitude typique d'une meneuse qui a capté une miette d'effluve : elle va souffler fort pendant de longs moments afin de bien dégager ses sinus encombrés par l'humus et essayer de capter d'autres odeurs, avant de prendre une décision. Les autres membres de la compagnie ne réagiront pas forcément à ces souffles puissants et continuent leurs activité de "glandage" sous le grand chêne.
Pour faire simple, je dirai que les sangliers utilisent mieux leur odorat que leur vue pour évaluer une situation. Il faut donc en tenir compte.