Auteur Sujet: "L'Air du temps" dans le recueil "Cités bulles"  (Lu 1634 fois)

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Hors ligne Neottia

  • Elisabeth Gaillard
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"L'Air du temps" dans le recueil "Cités bulles"
« le: 30 Novembre 2015, 08:37:15 »
Une nouvelle de mon fiston, bien dans l'actualité...je vous cite le lien :

L'air du temps de Vincent Gaillard est une nouvelle singulière, troublante, que nous vous proposons de découvrir dans Cités Bulles, le second collectif du Fou.

"Peinant à respirer, je progresse lentement vers le distributeur automatique afin de me procurer une nouvelle ration d’air. Mon pouls s’accélère, mon cœur pompe en vain. Mes poumons brassent toutes sortes de particules en suspension, mais très peu de dioxygène. Dans cette quête de molécules essentielles, tout être vivant devient un concurrent. Mon talon écrase un petit cafard sournois : crissement désagréable qui retentit dans ma tête, et frissons réflexes… Pourtant focalisée sur le distributeur, mon attention se dissipe. Mon regard plonge dans une poubelle qui déborde d’un froissement de journaux gratuits. Une brève de la rubrique économie ressort de ce fouillis :

L’AF fusionne aujourd’hui avec le numéro deux du conditionnement individuel Fresh Air®. Cette alliance de l’air portatif privé avec les réseaux fixes français garantira une saine gestion des besoins vitaux proposés aux clients. A l’heure où Fresh Air® peine avec ses 12% de rentabilité, c’est un second souffle pour la croissance de cette entreprise implantée sur le marché depuis la première grande pollution (…).

Les vicissitudes de la société de marché sont loin d’être mon souci premier. Et d’ailleurs, rien ne sert d’engager nos réflexions sur ce terrain, les experts sont là pour ça. Il faut me ressaisir. À cet instant, mes préoccupations sont beaucoup plus pragmatiques, primordiales. Je dois respirer. Immédiatement !

Sur le quai, ma carcasse se traîne encore quelques mètres. Enfin, devant moi, superbe, l’automate me tend ses multiples produits salvateurs à portée de carte à puce. Choisissez et payez… Air marin, citadin, forestier ou boisé… Mes alvéoles pulmonaires salivent devant Urban Fresh Air, nom bien compliqué pour un banal air de ville. Premier prix. Bon marché et bonne santé. De toute manière, il paraît que question pureté, toutes les marques se valent, seule la saveur des arômes artificiels varie. Voilà encore que mon esprit se disperse. Pas le temps de tergiverser, je choisis la marque rouge, celle dont je rêve la nuit quand je suffoque… Fresh Air garantit ma survie. Sans plus tarder, je dépose ma bouteille vide contre la valve de ravitaillement, puis glisse ma carte dans la fente de l’automate. Mais, celle-ci résiste étrangement. Quelque chose coince à l’intérieur. L’interstice est obstrué par un petit élément métallique inextricable : un trombone ! Farce imbécile ou sabotage ? "

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http://www.editionsdu38.com/collection-du-f…/…/cités-bulles/