Une tempête de l'année passée a couché un chêne au travers d'une allée forestière à proximité d'un vaste village de blaireaux. Au cœur de l'enchevêtrement des branches au sol, le clan a choisi de faire déboucher de nouvelles entrées-sorties de terriers de son réseau souterrain en perpétuelle expansion. L’avantage est double : profiter de l’appui des troncs au sol pour y adosser les gueules de terrier (bon maintien de la terre) et se trouver un peu à l'abri des visiteurs, enfin de presque tous les visiteurs…
L’atout escompté par les blaireaux pour s’abriter visuellement perd de son intérêt avec la chute progressive des feuilles du tronc couché mais certaines barricades naturelles subsistent par le croisement des branches !
Lors des sorties précoces, de véritables parties de cache-cache s'engagent avec l'observateur-photographe !Se croyant un peu dissimulés des regards et moins exposés dans cet espace ombragé, les premiers blaireaux sortis flirtent avec la frontière de la pleine exposition de la clairière mais retournent régulièrement vers le sous-bois dense et protecteur. Assister à cette peur des blaireaux de se retrouver vulnérables en quittant le couvert est un spectacle tout à fait singulier, caractéristique de l’espèce.
Ces situations naturelles constituent aussi un bel exercice de terrain pour le photographe qui s’évertue à assurer la mise au point et l’exposition convenables... Le minuscule angle de champ du 600mm (4°10 au format FX) est alors un avantage mis à profit pour percer le moindre trou dans la végétation mais aussi un inconvénient au niveau du risque de bouger et de la profondeur de champ riquiqui !
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En dehors des affûts statiques classiques, la seule situation où le blaireau se trouve "approchable" - dans une mesure toute relative - est lorsqu'il se nourrit, principalement à la tombée de la nuit dans les environs du terrier, avant qu’il ne parte vraiment plus loin jusqu’au matin. Complètement à son affaire truffe au sol, notre ami est moins attentif (sauf son odorat en alerte permanente) : il est alors envisageable d'opérer de courtes approches avec 1000 + 1 précautions (vent favorable, bruit de progression dans les feuilles contenu, mouvement modéré et lent du photographe). La perte de luminosité lors de la nuit tombante aide à se dissimuler dans les étapes de rapprochement avec le sujet.
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Un scoop ! Normalement le blaireau mange en laissant son museau fouisseur rivé au sol. Il aspire notamment les lombrics tels des spaghettis ou croque les "bestioles" in situ, très vite et sans relever la tête. Il est rarissime de le voir gueule ouverte !
Pourtant l'un des clichés de cette série de cinq images est l'exception qui confirme la règle !
Bonne pioche !
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Deuxième scoop !Les images de blaireaux loin des terriers sont rares car leur escapade nourricière nocturne demeure assez imprévisible dans le trajet emprunté. Les suivre serait tout à fait illusoire tant leur méfiance est légendaire.
À voir ici, deux images d'un blaireautin encore assez petit dans son développement (il est né après ses cousins) dans certainement l'une de ses premières promenades en autonomie. Il faut parier sur une micro-pause de l’animal pour espérer une image nette, et une zone au sol suffisamment dégagée (une gageure en forêt) pour le voir en entier, par exemple à la traversée d'une allée…
Si l’opportunité se présente, ne pas oublier de multiplier les déclenchements (je ne recours jamais à la rafale trop bruyante) et prier pour que l’une des images soit nette. Nous sommes aux limites techniques pour une photographie de qualité acceptable voire possible comme en témoignent les paramètres de prise de vue ci-desous…
Le 1er août 21h08 en plein sous-bois, ISO 51200, -0,33 ev, f4, 1/50e, Nikon D5 et AF-S VR Nikkor 600mm f/4G ED, (aucun post-traitement du bruit numérique, léger recadrage)
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Petit blaireau miniature !
Mon ensemble boîtier, objectif, trépied et tête pendulaire pèse sans doute deux fois son poids !
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