Petits secrets de fleurs... [MAJ du 1er Juillet]

Démarré par Roland RIPOLL, 29 Juin 2022, 10:27:14

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0 Membres et 1 Invité sur ce sujet

gjacobs

Toujours aussi intéressant, et joli!

Gauthier

Roland RIPOLL

Merci !

Les orpins: des plantes CAM. Quand la photosynthèse est inversée...

On sait que les plantes succulentes, qu'on appelle communément les "plantes grasses", sont très adaptées à la chaleur et à la sécheresse. Mais comment font-elles pour vivre et se développer dans des conditions aussi difficiles ?

La réponse tient dans le fait qu'elles présentent un métabolisme bien particulier: la photosynthèse inversée ou photosynthèse de type CAM (Crassulacean Acid Métabolism c'est-à-dire: métabolisme acide des Crassulacées) et qu'elles décalent dans le temps la fixation du CO2 et sa transformation en énergie.

Orpin âcre


Toutes les plantes vertes pratiquent la photosynthèse pour produire des "sucres", nécessaires à de nombreux objectifs métaboliques, tels que la croissance des tiges, la production de feuilles, la floraison et la fructification.

Orpin blanc


Presque toutes le font de jour,  en absorbant le gaz carbonique (CO2) de l'air et en rejetant l'oxygène (O2) grâce à l'énergie lumineuse mais cela demande un apport d'eau car la transpiration est une composante essentielle de la photosynthèse.

Orpin de Nice


En effet, pour permettre l'entrée du CO2 nécessaire à la photosynthèse, les plantes doivent ouvrir leurs stomates les petits orifices situés principalement sur la face des feuilles et qui permettent les échanges gazeux.

Orpin âcre


Ce faisant, elles permettent à l'eau qu'elles contiennent de s'évaporer. Ce qui  met en danger celles vivant dans des milieux secs ou désertiques.

La plupart des végétaux ont besoin de 400 g d'eau pour assimiler 1g de carbone. Pour la même quantité de carbone, les orpins n'ont par exemple besoin que de 50 g d'eau.

L'originalité des orpins (et des autres plantes de type CAM), c'est qu'en journée, lorsque la chaleur est la plus forte, ils ferment  leurs stomates. Cela leur permet de minimiser les pertes en eau par transpiration.

Orpin blanc


Les échanges gazeux avec l'extérieur ne s'effectuent plus que la nuit, c'est à dire aux heures les plus fraîches. Le CO2 est donc absorbé en période nocturne, contrairement à ce qui se passe chez les autres plantes. Ceci implique un stockage, une mise en réserve transitoire du CO2 jusqu'à son utilisation en période diurne.

Orpin de Nice


On a pu constater que lorsque d'importantes quantités d'eau sont mises à la disposition des plantes C.A.M., leur métabolisme est modifié. Elles se comportent alors comme des espèces normales. Les stomates ne sont plus fermés pendant la période diurne.

Mais le retour à l'aridité ou à des conditions difficiles peut induire à nouveau un comportement C.A.M. typique.

Orpin blanc


On reste admiratifs devant cette souplesse d'adaptation !



"être simple pour être vrai"

gjacobs

Toujours si instructif et joliment illustré!

Gauthier

den7

Ces délicates petites fleurs réunies rendent très bien.

Nanou2

J 'y gagne dit le renard,  à cause de la couleur des blés

Roland RIPOLL

Merci !

Pourquoi tant de pissenlits ?

On est toujours étonnés de voir autant de pissenlits un peu partout dans les champs, dans les près, les pelouses, au bord des chemins. A tel point qu'il est souvent perçu comme une "mauvaise herbe" envahissante.



C'est qu'on ignore que le Pissenlit est un champion de la reproduction.



Rappelons que ce que l'on prend pour la fleur est en réalité un capitule, un bouquet composé de 200 à 300 fleurons minuscules. Normalement, chacun d'entre eux peut produire une graine, terminée comme on le sait par une aigrette – un petit parachute – qui lui permettra grâce au vent – ou au souffle d'un gamin - d'être dispersée plus au loin...





Mais, pour se reproduire, le pissenlit a plus d'un tour dans son sac:
-   Si les insectes sont nombreux, s'il fait beau temps, il utilisera la reproduction sexuée et chacune des petites fleurs composant le capitule donnera un fruit.

-   Si les conditions sont moins bonnes, il est capable de s'auto-polliniser car chaque fleur est hermaphrodite.

-   Si les conditions sont nettement défavorables (absence d'insectes, mauvais temps, froid, pluie)  il utilise un système de clonage naturel (parthénogénèse) permettant à l'ovule de  développer un embryon provenant d'une multiplication cellulaire et non pas d'un œuf fécondé.



Donc, quelques soient les conditions, chaque pied est assuré de produire des centaines de graines...

Encore un petit secret: A maturation complète, la tige se redresse et gagne en hauteur (jusquà 10 cm) pour permettre un meilleur envol aux aigrettes.





"être simple pour être vrai"

gjacobs

Les images de dissémination des graines sont excellentes!

Gauthier

Roland RIPOLL

Merci Gauthier !

Hétérocarpie

Une plante hétérocarpe est une  produisant différents types de fruits.
 
Prenons l'exemple de la Picris fausse vipérine (Helminthotheca echioides)  qui produit des fruits plumeux qu'on appelle des akènes. Elle a opté pour une double stratégie quant à sa reproduction:



-Les fruits situés le plus à l'extérieur sont munis de petites aigrettes qui sont trop réduites pour permettre aux semences de profiter du vent. Ces graines sont donc de toute évidence destinées à tomber et à germer au pied de la plante mère.

-Au centre du capitule, les fruits ont des aigrettes bien plus fournies et s'envolent au loin pour conquérir de nouveaux territoires.



Le Souci des champs (Calendula arvensis) quant à lui produit trois types différents d'akènes peu semblables les uns par rapport aux autres.



-Les fleurs ligulées périphériques donnent des akènes de grande taille, soit allongés, arqués et pourvus sur leur bord externe de crochets recourbés, soit dépourvus de crochets et élargis par deux expansions ailées latérales.

Les premiers s'accrochent au pelage des animaux grâce à leurs crochets, tandis que les seconds sont entraînés par le vent à distance de la plante mère après leur chute.

-Enfin, les fleurs centrales donnent de petits akènes recourbés, striés et recouverts de petites verrues, qui tombent simplement au pied de la plante mère.



Ainsi, le souci diversifie les agents de dissémination de ses semences – par les animaux, le vent ou la gravité – augmentant ainsi l'efficacité de sa dispersion.

Akène périphérique ailé


Akène périphérique crochu


Akène central






"être simple pour être vrai"

gjacobs

Ca alors ; quelle ingéniosité! J'aime beaucoup le rendu des fleurs de soucis!

Gauthier

Roland RIPOLL

Merci Gauthier !

Quand les tournesols font des maths...

L'observation attentive de certaines plantes, comme un cactus, une pomme de pin, un ananas, un cœur de tournesol, un chou romanesco, un cœur d'artichaut, permet de déceler une organisation des écailles, des fleurons, des graines, en spirales. Ces spirales de croissance sont appelées des parastiches en botanique.

Ces parastiches, ces spirales,  sont orientées dans 2 sens différents : horaire et antihoraire. Et si on compte le nombre de spirales s'enroulant dans un sens et le nombre de spirales tournant dans l'autre sens, on obtient très souvent deux nombres consécutifs de la suite de Fibonacci.

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La "fleur" d'un tournesol est composée d'un grand nombre de petites fleurs, les fleurons, arrangées en spirale, où chaque fleuron est disposé approximativement à un angle de 137.5° de son prédécesseur. Cet angle est appelé l'angle d'or.

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Dans une logique de rentabilité (produire le plus de graines dans le capitule) et d'efficacité dans le processus de croissance, cet angle est la meilleure façon d'occuper le maximum d'espace. Les fleurons sont disposés régulièrement sans laisser d'espace vide important sur le capitule. Un peu comme les alvéoles des ruches d'abeilles.

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"C'est la rotation du placement des graines de tournesol qui crée l'effet de spires, a expliqué en 2002 le mathématicien américain Michael Naylor. Chaque graine prend place en un lieu marqué par un angle de rotation spécifique et constant liée à la graine précédente".

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Ce qui est remarquable, c'est que le nombre de spirales par capitule est statistiquement toujours le même. Chez le tournesol, la marguerite, la camomille, il y en a 21 dans un sens et 34 dans l'autre. On en trouve, selon les variétés de tournesols, 21 et 34, ou bien 34 et 55, ou encore 55 et 89. Ces nombres sont tous des nombres de la suite mathématique de Fibonacci: 0, 1, 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21,34, 55,89,144....

"être simple pour être vrai"

gjacobs