Je ne suis peut-être pas autant "spécialiste" qu'Herpétologia, mais je peux essayer de vous faire part de mes modestes connaissances de l'espèce...
Depuis quelques années maintenant, je m'occupe du suivi d'une population que j'ai découvert dans ma région. La différence avec Graveleau, c'est que chez nous (Ile-de-France), le sonneur a disparu et ne survie qu'en quelques secteurs, celui que je suis étant le plus important.
Ce qui est important de savoir en premier lieu, c'est que chaque population de sonneurs (mais cela fonctionne aussi avec beaucoup d'autres espèces) réagit différemment et possède donc ses propres exigences en termes de physionomie d'habitat(s), de climat, de nature de sol... En ce qui me concerne, les sonneurs utilisent des ornières forestières ensoleillées (de taille et forme variables) sur substrat argileux.
Ce qui est à peu près constant chez une bonne partie des populations françaises, c'est le taux d'ensoleillement important des sites de reproduction. Dans l'idéal, le pourcentage d'ensoleillement des pièces d'eau utilisées tourne autour de 60% (pour "mes" sites). Bien qu'il m'arrive de contacter des individus dans des flaques et ornières à l'ombre en sortie d'hibernation, seuls les sites ensoleillés sont utilisés en période de reproduction!
L'autre critère important est la faible lame d'eau. En effet, le sonneur a besoin d'une eau relativement chaude permettant un développement rapide de ses œufs et têtards. Ces milieux sont d'ailleurs souvent temporaires (en fonction de la pluviométrie annuelle, et, cette année, ça va...).
L'espèce est également pionnière et colonise donc des milieux où le substrat pédologique (le sol) est à nu. Il tolère une végétation éparse sur les berges qui lui servira à enrouler sa ponte. Il est donc totalement dépendant des activités anthropiques (encore une fois, je parle pour "mes" sites) qui permettent un décapage régulier des ornières (travaux forestiers, 4 x 4, quads...). Nous avons d'ailleurs autorisé la circulation d'engins motorisés pendant la période d'hibernation juste pour lui...
C'est également un solitaire : il ne tolère aucune compétition inter-spécifique, en particulier avec les autres anoures, et surtout avec le crapaud commun... Il m'arrive de le trouver en compagnie de quelques grenouilles agiles ou rousses ou encore des tritons (essentiellement des petits tritons du genre Lissotriton) mais jamais en grande quantité. Inutile de préciser que, comme tout les amphibiens (exception faite du crapaud commun et de la grenouille rieuse), il ne peut survivre en présence de poissons qui sont d'excellents prédateurs pour les œufs, têtards et même adultes...
Voilà , je pourrais en parler pendant des heures car c'est une bestiole qui me fascine!! Encore une fois, toutes ces caractéristiques sont propres à une population bien précise et ne peuvent être pris pour généralité. Mais je pense qu'il existe quelques traits communs entre certaines populations.
Pierre